Proudhon n'était pas con
18/01/2011
Même sans l'avoir lu, on sait généralement que Pierre-Joseph PROUDHON (1809-1865) était un philosophe, un économiste, et un théoricien du fédéralisme et du socialisme (libertaires). C'est d'ailleurs le seul penseur socialiste non marxiste dont l'oeuvre écrite égale, de par son importance et son abondance, celle de Marx.
Mais beaucoup de ceux qui le citent voire s'en réclament "omettent" volontairement, parce que ça les arrange, de rappeler cette vérité première : Proudhon était anarchiste.
Il est même le tout premier à s'être clairement défini comme tel, et à avoir employé le mot pour qualifier ses idées.
Voici juste, en guise d'illustration, deux petites citations assez savoureuses de Proudhon.
Tout d'abord son fameux dialogue fictif, par lequel il s'était présenté :
"-Vous êtes républicain ?
-Républicain, oui ; mais ce mot ne précise rien. Res publica, c’est la chose publique ; or quiconque veut la chose publique, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, peut se dire républicain. Les rois aussi sont républicains.
- Eh bien! vous êtes démocrate ?
-Non.
-Quoi! vous seriez monarchiste ?
-Dieu m’en garde.
-Vous êtes donc aristocrate ?
-Point du tout.
-Vous voulez un gouvernement mixte ?
-Encore moins.
-Qu’êtes vous donc ?
-Je suis anarchiste. »
Et à présent cet autre passage, particulièrement corrosif :
«Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Être gouverné, c'est être à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est sous prétexte d'utilité publique et au nom de l'intérêt général être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre réclamation, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !»
Monsieur Proudhon, merci du fond du coeur d'avoir su , déjà à votre époque, exprimer de façon aussi brillante que concise ce que nous maintenons et proclamons aujourd'hui !
Les commentaires sont fermés.