L'abolition des frontières : une idée irresponsable
12/01/2011
"Les différences nationales sont des facteurs de première importance pour les réalisations à venir de l'humanité, pour ceux qui savent distinguer de l'abominable violence étatique le fait vigoureux, beau, et pacifique de la Nation."
Gustav LANDAUER (1870-1919)
"L'Etat n'est pas la patrie. C'est l'abstraction, la fiction métaphysique, mystique, politique, juridique de la patrie. Les masses populaires de tous les pays aiment profondément leur patrie; mais c'est un amour réel, naturel. Pas une idée : un fait... Et c'est pour cela que je me sens franchement et toujours le patriote de toutes les patries opprimées."
Mikhaïl BAKOUNINE ("Circulaire à mes amis d'Italie", 1871)
"Si, en 1840, j’ai débuté par l’anarchie, conclusion de ma critique de l’idée gouvernementale, c’est que je devais finir par la fédération, base nécessaire du droit des gens européen, et, plus tard, de l’organisation de tous les Etats."
Pierre-Joseph PROUDHON, 1862
"La force motrice de l'histoire humaine est le facteur social, c'est-à-dire le facteur national. Le lien social qui assure la cohésion de chaque groupe humain, de la famille à la tribu et à la nation, est le fondement même de la dynamique de l'Histoire."
Mouammar KADHAFI (in le Livre vert, 3ème partie)
La question des frontières entre différents territoires donne aujourd'hui lieu à des débats passionnés. Bien évidemment, les frontières politiques des actuels Etats-Nations, ne tenant aucun compte des réalités historiques, linguistiques, culturelles, et régionales sont non seulement arbitraires mais complètement aberrantes. Mais allez simplement demander aux Amérindiens, aux Palestiniens, ou aux Aborigènes d'Australie ce qu'ils pensent de l'absence totale de frontières reconnues, à la lumière de leurs tragiques expériences !...
Qu'est-ce donc qu'une frontière, au juste ? Une frontière, c'est ce qui définit la territorialité, le droit pour un groupe d'individus d'être souverain chez lui, au même titre qu'un individu a droit à la souveraineté et à l'intimité dans son propre domicile. Un individu insécurisé, non souverain chez lui, ne serait assurément pas libre. Il en va bien évidemment de même pour un groupe d'individus, sur le territoire qui constitue son cadre de vie, et sur lequel il a élu domicile.
Une frontière, c'est tout simplement ce qu'implique le droit à l'autodétermination, à l'autonomie et à l'indépendance pour tous les peuples et collectivités humaines. Sans territoires définis, sans délimitations précises, les notions d'autodétermination et de souveraineté/indépendance ne signifient plus rien...
Une frontière, c'est ce qui marque la délimitation entre deux nations distinctes, c'est-à-dire entre deux groupes humains ayant chacun une identité culturelle qui lui est propre.
Par "nation", il faut entendre entité CULTURELLE, et non entité politique. La nation ne doit surtout pas être confondue avec l'Etat-Nation, qui pour sa part relève d'une essence politique, administrative, autoritaire, et donc liberticide. L'ennemi, c'est l'Etat, et son avatar abstrait l'Etat-Nation. Mais pas le sentiment national réel, concret, qui en soi ne constitue aucunement un facteur aliénant et liberticide imposé par une quelconque autorité étatique. Le fait national est tout simplement un fait naturel, reposant sur la transmission héréditaire, d'individus à individus, de liens socio-culturels, et sur l'adhésion volontaire de chacun(e).
Certaines personnes pensent apparemment que la suppression des frontières constituerait la panacée contre la xénophobie et le racisme, et qu'elle constituerait un remède à toutes les vieilles injustices, en ouvrant les portes des pays industrialisés et traditionnellement impérialistes à l'immigration en masse des populations pauvres. Outre son caractère dangereusement irresponsable, cette idée de libre circulation totale et sans entrave, si généreuse qu'elle puisse sembler de prime abord, ne tient aucun compte d'un fait pourtant évident : les problèmes sociaux, économiques, politiques, culturels et religieux des pays du Tiers-Monde ne seront nullement résolus par une fuite en masse de leurs ressortissants vers les pays "riches", bien au contraire, même !...
Pour les pays d'accueil, l'impact sur l'Ecologie comme sur l'environnement social d'un flux migratoire aussi colossal serait catastrophique. Et nul n'est besoin de mentionner le cataclysme économique et le déséquilibre ethno-démographique qu'il engendrerait. Néanmoins, quelles que soient les politiques d'immigration à venir, l'Occident devra tôt ou tard faire face aux conséquences de son exploitation permanente des nations d'Afrique, d'Asie, et d'Amérique latine. La véritable solution aux conditions misérables que subissent les peuples de ces trois continents réside, comme pour tous les autres peuples, dans une véritable révolution sociale émancipatrice, dans leur affranchissement des carcans obscurantistes et théocratiques, dans la préservation et la mise en valeur de leurs particularismes ethno-culturels les plus enrichissants.
La suppression des frontières est un thème très répandu à l'heure actuelle dans la propagande des mouvements "radicaux", que ceux-ci soient de sensibilité libertaire ou d'extrême-gauche. Pourtant, ce concept, outre sa dimension hautement utopique, implique de possibles développements racistes, impérialistes, et écologiquement dévastateurs qui ne sont que fort rarement analysés.
Les libéraux, désireux d'asseoir leur domination politico-économique sur le monde entier par la mondialisation du capitalisme, ne tendent-ils pas, eux aussi, à nier les frontières et à encourager l'uniformisation ?... Aller en ce sens, c'est objectivement faire leur jeu.
Des frontières se sont créées puis sont tombées dans le passé, d'autres tomberont ou se créeront dans le futur, et les composantes ethniques de diverses régions du globe continueront à subir des changements plus ou moins accentués : tels sont les impératifs de l'Histoire. L'internationalisme anti-étatique est bien entendu partagé par tous les libertaires, pour qui la notion de solidarité internationale n'est pas un vain mot.
Les problèmes qu'implique le maintien des frontières actuelles sont hélas particulièrement criants pour des peuples sans souveraineté reconnue comme les Basques, les Bretons, les Flamands, les Corses, les Kurdes, ou encore beaucoup de peuples africains, américains et asiatiques dont les terres ont été spoliées, escamotées par des lignes tracées sur une carte. Les gouvernements et les Etats ne doivent pas s'interposer sur le chemin de l'auto-détermination des peuples et des individus. Et il ne doit pas y avoir de frontières limitant la solidarité, l'entraide, et la coopération volontaire. Ainsi donc, le combat internationaliste doit être compris et appliqué dans le sens le plus équitable : pas de frontières limitant la SOLIDARITE, et pas de frontières imposées contre leur gré à des groupes humains sans souveraineté. En revanche, pourquoi nier le droit des peuples et des groupes humains à l'autodétermination et à la souveraineté territoriale ? Le choix individuel des "apatrides" volontaires est certes respectable. Mais il cesse de l'être à partir du moment où ils/elles entendent l'imposer de façon universelle, en refusant aux autres le droit de se constituer en entités collectives souveraines.
Par le refus de toute logique génocidaire ou assimilationniste , il convient de lutter pour le pluralisme, car la diversité ethnique, culturelle, et linguistique est le fondement même de la richesse de l'humanité. Par la solidarité de tous les peuples en lutte contre l'impérialisme de par le monde, il convient donc d'opter pour un internationalisme véritable qui, au lieu de nier et de rejeter les différences, au lieu de détruire les souverainetés et les autonomies, les reconnaît et les défend.
L'internationalisme consiste à mon sens en la solidarité internationale de tous les peuples opprimés et des exploités en lutte contre leurs oppresseurs et leurs exploiteurs, et non en une sorte de mondialisme massifiant, uniformisant et négateur de toutes les frontières.
Il ne s'agit pas ici de plaider en faveur des rivalités et de la division du genre humain, mais bien au contraire pour L'UNITE DANS LA DIVERSITE, sur des bases fédéralistes. Car l'autodétermination, l'autonomie, l'indépendance et la souveraineté sont tout simplement des questions de LIBERTE. Liberté de choix, liberté d'association.
Hans CANY
3 commentaires
Société multiculturelle, societé sans frontière, voila déja a quoi ça ressemble, est-ce de ce monde dont vous revez ?, moi pas!.
http://www.youtube.com/watch?v=V8HzZQIxQgQ&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=g2i8xytIvKY&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=PqE0wmyw3Nw
http://www.youtube.com/watch?v=mmQGj3VtNYw&feature=related
Pauvres doux reveurs, vous êtes un vrai cauchemar...redescendez sur terre !.
Stabilo.A.
Je ne peux pas comprendre qu'on puisse croire que les frontières ont à voir avec la culture ! (elles sont le fruit d'annexions violentes, de traités militaires etc. ). Les frontières ne sont là que dans un but stratégique et surtout économique.
Qui peut croire que l'absence de frontières aboutit à une uniformisation des cultures alors que dans une même ville, dans un même quartier, dans un même immeuble coexistent et coexisteront des cultures différentes !
La culture se passe très bien des barbelés !
L'abolition des frontières ne peut que servir l'humanité, tout comme l'abolition de l'esclavage.
Vos propos me mettent en colère ! Intégrons d'abord ces faits avant de raconter n'importe quoi ou de répéter les propos des autres comme des moutons. Soyez cohérent dans vos idées !
Une frontière n’est pas définie dans l’utilité du peuple, mais l’utilité d’un état politique.
Bien que tu mettes le point dessus, par exemple, le Pays Basque n’est pas comme le Pays Catalan limité à la France et c’est bien la force du séparatisme, encore faut-il que son peuple soit uni, ce qui n’est pas le cas avec la volonté politique criante de ses dirigeants capitalistes qui travestissent le solidarisme humaniste en imposant l’immigration intensive afin de déstabiliser l’intension positive du peuple par le droit Républicain du vote.
Si un état pouvait de manière autonome prendre la décision de modifier sa frontière par rapport à sa population et non à ses positions politiques ou géographiques on serait dans un état de droit populaire, je pense. Mais là, on est pas du tout dans ce cas de figure car ce n’est pas le peuple qui prends ses décisions, mais les gens au pouvoir. Et pour qu’ils puissent obtenir satisfaction, ils inondent les autochtones de l’immigration et de forces entristes comme les anti-racistes soutenues par l’état et promulgués par des actions créés visant à souiller les intentions positives du peuple. Le peuple devient sans le savoir, acteur d’une haine virtuelle visant à le diminuer face aux institutions Républicaines. A la fin, le peuple déstabilisé et l’immigration intensive font qu’il est bien plus facile aux capitalistes d’apporter la preuve qu’une frontière sert bien à délimiter un état politique plutôt qu’une population d’individus ayants les mêmes convictions, religions, sens de la vie car l’idée devient alors historique par le National Socialisme et le fait d’avoir ce type de comportement est alors considéré comme anticonstitutionnel. Le chef d’état prendra alors la décision de ne plus passer par le peuple mais par lui-même pour prendre une décision populaire comme pour un référendum. Le fédéralisme et le solidarisme ne sont pas acteurs du séparatisme si le capitalisme est géré par un groupe d’individus subversif aux peuples indigènes.
Les commentaires sont fermés.