Pourquoi je refuse de condamner l'intervention française au Mali
17/01/2013
L'année 2013 commence sur les chapeaux de roue, avec une intervention militaire française au Mali qui, même si elle était prévisible depuis longtemps, aura surpris tout le monde de par la soudaineté de son déclenchement. Cette opération suscite un soutien quasi unanime de la classe politique française, à quelques exceptions marginales près, tels l'ineffable "has been" Valéry Giscard d'Estaing, ou encore l'ignoble crapule Mélenchon, qui s'était pourtant distingué en 2011 par son soutien zélé à la destruction de la Jamahiriya libyenne... Ce sinistre individu ne manque décidément pas de toupet. L'intervention française suscite également un large soutien au niveau international. Non seulement la grande majorité de la population malienne l'accueille avec soulagement -et on la comprend bien volontiers-, mais même des pays pourtant peu suspects de soutenir les intérêts de l'impérialisme occidental, comme entre autres la Russie et l'Algérie, n'ont pas jugé opportun de la désapprouver, bien au contraire. Même le parti politique ivoirien de Laurent Gbagbo, même les Touaregs du MNLA laïc, ont exprimé leur soutien à l'initiative française. Malgré tout cela, on entend ça et là quelques voix discordantes, pour condamner ce qui leur apparait de façon un rien simpliste comme une nouvelle manifestation de "néocolonialisme" de la part du grand méchant impérialisme français. A mon sens, cette interprétation des événements est inepte, et les personnes qui adoptent cette position, aussi sincères soient-elles, se fourvoient gravement. Elles jouent de facto, heureusement de façon inconsciente et involontaire la plupart du temps, le jeu de la propagande et des boniments fallacieux diffusés par la peste islamiste mondiale.
Disons-le d'emblée : condamner l'intervention militaire française au Mali est à peu près aussi pertinent que de condamner l'intervention des Russes en Tchétchénie. Et mieux encore, je dirais que la chose est tout aussi aberrante que ne l'avait été la condamnation partisane de l'intervention soviétique en Afghanistan1.
Rappelons que c'est en réponse aux appels à l'aide des autorités afghanes légitimes de l'époque que l'Armée Rouge était intervenue dans ce pays, alors gravement menacé par les fondamentalistes locaux (futurs Talibans). N'en déplaise à mes détracteurs, la situation au Mali est analogue, puisque ce sont les autorités légitimes de ce pays, approuvée par la grande majorité du peuple malien, qui ont appelé à l'aide la communauté internationale dans un premier temps, puis explicitement la France dans un second temps. Contrairement à ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire et en Libye en 2011, ceci n'a donc rien d'une ingérence étrangère unilatérale, ni d'une agression impérialiste contre un Etat souverain. En outre, il n'est pas inutile de rappeler que le Conseil de Sécurité de l'ONU a clairement avalisé le principe d'une intervention militaire au Mali. Celle-ci est donc légitime et légale à double titre, du point de vue du Droit international.
Ceci étant posé, je ne nie évidemment pas le caractère ambivalent de l'opération, dont les motivations ne sont sans doute pas dépourvues d'arrière-pensées ni de calculs économiques et géopolitiques. D'aucuns ne se privent pas de dénoncer le fait que Paris ne chercherait en fait qu'à préserver ses intérêts dans la région. On évoque notamment les ressources naturelles du Mali : gisements d'uranium, de pétrole, d'or, de diamants etc. Loin de moi l'intention d'ignorer de telles considérations. Mais convient-il pour autant de résumer les véritables raisons de l'intervention française à de sordides enjeux économiques de cet ordre ? Je ne le pense pas, et ceux qui seraient tentés de m'accuser de simplisme parce que j'ignorerais de telles considérations font fausse route. Je ne suis ni dupe, ni naïf. Seulement, j'estime que ceux qui réduisent la question malienne à ce type d'enjeux, à l'instar des marxistes qui prétendent tout analyser et tout expliquer à travers le seul prisme économique, se trompent lourdement.
De même, je tiens à souligner le fait que je ne suis pas le dernier -tant s'en faut- à dénoncer l'hypocrisie et la mauvaise foi de Paris, comme du monde occidental dans son ensemble. Les terroristes islamistes que la France entend combattre au Mali sont exactement de la même eau que ceux qu'elle a jugé opportun d'appuyer en Libye, de la même eau que ceux qu'elle continue de soutenir, de financer, d'entraîner et d'armer en Syrie. La grande hypocrisie -l'arnaque intellectuelle pourrait-on même dire- des USA et de leurs vassaux de l'UE, au premier rang desquels la France, se situe précisément là. En fonction des enjeux, de leurs intérêts politico-financiers et géostratégiques. Les islamistes sont ainsi présentés comme des "gentils" lorsque ceux-ci sévissent en Libye, en Syrie, en Egypte. En revanche, ceux-ci deviennent comme par magie des "méchants" lorsqu'ils sévissent en Afghanistan, en Irak et au Mali ! Admirons la logique imparable du postulat... En la matière, un minimum de cohérence et d'intégrité ne serait pas un luxe superflu, c'est le moins que l'on puisse dire.
Néanmoins, reconnaissons-le, il est parfaitement exact de rappeler que la tragédie malienne n'est jamais qu'une conséquence directe de l'agression impérialiste menée en 2011 contre la Libye, et ayant entraîné la destruction de la Jamahiriya. Cette destruction barbare a déstabilisé le Mali, comme la région toute entière. Les groupes terroristes islamistes "maliens", en réalité composés d'une forte proportion d'éléments étrangers, sont lourdement armés, nous dit-on. Mais à qui la faute ? Qui les a donc pourvus si généreusement ? La quasi-totalité des armes lourdes dont ils disposent est en partie issue de ce que la France a livré aux prétendus "rebelles" libyens en 2011, et d'autre part issue du pillage des stocks des forces armées libyennes. C'est donc bel et bien la France qui a ainsi donné naissance au monstre islamiste malien, et qui lui a permis de devenir la menace qu'il constitue aujourd'hui. A ce titre, il n'est donc pas du tout excessif de qualifier Paris de pompier-pyromane. On allume le brasier, puis on se pose comme le sauveur providentiel chargé de maîtriser l'incendie. C'est fichtrement gonflé !
Mais est-ce pour autant qu'il ne faut rien faire pour tenter de remédier aux conséquences des crimes de l'ère Sarkozy ? Ne fallait-il donc rien faire pour corriger les erreurs du passé ? Si la France n'avait pas pris l'initiative d'intervenir rapidement au Mali, ce n'est pas seulement le Nord mais bien tout le pays qui serait déjà tombé sous la coupe d'un régime de terreur obscurantiste pratiquant allègrement les amputations punitives, la flagellation des fumeurs comme des buveurs, l'imposition du voile aux femmes, la lapidation, la destruction de monuments historiques, la torture, les exactions diverses, les exécutions sommaires, l'aliénation culturelle et autres réjouissances du même ordre. Fallait-il donc laisser ces horreurs se perpétuer indéfiniment, et abandonner le peuple malien à son funeste sort ?
Même en faisant abstraction des implications pour les Maliens et les Maliennes d'un régime criminel comparable, en termes de tyrannie, à celui des Khmers Rouges au Cambodge ou des Talibans en Afghanistan, il est bien évident que la France ne pouvait décemment pas laisser se développer une sorte de "Malistan" aux portes de l'Europe. De même, l'Algérie ne s'y est pas trompée, en autorisant le survol sans limites de son territoire par l'aviation française, et en fermant sa frontière avec le Mali voisin. Ceux qui ne comprennent pas, qui s'offusquent de l'attitude et de la position algérienne, manquent de la plus élémentaire des lucidités. Comment diable l'Algérie, qui a tant souffert du terrorisme islamiste dans les années 90, pourrait-elle rester stoïque à l'idée qu'une plaque tournante du terrorisme islamiste international se développe à ses portes ?? Là encore, la logique impose de saluer le bon sens pragmatique des autorités algériennes.
Ce qui n'est pas le moindre des paradoxes, c'est aussi de constater qu'aujourd'hui, une partie de celles et de ceux qui ont soutenu Mouammar Kadhafi et la Jamahiriya libyenne croient apparemment pertinent de condamner l'intervention de l'armée française au Mali, et d'appeler à une cessation immédiate de l'opération. Que fallait-il donc ? Ne rien faire ? Laisser le nord-Mali phagocyter le sud, et imposer sa Charia criminelle à l'ensemble du pays ? Laisser se développer gentiment une base de l'islamisme le plus rétrograde et du terrorisme le plus dangereux se développer à l'échelle d'un Etat africain tout entier ? Oublie-t-on que les islamistes du Mali sont les ennemis mortels de Kadhafi et de l'idée jamahiriyenne, au même titre que les rats libyens ? En vérité, c'est juste au nom d'un certain dogme "anticolonialiste", du rejet épidermique de ce qui leur apparait -à tort- comme une inadmissible ingérence impérialiste, que certains pro-Kadhafi croient judicieux d'adopter à présent ce genre de position, ajoutant ainsi de l'eau au moulin des islamistes qui dénoncent à grands cris la prétendue "agression". A mon sens, c'est une grossière erreur. Si la Jamahiriya libyenne était toujours en place, et si la sécession islamiste du Mali s'était produite indépendamment de la destruction de la Libye verte, il y a fort à parier que cette dernière, comme l'Algérie aujourd'hui, aurait approuvé l'intervention française !
Bien sûr, il eut été préférable que la France opte plutôt pour une aide matérielle, logistique et financière massive à l'armée malienne, et qu'une coalition de forces armées africaines se charge de libérer le nord-Mali du joug islamiste. Mais la faiblesse évidente de cette armée malienne, son sous-équipement, son entraînement désuet, auraient-il permis d'agir à temps ? Rien n'est moins sûr... De toute façon, devant le fait accompli, il ne reste à présent pas d'autre option que de souhaiter le succès de l'intervention française, bientôt appuyée par diverses forces africaines. Ce qui est infiniment regrettable, c'est que la France reste pour l'instant seule ou presque. Les pays européens et occidentaux, pourtant si prompts à se coaliser lorsqu'il s'est agi d'agresser la Libye, se font aujourd'hui tirer l'oreille lorsqu'il s'agit de prendre part à une opération pourtant infiniment plus légitime. Une attitude honteuse. L'UE donne vraiment la nausée.
En ce qui me concerne, quoi qu'il en soit, ma position personnelle est claire, nette, mûrement réfléchie, et cela même si j'ai bien conscience du fait qu'elle ne fera pas l'unanimité. Que l'on ne compte surtout pas sur moi pour condamner l'intervention française au Mali. Celle-ci m'apparait non seulement justifiée, légitime, mais aussi et surtout nécessaire. Je dirai même plus : absolument indispensable. Son déclenchement est même à mon sens beaucoup trop tardif. Il aurait dû survenir dès 2012, la tâche à accomplir ayant sans doute été moins ardue. Ceux qui s'obstinent à n'y voir qu' "impérialisme", "ingérence" voire "néocolonialisme" misent cette fois sur le mauvais cheval. J'ose espérer que l'avenir me donnera pleinement raison. Quoi qu'il en soit, j'estime d'ores et déjà être dans le juste et le vrai, de par mon refus catégorique de me faire le relai de la propagande fallacieuse "anti-guerre" instiguée par les islamistes. Que cela plaise ou non, je ne serai pas leur idiot utile.
Hans CANY
NOTE :
1 : Pour rappel, lire
http://etoilenoire.hautetfort.com/archive/2011/01/18/afghanistan-1979-1989-non-je-ne-regrette-rien.html
("Afghanistan 1979-1989 : non, je ne regrette RIEN !")
2 commentaires
Merci L'étoile noire et verte pour cette article très pertinent.
Je suis entièrement d'accord sur votre point de vue en ce qui concerne de l'intervention française au Mali!
Bonne continuation pour votre blog!
Amicalement
Kai
Merci L'étoile noire et verte pour cette article très pertinent.
Je suis entièrement d'accord sur votre point de vue en ce qui concerne de l'intervention française au Mali!
Bonne continuation pour votre blog!
Amicalement
Kai
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