PROUDHON, théoricien majeur du socialisme réel
01/04/2012
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) se veut l'apôtre d'une troisième voie, celle du socialisme scientifique, qui va prendre la forme de l’« anarchie positive » ou du « fédéralisme autogestionnaire ».
Dans ses premiers travaux, Proudhon analyse la nature et les problèmes d'une économie capitaliste. Bien que profondément critique du capitalisme, il objecte aussi aux socialistes contemporains qui idolâtrent le collectivisme.
Pour Proudhon – à la suite de Locke – la seule source légitime de possession est le travail. Ce que chacun produit est sa possession et celle de nul autre. Il peut être considéré comme un socialiste libertaire puisqu'il plaida pour l’auto-gestion du travailleur et argua contre la propriété capitaliste des moyens de production. Cependant, il rejeta la propriété des produits du travail par la société. Proudhon exposait de nombreux arguments pour ne pas conférer des droits à la terre et au capital, arguments comprenant des raisons fondées sur la morale, l'économie, la politique et la liberté individuelle. Un de ses arguments était que de tels droits permettaient le profit, qui menait à son tour à l'instabilité sociale et à la guerre par la création de cycles d'endettement qui au final rendaient impossible le remboursement par le travail. Un autre argument était que cela produisait le « despotisme » et transformait les travailleurs en salariés sujets à l'autorité d'un chef.
Proudhon a une conception propre de l'exploitation : il y a exploitation en ce que le patron paie des forces de travail individuelles à ses ouvriers et recueille une force de travail collective supérieure. Ainsi, les 200 grenadiers qui ont érigé en un jour l'Obélisque sur la place de la Concorde ont accompli un travail que n'aurait pu accomplir un seul grenadier en 200 jours, mais son salaire aurait été la somme de ceux versés aux 200 grenadiers : le capitalisme ne paie pas la force immense qui résulte de l'union et de l'harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts.
En conséquence de son opposition au profit, au travail salarié, à l'exploitation des travailleurs, ainsi qu'à la propriété publique, Proudhon rejette à la fois capitalisme et communisme. Il préconise l'association et adopte le terme de mutualisme pour son genre d’anarchisme, qui implique le contrôle des moyens de production par les travailleurs. Dans sa vision, des artisans indépendants, des paysans, et des coopératives échangeraient leurs produits sur un marché. Pour Proudhon, les usines et autres larges lieux de travail seraient dirigés par des syndicats fonctionnant par démocratie directe. L'État serait aboli ; à la place la société devrait être organisée par une fédération de « communes libres ». Proudhon se fait théoricien du fédéralisme.
La théorie de Proudhon était révolutionnaire, mais sa révolution ne signifiait pas soulèvement violent ni guerre civile mais plutôt transformation de la société par l'avènement d'une classe moyenne.
Proudhon désapprouve l'action révolutionnaire. Fils d'artisans, il se méfie de la classe ouvrière dont il redoute la violence et dénonce les « charlataneries » d'organisation totale et globale de la société.
Il critiqua les socialistes autoritaires comme le socialiste étatiste Louis Blanc. Proudhon rejette vivement l'idée d'un État centralisateur défendue par le socialisme d'État.
Il flétrit de même le communisme: « le communisme est synonyme de nihilisme, d'indivision, d'immobilité, de nuit, de silence » (Système des contradictions économiques) ; le système phalanstérien « ne renferme que bêtise et ignorance ».
(Source : Wikipedia)
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