Quelques réflexions au sujet du Front National
19/01/2011
Certain(e)s sont pour le moins déroutés par l'intérêt pour Marine Le Pen et pour le Front National que je ne me prive pas d'exprimer ouvertement depuis quelques mois. D'aucuns interprètent cela comme une véritable "trahison", un "reniement" flagrant, tant les valeurs incarnées par le FN semblent de prime abord totalement incompatibles avec les convictions que je défends depuis toujours, et avec les idéaux dont je me suis toujours réclamé. Ce qui, dans une certaine mesure, ne manque pas totalement de pertinence, reconnaissons-le. Quelques-uns, parmi mes adversaires les plus déclarés et les plus mal intentionnés à mon égard, ne manqueront pas de présenter la chose comme un véritable "aveu" de ma part, confirmant au grand jour ma véritable nature de crypto-"facho", voire de "néonaziiiiiii" (sic) et autres inepties toutes plus consternantes les unes que les autres... Je n'en doute pas un seul instant.
Aussi, afin de couper court à toutes les calomnies, insinuations et confusions diverses que suscite mon indulgence critique vis à vis du FN, une mise au point publique me semble absolument nécessaire.
Tout d'abord, il n'est sans doute pas inutile, pour mémoire, de rappeler que ce type de rapprochements n'a historiquement rien d'inédit.
Proudhon, en son temps, avait tenté de tirer parti des tendances socialisantes de Napoléon III. Vainement il est vrai, mais au moins avait-il jugé pertinent de tenter le coup.
Georges Sorel puis Georges Valois, issus du syndicalisme révolutionnaire et de l'anarcho-syndicalisme, ont pour leur part joué la carte de l'Action Française, qui à leur époque constituait la plus grande et la plus reconnue des forces politiques de tendance nationale.
Aujourd'hui, ce n'est plus l'AF qui tient le haut du pavé en la matière, mais le FN. Il convient donc de vivre avec son temps...tout en sachant garder un certain recul.
Aussi étrange et paradoxal que cela puisse sembler de prime abord, il a donc bel et bien existé des figures de l'anarchisme et/ou du syndicalisme révolutionnaire -et non des moindres- qui ont choisi de s'engager, temporairement ou non, dans le camp national/nationaliste.
C'est donc dans cette même optique qu'il convient d'apprécier l'intérêt que je porte au discours actuel du FN. Je suis et je reste avant tout un socialiste révolutionnaire de tendance proudhonienne: fédéraliste, libertaire, régionaliste/autonomiste, mutualiste, autogestionnaire, antimarxiste, anticapitaliste/antilibéral, partisan de l'idée de nation mais contre l'Etat-Nation, antiparlementaire et partisan de la démocratie directe, etc. Je n'en demeure donc pas moins très attaché à mes idées fondamentales.
Il n'échappera néanmoins à personne que le FN est aujourd'hui la seule formation politique de grande envergure qui dénonce radicalement les méfaits d'une immigration extra-européenne plus qu'excessive, ainsi que le péril mortel que constitue l'islamisation rampante de la société, sous les coups de boutoir de divers groupes de pression relevant de l'intégrisme musulman. Par ailleurs, le tournant radical de la ligne incarnée par Marine Le Pen sur les plans social, sociétal et économique n'est évidemment pas pour me déplaire. Même si celui-ci ne constitue pas à mes yeux une panacée, force est de reconnaître que ce mouvement est passé d'orientations droitières, économiquement ultralibérales, et réactionnaires bon teint à une ligne économiquement antilibérale, socialement plus progressiste, sociétalement plus ouverte etc.
Les points que je peux critiquer chez le FN et qui me dérangent, ce ne sont absolument pas ceux qui le distinguent des autres partis et formations politiques. Bien au contraire, ce qui me déplait chez lui, c'est tout ce qu'il peut avoir en commun avec eux. Mais compte tenu de certaines priorités, qu'il me soit au moins permis de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Je le dis tout net : selon moi, dans divers domaines, Marine Le Pen et le Front National sont les seul à oser clamer haut et fort certaines vérités, et ils ont raison de tenir un certain discours et les positions qui sont les leurs. Pour autant, ma place n'est nullement au sein d'un tel parti politique, ni d'aucun autre d'ailleurs. Les divergences sont nombreuses, réelles, importantes et rédhibitoires.
Je ne partage pas l'adhésion de la grande majorité des membres de ce parti à certaines valeurs et orientations qui me sont totalement étrangères, pour ne pas dire plus.
Par exemple -et notamment- je ne partage pas sa conception de la nation française "une et indivisible", sa foi en l'Etat-Nation tout puissant, son culte de l'armée et des symboles patriotards, ses velléités de rétablir la peine de mort, sa vision ultra-hiérarchisée de l'organisation comme du travail, son absence de critique radicale du capitalisme, et d'autres choses encore.
Je suis un adversaire acharné de l'Etat-Nation, et encore plus du jacobinisme. Mais si, compte tenu de l'urgence de la situation actuelle, et du péril de mort que fait aujourd'hui peser le mondialisme sur l'idée même de nation, l'Etat-Nation représente le seul rempart efficace, comme une sorte de "mal nécessaire", alors je peux comprendre que certains cherchent à se rattacher à ce concept. Même si, à mon sens, il s'agit simplement d'un leurre, d'une "fausse bonne idée"...
De la même manière, pour moi, le nationalisme français repose de toute façon sur du faux. C'est du vent, une chimère. Mais s'il peut ponctuellement faire office de mythe rassembleur et mobilisateur, tout comme Georges Sorel, en son temps, avait théorisé le mythe mobilisateur de la grève générale, alors pourquoi pas ? Tout est bon à prendre en la matière, lorsqu'il est question de rassembler pour s'opposer au péril mondialiste et à la disparition des notions de souveraineté et de nation.
Pour autant, à titre personnel, je ne souscris pas le moins du monde au mythe du prétendu "Hexagone". Celui-ci ne constitue en aucune manière une nation digne de ce nom, puisqu'il est en réalité composé d'au moins vingt nations très différentes (qualifiées de façon dévalorisante de "régions"), annexées sous la contrainte au prix d'une acculturation intensive et d'une confiscation de leurs prérogatives légitimes, sur fond d'impérialisme jacobinard.
Ce n'est pas demain la veille qu'on me fera chanter la Marseillaise et prêter allégeance à la serpillère tricolore, personnellement ! Mais si ce genre de pseudo-valeurs peut parler à un certain nombre de gens qui n'ont pas de convictions très développées en la matière, et si cela peut les motiver pour qu'enfin ils ouvrent les yeux et se décident à réagir, alors je peux comprendre que certains s'en servent. Du moins, je le comprends dans une certaine mesure, même si, personnellement, je n'adhèrerai pas à cette démarche.
Enfin, à mon sens, même si le FN n'a pas tort de dénoncer le péril islamiste ainsi que les incontestables excès d'une islamisation rampante de la société française et européenne, je me méfie des dérives potentielles d'une islamophobie pure et simple, sans nuances mais inavouée, dont le véritable objet n'est autre que le rejet de l'immigré arabe. Pour ce faire, on emploie plus ou moins habilement le paravent de la défense de la laïcité qui, tout légitime qu'il soit, dissimule mal les objectifs réels de la chose, puisque seule la communauté musulmane est visée, tandis que les entorses à ladite laïcité sont en revanche plutôt bien tolérées lorsqu'elles sont le fait de chrétiens ou de juifs... En toute objectivité, il y a bien là deux poids et deux mesures, et ce prétexte de la laïcité a parfois bon dos. On peut légitimement se demander dans quelle mesure les lobbies sionistes ne sont pas impliqués dans cette tendance très en vogue dans une partie des milieux dits "nationaux" et "identitaires", et dans quelle mesure ils ne sont pas depuis quelque temps en train d'instrumentaliser ces derniers afin de servir leurs propres intérêts anti-arabes... Prudence, circonspection et méfiance sont donc de mise en ce domaine, car il semble bien qu'il y ait là anguille sous roche.
Pour toutes ces raisons -et pour d'autres encore-, je ne suis pas, je ne peux pas être "frontiste".
L'immigration massive, l'islamisation de la société, le libéralisme économique, le mondialisme, le diktat de l'euro et de l'UE etc sont autant de calamités que je ne veux plus subir passivement. Comme des millions de gens, et de plus en plus, je sature. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, pour moi, c'est l'islamisation galopante et la banalisation/généralisation du Halal. Cet état de fait est absolument inacceptable, intolérable. Comment s'étonner, dans de telles conditions, d'une "montée" substantielle de l'audience du FN, comme des divers groupuscules identitaires ? Si on avait tant tenu que cela à ce que beaucoup de gens ne se précipitent pas dans les bras de la prétendue "Bête immonde" (sic), il fallait juste avoir la décence de ne pas trop tirer sur la corde. Il est tout naturel qu'ils finissent par se tourner vers les seuls, du moins en apparence, qui osent résister. Ils s'avèrent porteurs de solutions d'urgence, qui peuvent séduire des personnes de toutes sensibilités idéologiques, y compris des personnes ayant le coeur très à gauche. Il est non seulement totalement imbécile, mais aussi dangereux, de jeter l'opprobre sur tous ces gens, de les exclure sous prétexte qu'ils pactiseraient avec le "diable".
Seulement, le Front National soulève certes bien des questions pertinentes. Mais il y apporte trop souvent de mauvaises réponses, car certaines de ses propositions, fondées sur ses postulats et références de base, ne vont aucunement dans le sens d'une authentique libération, bien au contraire. Je ne suis pas davantage disposé à me soumettre à une éventuelle dictature d'un pouvoir FN qu'à la dictature actuelle de l'UMPS. Tout parti au pouvoir, quelle que soit son orientation, impose sa vision des choses à l'ensemble de la société, et donc, de facto, sa dictature. Le système des partis politiques est, par essence, dictatorial. Comme est d'essence dictatoriale la pseudo "démocratie" parlementaire indirecte, quel que soit le parti qu'elle installe sur le trône. Car qui dit parti dit partie. Et dans le cadre de ce système liberticide, tout parti élu, même "majoritaire", ne représentera jamais l'expression de la volonté populaire dans son ensemble. D'emblée, les dés sont pipés, et la souveraineté populaire confisquée. Elle le serait au moins tout autant par les hiérarques du FN que par ceux de leurs ennemis de l'UMPS. Il ne faut, à se sujet, se bercer d'aucune illusion.
Je refuse la diabolisation du Front National, la stigmatisation de ses membres, les mensonges et l'ostracisme dont ils sont la cible, et l'hystérie délirante entretenue à leur sujet par quelques surexcités plus ou moins extrémistes et endoctrinés. J'approuve même une partie de leur discours, je le dis tout net. N'en déplaise aux paranos et aux ignorants de service, non, ce parti n'est ni racialiste, ni raciste, ni "fasciste" ou "nazi". Pour autant, il a bien du mal à se tenir réellement au "ni droite ni gauche" qu'il proclame parfois, et au-dela de cet effet d'annonce, force est de constater que beaucoup trop de ses membres continuent en fait de le présenter comme un parti de "droite nationale". Chassez le naturel, et il revient au galop... Dans de telles conditions, il est bien évident que je ne pourrai jamais les rejoindre pleinement. Car leur combat, leurs valeurs, leurs objectifs, leurs idéaux, ne sont définitivement pas les miens.
Hans CANY
5 commentaires
Vous avez parfaitement raison. Il n'y a aucune raison de ne pas soutenir Marine lepen.
Elle dit les choses telles qu'elles sont . Elle repésente et défend tout ce qu'il y a de plus cher dans notre société: la raison, la liberté, l'égalitéet le respect des animaux et de la nature. Je dirais même qu'elle possède une noblesse d'esprit et de coeur qui manque à tous les autres hommes ou femmes politiques.
Nous n'avons pas d'autre rempart contre la barbarie et la bêtise de toute façon.
Vous avez parfaitement raison. Il n'y a aucune raison de ne pas soutenir Marine lepen.
Elle dit les choses telles qu'elles sont . Elle repésente et défend tout ce qu'il y a de plus cher dans notre société: la raison, la liberté, l'égalitéet le respect des animaux et de la nature. Je dirais même qu'elle possède une noblesse d'esprit et de coeur qui manque à tous les autres hommes ou femmes politiques.
Nous n'avons pas d'autre rempart contre la barbarie et la bêtise de toute façon.
Hans je crois que la question à se poser c'est pourquoi est-ce que le FN existe et qui le finance ?
Le FN comme les autres partis traditionnels est financé par des industriels et son président est milliardaire. Est-ce un fait anodin ?
Je dis que le FN n'a jamais été un parti d'opposition, il a toujours tenu ses divers rôles, d'abord un rôle d'épouvantail politique et ensuite un rôle de main d’œuvre au service du pouvoir. Casseurs de manifs d'une part et mercenaires d'autres part, pour éventuellement aller fomenter des coups d'état en Afrique. Voilà quel est le vrai rôle du FN. Un parti qui change d'idéologie tous les 10 ans, en étant alternativement ultra-libéral et anti-libéral, ça n'a pas de sens. Si le FN est élu, ça voudra dire que les industriels ayants des intérêts en France ont besoin de casser le code du travail, interdire les grèves etc.
N'oublie jamais que le pen est milliardaire.
Vinz, Faut arrêter avec les fantasmes. Le Pen n'est pas milliardaire. Il a hérité d'un milliardaire pour créer le front national. Il a subit beaucoup de procès, beaucoup de coup bas, jusqu'à devoir vendre le Paquebot. Le FN n'est pas un parti riche. Il faut remettre vos pendules à l'heure.
"ses velléités de rétablir la peine de mort"
Et voilà, je savais que j'allais également trouver chez vous, le paradoxe de la peine de mort.
Dans un communiqué plus récent, vous voulez que les responsables crèvent, ne trouvez-vous pas ça contradictoire avec l'opposition humaniste à la peine de mort ?
En revanche, merci pour la volonté de tolérance envers le Front national et ses membres.
Les commentaires sont fermés.