Manifeste Vert & Noir
19/01/2011
SIMPLE PROPOSITION PERSONNELLE DE PRESENTATION D' UN ECOLOGISME LIBERTAIRE ET RADICAL.
À l’heure où la plupart des formations écologistes s’affichent en membres conformistes de l’establishment politicard, et adoptent la vision du monde anthropocentrique (centrée sur l’être humain) de la “civilisation” industrielle et marchande, nous affirmons que les principes et agissements de ce type de “civilisation” sont anti-écologiques, spécistes, et liberticides.
Nous entendons développer une nouvelle vision du monde basée sur la reconnaissance de la valeur intrinsèque de chaque composant de la Nature, ainsi que de l’interdépendance et des interactions qui existent entre tous les êtres vivants, végétaux et animaux (y compris l’animal humain). Par opposition à l’écologisme “humaniste”, qui n’engendre qu’un simple “environnementalisme” politiquement correct et mollasson, nous nous affirmons en tant que défenseurs d’une conception “naturaliste” de l’Ecologie: l’ ECOLOGISME RADICAL, forme militante du courant philosophique connu sous le nom d’ ECOLOGIE PROFONDE. Et considérant en outre que le combat écologiste va de pair avec le combat pour la libération sociale des individus et des collectivités d’individus, nous n’hésitons pas à pousser notre raisonnement jusqu’à ses conclusions logiques, et nous nous posons donc comme partisans d’un idéal écologiste libertaire : l’ ANARCHISME VERT.
Nous considérons que pour défendre plus intensément notre Terre-Mère, il est important de ne pas s’en tenir exclusivement au domaine politique. La discussion doit en effet être également amenée sur le terrain philosophique ainsi que sur le plan métaphysique. Nous défendrons d’autant mieux Gaïa, la Terre-Mère, que nous ressentirons profondément les connexions existant entre elle et nous. La planète, la biosphère, et donc la Terre-Mère, sont alors envisagées comme une totalité vivante, et chaque élément, chaque être est partie intégrante de ce grand “Tout”. Que nous soyons athées, agnostiques ou panthéistes, la défense de notre Terre devient de ce fait une véritable “guerre sacrée”, et nous prônons en conséquence une redécouverte de nos véritables racines spirituelles ancestrales, en encourageant le retour à une étroite communion avec Mère Nature, sous les diverses formes que celle-ci peut revêtir.
Les anarchistes verts rejettent tout compromis réducteur, en refusant de se situer dans le cadre du Système établi et de la pseudo-”démocratie” indirecte parlementaire et bourgeoise qu’ils combattent de toutes leurs forces. Ainsi, bien que farouchement opposés aux diverses idéologies autoritaires et/ou réactionnaires, et tout en s’identifiant nettement au courant libertaire, ils ne se positionnent ni “à gauche” ni “à droite” de ce système et de cette société, mais EN-DEHORS ET EN FACE. L’Ecologie n’a pas à être prisonnière du moralisme “humanitariste” ni des dogmatismes “rouges”, “roses”, “bleus”, ou “bruns”. Elle doit simplement se parer d’un vert profond, et savoir s’affranchir du conformisme idéologique ambiant.
Les fondements idéologiques et les principaux axes de lutte des anarchistes verts reposent sur :
-Le refus de tout compromis politique ou économique dans la défense de la Terre-Mère (ECOLOGIE GLOBALE ET RADICALE)
-Le soutien aux diverses initiatives et luttes pour la défense et la préservation de l’environnement: dénonciation des pollutions, promotion des énergies renouvelables et alternatives, du recyclage, etc… (ECOLOGIE PRATIQUE )
-Un rejet absolu de la dictature marchande mondialiste et du Système capitaliste, ennemis jurés de Gaïa, et la recherche d’alternatives sociales, politiques, et économiques à ce système honni: solidarités associatives, expériences autogestionnaires, nouveaux systèmes d’échanges et de production, etc (ECOLOGIE SOCIALE, SOCIALISME LIBERTAIRE, SUBVERSION VERTE , ET ANTI-PLOUTOCRATIE)
-Le combat pour la décentralisation, les actions locales et le développement des solidarités inter-régionales (AUTONOMIES LOCALES ETFÉDÉRALISME)
-La revendication du droit à l’autodétermination pour tous les peuples, communautés et groupes affinitaires, culturels ou ethniques, ainsi que la défense de leur droit inaliénable à préserver leur intégrité, leur diversité, et leurs particularismes, dans la mesure où ces derniers ne nuisent pas à l’équilibre de la biosphère et ne relèvent pas de “traditions” barbares préjudiciables aux animaux (ECOLOGIE HUMAINE, ANTI-IMPÉRIALISME, et SOLIDARITE INTERNATIONALE)
-Le rejet de toute logique anthropocentrée et nataliste, et la reconnaissance du phénomène de surpopulation humaine de la Planète comme danger mortel pour la pérennité de l’équilibre de cette dernière (ECOLOGIE HUMAINE ET NEO-MALTHUSIANISME)
-Un positionnement intraitable d’opposition à la mentalité spéciste, et pour la défense tous azimuts de nos frères animaux (LIBÉRATION ANIMALE, ANTI-SPECISME)
-La défense des libertés individuelles fondamentales, et en premier lieu de la liberté d’expression (RÉSISTANCE À LA PENSÉE UNIQUE)
Notre projet de société, anti-autoritaire, en rupture totale avec le principe centraliste et oppressif de l’”Etat-Nation”, s’articule autour du concept libérateur des “groupes d’affinités”. Il vise à créer de petites collectivités d’individus librement associés, des petites villes, des villages et des régions autonomes regroupés en fédérations, ces dernières s’inscrivant à l’échelle de chaque continent dans le cadre de grandes CONFÉDÉRATIONS DE PEUPLES SOLIDAIRES qui en assureraient la coordination. Ces diverses composantes s’administreraient elles-mêmes à travers le principe d’une DÉMOCRATIE DIRECTE ET DÉCENTRALISÉE, celle-ci s’appuyant sur la création et le fonctionnement de collectivités autonomes, de communes vertes, de congrès populaires, et de groupements autogérés.
Totalement libres et indépendants de toute structure organisationnelle et/ou hiérarchisée, les anarchistes verts entendent simplement oeuvrer à la diffusion et au développement de tout ou partie des idéaux précités, par les moyens que chaque individu jugera appropriés à sa propre personnalité et à ses capacités.
Nous autres, anarchistes verts, nous affirmons comme résolument écologistes, libertaires, autonomistes, fédéralistes, anticapitalistes, anti-impérialistes, et totalement indépendants des conventions véhiculées par les divers lobbies institutionnels et “bien-pensants”, de “droite” comme de “gauche”, et que ceux-ci se veuillent autoritaires ou non. Nous autres, anarchistes verts, de toutes origines sociales et ethniques comme de toutes nationalités, entendons tout simplement lutter pour la défense de la VIE, du FUTUR DE LA PLANETE, de NOTRE FUTUR, et de la LIBERTE !
Hans CANY
2 commentaires
je suis d'accord avec vous sur tous les points sauf sur la stratégie. Je suis pour un monde vert et je suis bien sur antispéciste. Je ne crois pas possible de conserver la planète avec sa variété biologique si l'on n'arrête pas l'explosion démographique tout de suite.
Mais le problème démographique existe chez nous et ceci à cause d'une population dont le mode de pensée dogmatique et irrationelle ainsi que son mode de consommation vulgaire et anti-écologique a fait baisser le niveau de conscience des Occidentaux ,l'empêchant ainsi d'évoluer vers l'antispécisme et le respect de la nature.
L'immigration constitue un problème écologique plus qu'économique. En effet du point de vue économique,cette population hyper reproductrice et consommatrice est privilégiée par le système. Je suppose que le secteur de la viande a plus de respect pour ceux qui sacrifient des animaux a leur dieu que pour les 'sectes'qui pronent le végéatrisme au nom de la solidarité avec les animaux.
De l’abandon des séparatIons à l’écologIe unItaIre
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« En croyant au déterminisme (...) et à la lenteur du processus de change- ment adaptatif sélectif, nous sommes devenus aveugles à la nature du dynamisme constitutif de cette histoire ».
Humberto Maturana et Jorge Mpodozis, De l’origine des espèces par voie de la dérive naturelle, 1992.
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Notre regard sur le monde est placé dans un point de vue situé dans l’angle des relations dynamiques, entrelacées entre les êtres vivants, leur nature et la nature. Ces processus relationnels entretiennent la croissance de la vie et sont évolution. La nature des relations entre individus n’est pas déterminable, elle échappe à toute vérification objective, c’est pour cela qu’elle n’est pas contrôlable.
De notre point de vue, ce qui nous importe et nous concerne, ce n’est pas l’accumulation de pouvoirs sur les autres, ni la quantité de choses usurpées, mais bien la relation, les équilibres et déséquilibres écolo- giques entre tous les êtres vivants, dans leur propre nature, vécue librement selon toutes sortes de hasards et de rencontres.
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La compétition marchande, à tout prix et à tous les étages, engen- dre une guerre permanente qui empoisonne notre existence. On se retrouve seul contre tous avec la certitude d’être le meilleur, seul dé- tenteur de la vérité, forcé d’afficher le sourire méprisant du vainqueur et fourbe de l’arnaqueur hypocrite. Ce fonctionnement dissémine ses toxines à toutes les relations, ravage les rapports en ruinant la société elle-même. Il s’agit aujourd’hui de sauver la société des êtres hu- mains, de la destruction d’une guerre dévastatrice contre elle-même,
contre sa nature et contre la nature, au nom de la vie qui nous habite et nous réunit dans notre monde.
Aller vers l’autre pour l’attirer vers soi en obtenant sa coopération est plus efficace que de tenter de le convaincre, en voulant, par la force, le soumettre à ses propres croyances. La reconnaissance et l’utilisa- tion des différences valorisent l’échange et enrichissent les actions communes pour la satisfaction de tous. L’absence de jugement et de dogmatisme, permettant une disponibilité inventive, stimule le discernement, l’intuition et la créativité, essentiels dans les processus de changement. L’harmonie des différences qui entre en résonance et en synchronie ouvre une autre dimension aux relations dans une perspective de changement, révélant des possibilités de jeux et de dérives dans de nouveaux espaces de liberté.
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Le changement qui échappe au cycle sans fin et sans limite de la des- truction, passe par l’insurrection des populations contre les guerres que le capitalisme développe et généralise dans tous les domaines, que ce soit la politique, les religions, les marchés, le social et la nature. Combien de temps pourrons nous encore tenir, dans cette folie rava- geuse, étranger à nous-même et aux autres ?..
Il ne s’agit pas de gagner à tout prix, parce que l’on serait le plus fort, le plus barbare des prédateurs, mais bien de vivre ensemble, mieux et librement, en harmonie. Seul un rapprochement entre les hommes, en accord avec la nature, pourra éviter la destruction pro- grammée de l’humanité, substituant la coopération à la compétition, la qualité à la quantité, la gratuité à l’échange lucratif, la coordination
à la concurrence, l’humain au nombre...
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Le mode de pensée binaire, où le vrai s’oppose au faux, le bien au mal, et linéaire où la cause produit l’effet prédéterminé, est la logique marchande du spectacle dominant. Une troisième dimension liber- taire de la réalité, permet de dépasser ce conditionnement machinal. C’est la dimension de l’interaction qui construit le « nous » qui émerge dans la relation. L’apprentissage de l’action avec d’autres, inventif et libérateur, ne s’intéresse qu’à ce qui se passe dans le contexte interac- tionnel, espace de la démocratie directe, sans se perdre à prouver des
causes et des fautes, par des explications politiques prétentieuses, partisanes et autoritaires.
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Une remise en cause partielle ou une contestation parcellaire, qui n’est pas le prétexte à un changement global, participe toujours à l’exploitation générale et renforce le pouvoir de l’oppression. Pour sortir de ce piège au changement, il nous faut détourner toute ac- tion sectorielle en les replaçant dans un contexte de renversement de perspective, situé dans l’optique d’un devenir radicalement dif- férent, qui abandonne la volonté de puissance sur les autres pour la construction d’une coopération où la relation devient l’essentiel commun au cœur d’une démocratie à échelle humaine, directement vécue et partagée sans contrainte. Le développement de la gratuité et des échanges librement consentis, sont l’exemple et l’expression pressante de cette remise en cause générale à partir d’événements particuliers. Basée sur la confiance en la relation partagée, la gratuité menace directement le profit et l’exploitation. Elle répand dans la société les germes d’un nouveau monde en devenir sur des terrains très diversifiés comme les logiciels, les livres et les films numériques, les vêtements, les graines, les fruits et légumes, les réparations, les services, le partage de savoirs-faire, les énergies renouvelables, les inventions...
Les manifestations elles-mêmes, pour retrouver leur essentiel subver- sif, devront sortir de la représentation limitante d’un défilé militaire dont le seul rôle est l’affichage du nombre de ses forces militantes, repérables à ses drapeaux. La convocation à effectuer un parcours imposé a été abandonnée en mai 68, lorsque le rendez-vous informel au quartier Latin, prenait forme tous les soirs.
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Dans ce monde inversé, l’extérieur se retrouve à l’intérieur. L’utopie que l’on croyait inaccessible était bien là, tout près de nous. Gardiens de la forêt Amazonienne, poumon de la Terre, les indiens Zo’és (qui signifie “nous“), vivent depuis longtemps en harmonie avec la nature et leur propre nature. Cette communauté d’hommes libres n’a pas de chef, ni de dieu, ni d’argent. L’activité y est libre sans division du
travail ni spécialiste. La seule punition en cas de désaccord se limite à des chatouilles par un petit groupe, à l’écart dans la forêt. Aujourd’hui, l’utopie est de croire que notre société disloquée, sans devenir, va pourvoir achever son suicide à petit feu, dans la confu- sion, les guerres, les famines et la destruction de la vie.
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Dans le monde des réalistes objectifs, la nature est un objet exté- rieur et étranger, qu’il faut contrôler, dominer et exploiter. Avec le point de vue de l’écologie unitaire on inclut l’observateur dans son observation, donc l’humain dans la nature, alors on n’a plus besoin de séparations, ce monde est notre monde, la nature notre propre nature. La protection de la nature devient la protection de tous les
êtres vivants.
Pour le spectacle politique l’écologie n’est plus qu’un produit de plus
à exploiter pour en tirer le meilleur profit, qu’elle soit marchandise ou idéologie. Dans ce monde d’isolement où chaque chose a sa place, bien déterminée et bien séparée, l’écologie unitaire surgit comme l’émanation des interactions relationnelles, libre d’inventer son pro- pre équilibre. C’est son seul parti pris, car c’est le parti pris de la vie, l’essence même de son fonctionnement.
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Le système capitaliste réalise aujourd’hui la destruction écologi- que de la société des êtres humains ainsi que de leur planète, de manière insidieuse et diffuse, presque inaperçue dans la confu- sion, et aussi lentement qu’inversement s’accélère la technologie informatisée et son invasion généralisée.
Comme l’ont affirmé les médecins dans « L’appel de Paris », l’espèce humaine est menacée. La question est trop importante pour être niée d’emblée parce que ce ne serait pas scientifiquement prouvé, alors qu’aucune recherche conséquente en ces domaines n’est effec- tivement financée. Ceci permet aux pollueurs irresponsables de per- pétuer leurs entreprises dévastatrices, en ramassant sans scrupule les dividendes de leurs forfaits, tout en condamnant le futur proche.
Les dangers sont déjà là, que ce soit les changements climatiques dont on ne connaît pas encore toutes les répercutions ni l’ampleur, les OGM et le vieillissement accéléré, la disparition des espèces, no-
tamment des poissons, et des abeilles dont dépend la pollinisation et dont Einstein disait « si l’abeille disparaît, l’humanité en a pour 4 ans », les pollutions chimiques, électromagnétiques et nucléaires qui sont invisibles mais n’en menacent pas moins notre fécondité, c’est à dire la survie de l’espèce, et provoquent dramatiquement la prolifération accélérée des cancers... et j’en passe !
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L’écologie capitaliste mise en spec tacle p a r l e s m é d i a s, n’e s t qu’une apparence trompeuse qui cache une arnaque suicidaire, des plus dangereuse pour la vie sur la planète. Le programme de ce système qui ne parle que de rentabilité des marchandises, semble se limiter à une augmentation considérable du prix des
énergies, des matières premières et des denrées alimentaires. Faire payer les pauvres pour en tirer les meilleurs bénéfices, fera de l’écologie le privilège de quelques profiteurs, et l’argument publicitaire de leur image de marque.
La dictature économique et financière ne reconnaît que la fonction marchande des relations, la prédation. La société des êtres humains ne fonctionne plus. Elle donne seulement l’impression de tourner. Elle tourne en rond mais pas rond. Plus elle fait semblant que tout va bien, plus se détériorent l’organisation, la gestion, la production, les rapports sociaux et humains. L’illusion positive, elle-même, se désa- grège à l’ombre de sa mise en scène. Il ne reste plus qu’un aperçu à court terme, borné à son contexte réduit, myope et stupide.
Par la prédation et la guerre économique, l’exploitation et l’asservis- sement des populations, la dictature économique détruit systéma- tiquement la cohésion des sociétés. Elle est la négation de la nature même de la vie.
« Tout ce qui sape l’acceptation des autres, depuis la compétition, jusqu’à la possession de la vérité et d’une certitude idéologique, sape le proces- sus social parce qu’il sape le processus biologique qui l’engendre. » Humberto Maturana et Francisco J. Varela, L’Arbre de la connaissance, racines biologique de la compréhension humaine, 1992.
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Le but des actions est moins pertinente que la coordination des diversités des comportements en interaction. Dans l’action émerge
une co-dérive naturelle qui est déjà une transformation réciproque effective sans plan préconçu.
Le comportement d’un mouvement social est la contrepartie externe de la danse des relations internes des éléments qui le composent. Le système social est un système en changement structural continuel. Ces changements se produisent dans les caractéristiques des rela- tions locales, dans la circularité de la communication co-évolutive de ses éléments. De ces changements particuliers surgissent des chan- gements d’efficacité des interactions en mouvement pouvant modi- fier radicalement le fonctionnement de l’ensemble de la société.
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Le début de la fin d’un monde coïncide maintenant avec l’émergence de pratiques coopératives socialisantes et libertaires, abandonnant au passé les compétitions solitaires dévastatrices, surenchères guer- rières de l’appropriation privative.
Le capitalisme financier s’accomplit aujourd’hui en détruisant son propre monde dont il tire tous ses derniers gigantesques profits. Le sort d’une entreprise productive dépend maintenant de sa liquida- tion lucrative. Un pouvoir condamné à se dévorer lui-même n’a plus que le pouvoir de détruire.
Quittons ce monde qui nous a déjà quitté ! Nous ne nous laisserons pas entraîner dans sa chute, oubliant nos croyances fatalistes, inven- tant les incroyances d’un autre monde qui commence à se construire, sans que nous puissions l’imaginer de notre situation actuelle. Ceci nous permettra d’être incontrôlables, donc libres.
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Nos convictions, parce qu’elles nous semblent évidentes et natu- relles, sont des dogmes qui conditionnent à la fois nos perceptions et nos actes. Lorsqu’on oublie de s’agripper à ses croyances habi- tuelles, disparaissent les contraintes réductrices qui les structurent, autorisant à se rendre disponible aux nouvelles situations dans ces espaces libérés où tout devient possible. Dans le monde du spec- tacle qui se compose d’une multitude de croyances préfabriquées interchangeables, une incroyance ne peut s’inventer qu’en dehors des cadres des croyances consommées. Le désir irrépressible d’une vie autre, est déjà son commencement. En inventant un extérieur
imaginaire à partir de nos désirs, peuvent émerger des incroyances immergées dans le cours imprévisible des situations libérées de leur cadre restrictif, là où les relations reprennent toute leur ampleur. Se permettant ainsi de se réaliser librement avec d’autres, de multiples petits changements surviennent, déclenchant des courants, des ava- lanches de mouvements imprévisibles susceptibles d’entraîner, au hasard des désirs vécus, des bouleversements irréversibles.
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Tout est à prendre, pour le donner sans rien attendre. Partout et nulle part, notre monde, terrain momentané de nos expérimentations, est n’importe où et n’importe quand, imprévisible et irrécupérable, sans idéologie ni parti, libre et sans limite. Sans rien à perdre ni à défendre, abandonnant les divisions et les séparations, nous nous retrouvons unitaires, au milieu de nos réseaux de relations sans entrave, dans la diversité appréciée de nos différences qui deviennent notre force et notre énergie renouvelable et changeante. Quand on n’a ni but à at- teindre, ni positions à défendre, que l’on est imprévisible et subversif, tout devient possible car on est libre de changer selon nos désirs au cours des situations vécues.
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L’écologie est l’étude des interactions des êtres vivants entre eux, et avec leur milieu. C’est la science des conditions d’existence, et de leurs équilibres naturels. L’écosystème désigne un ensemble qui distingue et sépare les êtres vivants de leur milieu physique. L’écologisme confirme et impose cette séparation comme un pos- tulat naturel, en visant au respect et à la protection d’un environ- nement considéré comme un monde extérieur.
L’écologie unitaire, compréhension globale des relations entre tous les êtres vivants dans leur propre milieu, est un change - ment de perspective dans lequel tous les êtres vivants agissent en dépendant les uns des autres, et les hommes, en tant qu’êtres conscien ts, deviennen t co -responsables de leurs conditions d’existence sur leur planète. Les modèles d’interactions multiples et circulaires qu’elle propose pour expliquer les phénomènes, dé- pendent de la situation de l’observateur dans son évolution avec les autres, et aucun spécialiste de la séparation ni exper t de la vérité unique ne peut y occuper une position dominante.
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Le monde des vivants n’a pas besoin de gouvernance, principe autoritaire inventé par les accapareurs de richesse, qui imposent des séparations toxiques dans les relations des écosystèmes, mais plutôt de réseaux locaux et mondiaux permettant aux gens de s’organiser ensemble de façon efficace selon les désirs et les né- cessités qu’ils se sont eux-même choisis, en préservant l’équilibre et la cohésion de leur groupe temporaire dans le cours des situa- tions vécues, et des groupes entre eux.
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De grands changements sont devenus inévitables, et ceci dans peu de temps. C’est un processus de conservation de l’équilibre dans la dérive de notre vie commune, au cours de l’auto-création de notre monde en devenir. Cela viendra, et ça commence déjà car c’est vital pour la conservation de l’entité sociale, mais personne ne peut en prédire ni la forme ni le processus.
Nos expériences inventeront notre monde, unifié et diversifié en même temps, dans des jeux de synchronie, de résonance et d’har- monie, à la recherche d’équilibres écologiques dans le cours de leurs dérives naturelles.
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Tout devient possible à ceux que n’arrête pas l’invraisemblable. Vivons dans le monde que nous inventons !
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Lukas Stella, août 2008.
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Stratagème du changement, De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles, chapitre VIII.
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