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18/04/2016

Premier mai : célébration de la lutte des TRAVAILLEURS (et non "fête du travail")

 

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Malheureusement, peu de gens s'en souviennent : le premier Mai, en tant que jour férié et célébration revendicatrice dans le monde du travail, tire son origine de la commémoration du 1er Mai 1886, lorsqu'à Chicago (USA), la police ouvrit le feu sur les ouvriers grévistes. L'émeute qui s'ensuivit aboutit peu après à la condamnation à mort de huit  grévistes, dont quatre -tous anarchistes- furent effectivement pendus. Ces quatre socialistes libertaires avaient pour noms Spiess, Fischer, Parsons et Engel. Bien qu'abondamment récupérée par les marxistes et autres socio-démocrates, ce ne sont donc pas des martyrs issus de leurs rangs, qui sont à l'origine de cette date emblématique.

Beaucoup plus tard en France, en 1941, le maréchal Pétain fit de la date du 1er Mai une fête officielle doublée d'un jour férié, mais en opérant un subtil glissement sémantique conforme aux valeurs de l'idéologie qu'il entendait promouvoir : de Fête des travailleurs, le 1er Mai devint ainsi..."Fête du travail". La nuance est de taille, même si elle a échappé et échappe toujours au plus grand nombre...

Aujourd'hui encore, nombreux sont les gens qui, relayant une altération sémantique parfaitement révélatrice de l'idéologie dominante, entretenue par les politiciens comme par les médias, continuent de parler en toute bonne foi de "fête du travail". Alors que cette appellation ne reflète en réalité qu'un détournement de son sens originel, le but recherché étant, bien évidemment, de lui ôter tout caractère véritablement revendicatif, et donc potentiellement subversif. Avril 2012 aura même vu une nouvelle tentative de récupération réactionnaire par la voix du machiavélique et démagogique Sarkozy, qui n'aura pas hésité à parler de prétendue fête du "vrai travail", opération de propagande électorale placée sous l'égide de son parti, l'UMP. Un soi-disant "vrai travail" que le sinistre sire entend sans doute opposer à un hypothétique  "faux travail", dans le but évident de diviser les travailleurs en les opposant les uns aux autres... Aux travailleurs, aux travailleuses de contrer aujourd'hui ce type de grossiers subterfuges. A eux, à elles de ne pas être dupes des exploiteurs capitalistes ni de leurs manoeuvres fallacieuses, et de permettre au 1er Mai de retrouver ses lettres de noblesse.  A commencer par sa véritable nature, sa nature originelle : celle d'une fête des TRAVAILLEURS, et non d'une vague fête "du travail", socialement neutralisée.

Le premier mai est donc historiquement un jour emblématique, symbolisant la lutte pour l'émancipation sociale. Si jadis celle-ci a pu prendre la forme d'un juste combat pour que le strict minimum soit au moins accordé aux salariés, il convient de nos jours de la faire accéder à un niveau supérieur. Il ne s'agit plus, à présent, de réclamer des salaires "plus justes" ou des conditions de travail décentes, lesquels ne sont jamais que le strict minimum, la moindre des choses pour celles et ceux qui y sont assujettis. Le nouvel enjeu de notre époque est d'exiger avec force et détermination une réduction significative du temps de travail, et, à terme, l'abolition pure et simple de l'esclavage salarié.


Hans CANY

 

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13:44 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hans cany, national-anarchisme, anarchisme, socialisme vert |  Facebook | | | |

06/04/2016

CONTRE TOUS LES RACISMES [par Alain de Benoist]

Entretien originellement paru dans la revue Eléments, et republié sur le site du G.R.E.C.E.
[Source : http://grece-fr.com/?p=3385]

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Éléments :
La question raciale semble à l’ordre du jour. Quelques publications seulement l’abordent directement. Pourquoi ?

Alain de Benoist :
Parce qu’il est beaucoup plus facile d’éviter un sujet que l’on trouve gênant plutôt que de le traiter de plein front. C’est une variante de la politique de l’autruche. D’autre part, le mot « race » fait peur, en raison de sa charge affective. Alors, on ne l’emploie plus. Même le mot « ethnie » commence à inquiéter : certains régionalistes, par exemple, parlent de « nationalités populaires ». Récemment, il est paru chez Privat un dictionnaire des Cinquante mots-clés de l’anthropologie. C’est en vain qu’on y chercherait le mot « race ». De leur côté, nombreux sont les savants qui préfèrent parler de « populations ». Mais la définition qu’ils donnent des « populations » (ensemble d’individus caractérisés par des variations différentielles de fréquence au niveau de la distribution et de l’expression des gènes) correspond exactement à celle que tout le monde admettait pour les races il y a encore quelques années. Nous sommes donc en présence d’un exemple de maladie de notre époque : la sémantophobie. En supprimant le mot, on croit supprimer la chose. Mais les mots ne sont pas les choses, et les réalités demeurent. Une telle attitude est très révélatrice. Quand on parle de quelque chose d’une façon ampoulée, c’est qu’on éprouve une certaine gêne : il n’y a guère que les antisémites qui parlent d’« Israélites » pour désigner les Juifs. Un psychologue interprète sans mal cette attitude d’« évitement ». Elle est à la base du tabou : y penser toujours, n’en parler jamais. À son retour de Pékin, M. Alain Peyrefitte a écrit : « Il est difficile de ne pas croire aux réalités ethniques quand on voit vivre les Chinois et qu’on étudie leur passé ». À une époque où les « populations » s’affrontent au Proche-Orient, au Congo, au Biafra, au Pakistan, au Brésil, aux États-Unis, où les ethnies opprimées se soulèvent, où les régions revendiquent leur autonomie, où les Églises s’« indigénisent », il me paraît difficile de soutenir que les races et les ethnies n’existent pas1. D’ailleurs, la loi, qui punit la discrimination envers les personnes en raison « de leur appartenance ou de leur non appartenance à une race déterminée », reconnait par le fait même que la race n’est pas une vue de l’esprit.

Éléments :
Dans ces conditions, comment situer le discours ?

Alain de Benoist :
À l’heure actuelle, deux catégories de personnes s’expriment sur la question. D’une part, les milieux dits « antiracistes », qui glosent à l’infini sur la « personne humaine », le respect de l’être et la charité universelle, mais qui ne fournissent aucun moyen concret de mettre un terme aux affrontements raciaux (sinon le recours à une « fraternité » qui, n’existant même pas à l’échelon de la communauté nationale, a fort peu de chances de se réaliser au niveau de la planète tout entière). D’autre part, les milieux xénophobes (« je ne suis pas raciste, mais… »), pour lesquels toute occasion est bonne de dénoncer l’autre comme bouc émissaire. Je pense néanmoins qu’il faut sortir de ce dilemme : bassesse ou mièvrerie. S’il y a un problème, il faut l’aborder en face, en constatant l’existence d’ensembles ethniques différents, qui ont tous en commun le droit d’être eux-mêmes.

Éléments :
Il n’y a donc pas de races supérieures ?

Alain de Benoist :
Non. Plus exactement, toutes les races sont supérieures. Toutes ont leur génie propre. Je m’explique. Une race humaine n’est pas seulement une unité zoologique. C’est aussi un devenir, c’est-à-dire un passé, une culture, une histoire, un destin. Il est évident qu’un individu qui naît au sein d’une culture, quelle qu’elle soit, est avantagé pour la comprendre et pour s’y intégrer, par rapport à quelqu’un qui ne la perçoit que de l’extérieur. Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de sympathie et d’admiration pour les civilisations de la Chine et du Japon. Les contacts que j’ai eus avec les Noirs aux États-Unis, les Arabes au Proche-Orient, ont été passionnants. Mais l’intérêt que je porte à ces cultures, si vif qu’il puisse être, ne me permettra jamais de les apprécier de l’intérieur. C’est pourtant cela qui me permettrait de vraiment les comprendre. Il faut donc nous résigner à admettre l’existence d’un seuil dans la compréhension « interculturelle ». En ce sens, globalement parlant, toute appartenance raciale est un avantage par rapport aux valeurs propres à la race à laquelle on appartient : ici, le sociologue et l’anthropologue se donnent la main. On peut donc dire que chaque race est supérieure aux autres dans la mise en œuvre des réalisations qui lui sont propres. Parler de la « race supérieure » dans l’absolu, comme si l’on classait des entités scolastiques, n’a strictement aucun sens. Et c’est précisément lorsqu’on fait d’une appartenance un absolu que le racisme commence…

Éléments :
Vous condamnez donc le racisme ?

Alain de Benoist :
Je condamne, sans aucune exception, tous les racismes. Y compris, bien sûr, ceux qui se cachent sous le masque d’un « antiracisme » de convenance.

Éléments :
Qu’entendez-vous par là ?

Alain de Benoist :
Dans son bel ouvrage sur Les nuisances idéologiques (Calmann-Lévy, 1971), M. Raymond Ruyer écrit : « Un racisme intelligent, qui a le sens de la diversité des ethnies, est moins nocif qu’un antiracisme intempérant, niveleur et assimilateur ». Il ajoute : « Les idéologies antiracistes et égalitaristes ont la responsabilité de génocides et d’assassinats ethniques comme les idéologies racistes elles-mêmes ». Cela peut surprendre, et pourtant… Nietzche disait déjà que, dans l’histoire, c’est en voulant ou en croyant bien faire qu’on a fait le plus de mal à l’humanité.

Éléments :
Cela paraît paradoxal…

Alain de Benoist :
Les faits sont là. Au nom de l’égalité des âmes devant Dieu, les missionnaires ont voulu imposer aux peuples « colonisés » des conceptions religieuses qui leur étaient étrangères. Ils ont voulu imposer leur morale, leurs mœurs, leur style de vie. Il en est résulté, chez les peuples en question, une véritable déculturation. C’est à juste titre que celle-ci nous a été reprochée. Il est vrai que les prêtres avaient commencé la besogne chez nous. Après tout, le christianisme est né au Proche-Orient et pour le rendre crédible aux Européens, il a fallu, là aussi, extirper de vieilles croyances et briser d’anciennes structures. Aujourd’hui, l’Église vire de bord. Elle veut se désoccidentaliser : cela a été réclamé à cor et à cri au dernier synode. Mais c’est pour passer d’un excès à l’autre. Après avoir mis les « sauvages » à l’école du papisme, les évêques voudraient maintenant que l’Europe se mette à la remorque des communautés d’Afrique et d’Amérique latine. Cela n’est pas sérieux.

L’ethnocide
Ce que les missionnaires ont fait sur le plan de la religion, les idéologies nées des « Lumières » du XVIIIe l’ont entrepris au nom d’un égalitarisme laïcisé. Ce sont nos bons instituteurs de la IIIe République qui ont assassiné les cultures ethniques et les langues régionales en Europe. Les démocraties ont détruit les particularismes que les monarchies avaient laissé malgré tout subsister, et qui faisaient des régions des ensembles personnalisés et vivants. La création de frontières artificielles, motivées par des considérations administratives abstraites ou des impératifs purement marchands, a abouti à l’étouffement progressif des vieilles provinces. Aujourd’hui, le communisme soviétique prétend, lui aussi imposer dans tous les pays son modèle de « passage au socialisme », son schéma de la lutte des classes (même là où les classes n’existent pas) et de la dictature du prolétariat. La Chine, heureusement, a mis cette prétention en échec. Animé, parfois, des meilleures intentions, un certain « intégrationnisme » peut également provoquer la disparition de certaines populations menacées. L’exemple des Indiens d’Amérique du Sud est connu. Prenons-en un autre : celui des Noirs américains. Ils ne représentent que 12 % de la population des États-Unis. Leur « intégration » signifie, en termes clairs, leur assimilation, c’est-à-dire leur disparition dans le melting-pot américain, en sorte qu’ils n’auraient échappé à l’esclavage et à la ségrégation que pour perdre, « en douceur », leur personnalité. Les partisans du Black Power s’en sont aperçus. C’est pourquoi ils refusent, de plus en plus nombreux, les mirages de l’intégration pour se ré-enraciner dans la culture noire, dans l’histoire africaine dans ce passé africain où ils se reconnaissent et qui leur appartient en propre. Dans ses effets, sinon dans ses intentions, un certain antiracisme rejoint donc le plus affreux des racismes, puisqu’il aboutit à l’ethnocide, c’est-à-dire à la disparition des ethnies en tant qu’ethnies. Gardons-nous de tomber, ici encore, dans le réductionnisme. Une ethnie n’est pas une simple somme d’individus. Elle a, en tant qu’ensemble, un certain nombre de propriétés. Elle définit une âme populaire (Volksseele), dont on constate les manifestations dans les relations qu’en son sein, les hommes entretiennent entre eux et avec l’univers. M. Robert Jaulin, auteur de multiples travaux sur l’ethnocide, a raison lorsqu’il déclare : « L’idée d’une civilisation donnant un visage commun à tous les hommes, n’a pas de sens ou plutôt elle n’a qu’une signification négative. Elle n’est que le mouvement de destruction, pas à pas, de toute civilisation, donc, à terme, de l’univers des hommes » (Le Quotidien de Paris).

Éléments :
Il pourrait donc y avoir, en quelque sorte, un « antiracisme intelligent » ?

Alain de Benoist :
Disons, un antiracisme non idéologique, qui ne devrait rien à l’universalisme ou à l’égalitarisme, qui consisterait à prendre en compte les différences relatives existant entre les individus et les groupes d’individus, et qui chercherait, non à supprimer ces différences, mais à les faire coexister dans un ensemble harmonieux et satisfaisant pour chacun.

Éléments :
Ce qui implique de lutter contre le racisme…

Alain de Benoist :
À mon sens, la critique du racisme peut et doit s’opérer à un double niveau. Tout d’abord au niveau des idéologies de type « biologiste ». Par réaction contre l’idéologie dominante, qui tend à gommer inconsidérément tout ce qui regarde l’hérédité, l’appartenance raciale, les facteurs innés de la personnalité, etc., on risque d’en arriver très vite à une conception dans laquelle, au contraire, l’individu serait totalement déterminé par son hérédité, où le milieu ne jouerait aucun rôle. L’homme serait alors « agi », exactement comme l’animal est « agi » par son appartenance à l’espèce, au point qu’il est non seulement programmé dans ses instincts, mais que ses instincts sont programmés dans leur objet (si bien que l’animal n’a plus de possibilité de choix). Cette doctrine est donc réductionniste : l’homme est réduit à sa dimension biologique. Paradoxalement, on rejoint là l’une des pires thèses du structuralisme philosophique, qui pose l’ego comme illusion pure et proclame la « mort de l’homme », c’est-à-dire du sujet. S’il en était ainsi, l’« histoire » des communautés humaines ne diffèrerait pas fondamentalement de celle des communautés animales. À la limite, elle deviendrait prévisible. Or, elle ne l’est pas, malgré tous les efforts de la « futurologie », précisément parce qu’elle comporte des impondérables qui tiennent, entre autres, aux choix que l’homme fait à tout moment. C’est ce que montre l’école dite de l’« anthropologie philosophique » (Gehlen, Plessner, Portmann, etc.). Certes, tout biologisme ne mène pas au racisme. Mais tout racisme implique un biologisme. Il s’agit donc de bien évaluer l’importance de la part constitutionnelle, innée, de la personnalité, étant donné que celle-ci comprend l’appartenance ethnique. La « dimension » biologique de la personnalité humaine est d’une importance considérable. Toutes les découvertes récentes concordent à le démontrer. C’est la raison pour laquelle, et, encore une fois, pour réagir contre l’idéologie dominante (donc pour rétablir l’équilibre), il m’apparaît nécessaire de le souligner avec force. Mais cette « dimension » n’est qu’une partie du tout, elle n’est pas le tout. L’homme est un animal, et la biologie définit tout ce qu’il y a d’animal en lui. Mais l’homme n’est pas qu’un animal. Il possède une « dimension » propre, spécifiquement humaine qui se superpose à sa « dimension » biologique, laquelle n’en constitue que l’infrastructure. Cette « dimension » se caractérise notamment par la conscience historique et par la culture, qui en est le produit. L’homme est le seul animal qui mette le temps en perspective, le seul non seulement à avoir une histoire, mais à être une histoire. Être de nature en tant qu’animal, il est, en tant qu’homme, un être de culture. La nature détermine le cadre dans lequel la culture peut s’exprimer, mais elle n’en détermine pas la forme. En outre, la constitution naturelle est univoque, tandis que les formes d’expression culturelle sont malléables à l’infini à l’intérieur d’un champ donné.

Race et culture
C’est la raison pour laquelle une même « nature » peut se mettre au service du meilleur comme du pire. C’est également la raison pour laquelle l’éducation, le « dressage » joue un rôle aussi important : elle crée des habitudes et des circuits, elle introduit dans le cerveau des schémas plus ou moins irréversibles. Si tout était déterminé par les gènes, l’éducation ne servirait à rien.

Éléments :
Mais quelle est la relation entre race et culture ?

Alain de Benoist :
C’est une relation de potentialité. Je suis tout à fait de l’avis de M. François Jacob, professeur au Collège de France, qui déclarait fin 1973 à un hebdomadaire parisien : « L’hérédité ne détermine pas la culture, contrairement à ce qu’ont prétendu les racistes. L’hérédité détermine la capacité à adopter une culture ».

Éléments :
Vous parliez d’un second niveau de la critique…

Alain de Benoist :
Oui, c’est un niveau beaucoup plus simple. Je veux parler de la xénophobie. Elle est très développée dans notre pays, où elle s’exerce d’ailleurs aussi bien à l’encontre d’un Noir ou d’un Arabe que d’un Anglais, d’un Allemand, d’un parisien quand on est provincial ou d’un provincial quand on est parisien. N’oublions pas que M. Chauvin était français. On retrouve là un sentiment réflexe très ancien, qui a pu être d’une certaine utilité dans les temps préhistoriques. Lorsque de très grands dangers menacent l’individu, la méfiance a priori, voire l’hostilité de principe peuvent se révéler salutaires et contribuer à la survie. Le même sentiment a inspiré la sagesse des nations : « Ce que le paysan ne connaît pas, il ne le mange pas », dit un proverbe frison. Cependant, dans la xénophobie « moderne », nous avons affaire à tout autre chose. Essentiellement, à un refus d’admettre l’autre comme différent de soi, à un refus de la différence prise comme un « défi » qu’il nous faut accepter comme stimulant. Ce refus peut s’exprimer dans une foule de domaines. La forme économique de la xénophobie s’appelle la lutte des classes. Pour désigner sa forme « raciale », je suggère le terme d’altéroraciophobie. À cet égard, le racisme antiarabe et le racisme antiallemand sont exactement de même nature : on aurait tort d’y voir des réminiscences du siège de Paris (1870) ou de la bataille de Poitiers (732). Curieusement, cette altéroraciophobie rejoint certain « antiracisme raciophobique » : dans les deux cas, il y a refus de la différence ou volonté de la voir disparaître. Personnellement, la xénophobie m’est odieuse. Il suffit de voir la façon dont un étranger se fait « recevoir » quand il demande son chemin dans la rue, ou lorsqu’il tente d’expliquer dans un magasin ce qu’il désire, pour réaliser à quel point la société française est une société fermée. Il faut lutter contre la xénophobie, génératrice de préjugés, de discriminations, de haines, et qui déshonore tous ceux qu’elle atteint.

Éléments :
La xénophobie ne traduit-elle pas cependant, maladroitement peut-être, un désir de rester soi-même ?

Alain de Benoist :
Cela peut arriver. Mais, en règle générale, le xénophobe n’est jamais « pour », il est toujours « contre ». Il s’en prend à ceux qui ne lui ressemblent pas pour la seule raison qu’ils ne lui ressemblent pas. Sur le plan politique, cela se traduit par l’ultimatisme. À la base de la xénophobie, il y a une notion de fermeture. Au contraire, à la base de ce qu’on pourrait appeler la raciophilie il y a une acceptation et même un goût de la différence, donc une notion d’ouverture.

Des préférences
Il est rare qu’un xénophobe ait la moindre idée des raisons positives pour lesquelles il pourrait être fier de ses origines. Or, cette fierté est chose légitime. Il est même normal qu’elle s’exprime sous la forme d’une préférence. Un fils préfère son père à tous les autres pères. Pourquoi ? Parce que c’est son père, et voilà tout. Cela ne s’explique pas. Mais ce fils ne déteste personne pour autant. Somme toute, c’était le principe qui prévalait à l’époque où l’on ne jugeait pas des hommes et des choses de façon désincarnée : Right or wrong, my country ! De même, je crois qu’il est bon et nécessaire pour chaque homme d’être fier de ses ancêtres, fier de son pays, fier des accomplissements de sa race. Je crois même qu’il est normal pour tout homme de préférer la culture à laquelle il appartient, pour la seule raison que c’est sa culture et qu’il en est l’héritier. Mais je crois aussi que nous pouvons tous nous consacrer à la défense et à l’illustration de la culture dont nous sommes les dépositaires sans pour cela en vouer aucune autre à la détestation.

Éléments :
Dans la pratique, est-ce qu’il ne sera pas très difficile de concilier l’exaltation de soi avec le respect des autres ?

Alain de Benoist :
Je citerai l’exemple du peuple juif. Mme Annie Kriegel disait de lui qu’il est un « peuple-prêtre » (Tribune juive, 18 octobre 1974). Est-ce vrai ? Il étonne en tout cas à bien des égards. Il est attentif à toutes les nouveautés, à toutes les révolutions, et, en même temps, il est conscient à l’extrême de son plus lointain passé. Nul peuple n’est, autant que lui, ouvert à l’universel. Nul, pourtant, n’est plus soucieux de préserver sa spécificité, sa culture, son identité. À lui seul, il administre la preuve que des sentiments apparemment contradictoires peuvent être réconciliés et dépassés. Il nous montre, par la même occasion, que cultiver un moi collectif est peut-être le meilleur moyen de contribuer à l’universel.

Éléments :
D’une telle attitude, est-ce qu’il résulte une nouvelle approche dans l’évaluation et le jugement des hommes ?

Alain de Benoist :
Il est tout aussi déraisonnable d’affirmer que l’appartenance ethnique ne compte pour rien dans la personnalité que de s’imaginer qu’elle explique tout. Dans la mesure où nous sommes appelés à porter des jugements, je pense qu’il est inévitable de constater l’appartenance des personnes aux ensembles dans lesquels ils s’intègrent et qui contribuent, de ce fait, à les situer. Mais je ne vois pas en quoi cela empêche d’apprécier leurs qualités ou leurs défauts personnels. On aurait d’ailleurs bien tort de croire qu’une approche inégalitaire du fait humain conduit automatiquement à des jugements dogmatiques. C’est précisément parce que nous savons, pour reprendre les termes employés par le professeur Jean Bernard au colloque « Biologie et devenir de l’homme », que « chaque homme est différent des autres hommes », qu’il est unique, irremplaçable, qu’il n’est l’« égal » de personne, que nous sommes tenus de l’apprécier dans toute la complexité de son individualité. Ce sont au contraire les courants de pensée égalitaires, universalistes, qui jugent les individus en fonction de leurs seules appartenances. Exemple : pour les idéologues marxistes, l’appartenance à une classe donnée induit un jugement de valeur a priori.

Éléments :
On pourrait, sur de telles bases, parvenir à une coexistence harmonieuse des cultures et des races ?

Alain de Benoist :
Ne tombons pas dans l’angélisme. Il y aura toujours des conflits. Ils font partie de la vie. Ils sont la vie. Mais les coexistences ont effectivement d’urgentes nécessités. Rien ne me paraît plus désastreux que de juger du problème racial dans l’abstrait. C’est ce que font presque toujours les racistes. La race leur apparaît comme une sorte d’entité idéale, et c’est en fonction de cette entité idéale, inactuelle, qu’ils déterminent leurs positions. C’est là tomber, au mieux, dans l’intellectualisme. Nulle théorie ne peut être séparée d’une praxis. À la base de toute praxis, il y a une réalité donnée à un moment donné. De même, la politique : art du possible. Or, il est à peu près certain, par exemple, que les destins de ces trois ensembles « blancs » que sont l’Europe, les États-Unis et le bloc soviétique, ne sont, à terme, en rien convergents. On peut le déplorer, mais c’est ainsi : un fait de géopolitique. À supposer que l’Europe veuille voir se briser la bipolarité née de Yalta qui l’empêche de trouver son unité, ce n’est pas vers les deux superpuissances qu’elle devra se tourner dans les années qui viennent mais bien vers la nation arabe et le peuple chinois, seules forces montantes susceptibles de restituer au jeu mondial des influences sa nécessaire pluralité. Les sympathies n’ont rien à faire en la matière. Il suffit de regarder une carte pour comprendre.

Éléments :
Passons à un autre aspect de la question. Que pensez-vous des données de la psychométrie, notamment des différences raciales de Q. I. (quotient intellectuel) ?

Alain de Benoist :
Dans la mesure où ces différences sont irréductibles aux explications par le milieu (et il semble bien qu’elles le soient), on ne peut évidemment pas les passer sous silence. Ce sont des données factuelles, à traiter comme telles. À condition, bien entendu, de s’entendre sur les termes. Aux États-Unis, Arthur R. Jensen distingue un niveau I de l’intelligence (intelligence concrète) et un niveau II (intelligence abstraite). Il constate qu’en moyenne, les Noirs performent moins bien que les Blancs au niveau II. En revanche, ils obtiennent des résultats supérieurs pour ce qui concerne la mémorisation, le comportement moteur, etc. Etant donné que chaque race a ses points forts et ses points faibles, de telles différences ne doivent pas surprendre. Somme toute, Jensen démontre, d’une façon scientifique, la justesse des propos de Léopold Senghor, qui caractérise la négritude par « une sensibilité profonde, s’accompagnant d’une réactivité immédiate », et qui oppose la « raison intuitive » du Noir africain à la « raison discursive » du Blanc européen.

Intelligence et caractère
D’autre part, fonder une supériorité absolue sur la seule intelligence, c’est faire de l’intelligence elle-même un absolu. Ce que je me refuse à faire, évidemment. Contrairement à ce que beaucoup de gens s’imaginent, l’intelligence ne recouvre pas la totalité des aptitudes mentales. Il faut aussi tenir compte du caractère. Il met l’intelligence en forme et, parfois, lui supplée. D’après les données dont nous disposons, il semble que les Japonais et les Chinois soient les peuples les plus intelligents du monde, c’est-à-dire ceux dont la moyenne de Q. I., statistiquement parlant, s’établit au plus haut niveau. Pourtant, dans l’histoire, la civilisation européenne a pris un plus grand essor que les civilisations de l’Extrême-Orient. C’est que l’intelligence n’a pas nécessairement joué le rôle principal. L’expansion européenne doit beaucoup plus probablement son ampleur à un certain goût de l’aventure, à un attrait pour la découverte, à une tendance à relever les défis du monde environnant, qui constitue l’un des traits spécifiques du caractère européen : caractère « prométhéen » ou « faustien », précisément.

Éléments :
Vous avez évoqué à plusieurs reprises cette « affaire Jensen » dans Nouvelle École. Quel écho avez-vous recueilli ?

Alain de Benoist :
Nous l’avons évoquée et nous l’évoquerons encore, car cela fait partie de notre travail d’informateurs. Pour l’équipe de Nouvelle École, dans le domaine de la recherche scientifique, il ne saurait y avoir d’interdits ou de tabous. Sans cela, c’est Galilée, c’est Lyssenko. Or, ce qui est remarquable dans cette « affaire Jensen », c’est qu’en France, il n’y a guère eu que Nouvelle École pour en publier les pièces. Aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, le débat est du domaine public. En France, il n’en est rien. Ce silence est lui-même révélateur. Il dénote, du côté des idéologies dominantes, des tendances très nettes au terrorisme intellectuel. Les travaux de Jensen, Hermstein, Eysenck, Shockley, etc., sont des travaux d’une grande valeur scientifique. Cela n’a pas empêché de faire à leurs auteurs un extraordinaire procès d’intention. Pour trancher, il suffirait de lire les livres et les articles incriminés. Malheureusement, dans le temps qu’on critique, on se garde bien de permettre au grand public de juger sur pièces. C’est une situation malsaine. J’ai quelques raisons de penser qu’elle est appelée à évoluer.

Éléments :
Que faut-il penser du métissage ?

Alain de Benoist :
D’abord que c’est une question délicate, et qu’à son sujet, le débat est loin d’être clos. Pour les politiciens, la cause, en général, est entendue. Il n’en va pas de même dans le monde savant. Certains chercheurs ont exprimé un avis favorable, soit parce qu’ils subissent l’influence de l’intelligentsia (la science est neutre, mais les scientifiques ne le sont pas toujours !), soit parce qu’ils croient pouvoir tirer cette conclusion de leurs travaux. D’autres, au contraire, expriment un avis défavorable. Comme il s’agit d’un problème très sérieux, ces divergences d’opinion incitent pour le moins à la prudence. À l’approche du biologiste, s’ajoute celle du sociologue et de l’historien. Il y a, sur notre planète, un certain nombre de pays où l’élément métis forme la majorité. Ce ne sont pas ceux, il faut bien le dire, dont la stabilité ou le niveau de développement peuvent servir d’exemples. Là encore, sans trancher définitivement, la prudence s’impose. C’est aussi une question de choix. Vaut-il mieux une planète où coexistent des types humains et des cultures variés, ou bien une planète dotée d’une seule culture et, à terme, d’un seul type humain ? On pourrait distinguer ici entre raciophobes et raciophiles. Les premiers souhaitent la disparition des races, donc l’uniformisation des modes de vie. Les seconds pensent que c’est la pluralité de l’humanité qui fait sa richesse, et qu’un monde où l’on retrouverait, sur les deux hémisphères, les mêmes villes, les mêmes immeubles, les mêmes magasins, les mêmes produits, les mêmes modes de vie, serait un monde incontestablement appauvri. Je n’ai pas besoin de vous dire où va mon sentiment, mais je reconnais que la réponse ne s’impose pas a priori. À plus forte raison, je ne vois pas comment on pourrait l’imposer au secret des consciences. Et dans tous les cas, je me range à l’avis de M. Alain Peyrefitte, lorsqu’il dénonce le conformisme selon lequel, « admettre la pluralité des races humaines c’est approuver les fours crématoires ».

Éléments :
Et l’immigration ?

Alain de Benoist :
Tous les sociologues savent que lorsque deux populations différant nettement du point de vue ethno-culturel vivent l’une avec l’autre, dès que l’on dépasse un certain seuil, il en résulte des difficultés de toutes sortes : discrimination, ségrégation, déculturation, délinquance, etc. C’est dans ce genre de difficultés que se débattent les États-Unis. Il va sans dire qu’elles nuisent profondément à toutes les communautés en présence, à commencer par les communautés minoritaires, qui sont, dès lors, fondées à exprimer leur indignation. Dans le problème de l’immigration, je distinguerai deux aspects. Tout d’abord, une question de principe. On dit que l’immigration est indispensable à l’économie. C’est possible, encore qu’il ne soit pas certain qu’on prenne toujours en compte les coûts marginaux. Quoi qu’il en soit, une telle affirmation revient à dire que les impératifs économiques doivent être considérés comme prioritaires par rapport à tous les autres. Ce n’est pas forcément évident. Nous sommes donc, à nouveau, devant une question de choix. D’autre part, à l’heure actuelle, la formule « indispensable à l’économie » signifie en clair « indispensable au maintien de la marge bénéficiaire des grandes entreprises ». On peut donc s’étonner de la voir employée par des organisations qui se déclarent « anticapitalistes ». Le rapport Massenet met l’accent sur un point important. Le recours aux immigrés n’est-il pas un recours à une énergie de substitution à l’innovation économique ? À terme, c’est l’innovation qui conditionne la compétitivité. Il y a là un risque de protectionnisme. Sous l’Empire romain, l’esclavage a freiné l’innovation, parce que, sur le moment, il était toujours plus facile d’avoir recours aux esclaves. Le retour à une telle situation serait inacceptable. Ensuite, il y a une situation de fait. On compte en France environ quatre millions de travailleurs immigrés, soit 6 % de la population totale. Ils contribuent pour 56 % à notre croissance démographique. Trop souvent, ces travailleurs sont traités en parias. Méprisés, exploités, parfois redoutés, ils vivent dans des conditions qui nous paraissent choquantes. Cette situation est odieuse. La présence des immigrés implique des devoirs réciproques. Il y a ceux qui veulent mettre « les Arabes dehors » et ceux qui, comme les gauchistes, parlent dans l’abstrait d’« hommes comme les autres » et, dès lors, refusent tout contrôle. On ne doit tomber ni dans la xénophobie ni dans l’ontologie révolutionnaire. Les autorités, pour la première fois, semblent d’ailleurs l’avoir compris. Enfin, il y a le problème des éléments douteux, qui causent un tort considérable aux véritables travailleurs. Ce problème relève d’une application très sévère de la loi. D’après l’Institut national d’études démographiques (INED), la pression exercée aux frontières du fait de l’immigration clandestine est appelée à se développer (dans les pays de l’Europe de l’Ouest, car dans les pays socialistes, aucune migration internationale n’est admise). Cette perspective est préoccupante, car elle peut engendrer des situations irréversibles. Méditons donc, pour faire bref, cette indication de l’INED : « La disparition de l’immigration dite sauvage est une des premières exigences pour une amélioration des conditions de vie et de travail des étrangers en France » (Population, juillet-octobre 1974).

Éléments :
Mais comment lutter contre la discrimination ?

Alain de Benoist :
Je prends le Larousse et je lis : « Discrimination : faculté, action de discerner, de distinguer ». Je suppose que ce n’est pas à cette discrimination-là que vous faites allusion : au sens strict, tout dans l’existence est discrimination, seule la mort ne l’est pas. Vous voulez plus probablement parler, toutes choses égales par ailleurs, de la discrimination de traitement dans l’ordre des droits élémentaires garantis à tout citoyen. Elle est effectivement condamnable, et il faut lutter contre les préjugés qui l’accompagnent. La prise en compte des différences est évidemment la condition première de son élimination. Dans le cas contraire, on aboutit à l’inverse du résultat recherché. C’est ce qui s’est passé aux États-Unis. Au moment même où l’on proclamait une égalité absolue, dans l’abstrait, on aboutissait à une ségrégation de fait contre laquelle il était pratiquement impossible de faire quoi que ce soit. Et puis, trop souvent, on risque d’arriver à une discrimination à l’envers…

Éléments :
Que voulez-vous dire ?

Alain de Benoist :
Ceci. La logique avec soi-même est l’une des formes de la franchise. Je suis pour la non-discrimination, pour la décolonisation, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais à une condition : c’est que la règle ne souffre pas d’exceptions. Si l’on est contre la colonisation, alors il faut être pour la décolonisation réciproque, c’est-à-dire contre toutes les formes de colonisation : stratégique, économique, culturelle, artistique, etc. On a le droit d’être pour le Black Power, mais à la condition d’être, en même temps, pour le White Power, le Yellow Power et le Red Power. Par dessus tout, je me méfie de l’unilatéralisme : c’est le signe n°1 de l’esprit partisan, au pire sens du terme. Or, nous assistons à certains paradoxes. Nous voyons des idéologues prendre position pour le respect de toutes les races. Sauf une : la nôtre (qui, par parenthèse, est aussi la leur). Je parlais tout à l’heure d’altéroraciophobie. Ici, c’est d’altéroraciomanie qu’il faudrait parler : autre déviation pathologique, à caractère plus ou moins masochiste. Les mêmes qui nous expliquent, non sans raison, qu’en brisant les habitudes mentales, les structures sociales et traditionnelles des pays du tiers-monde, la colonisation les a stérilisés, se font en Europe les adeptes de la pire néophilie, sacrifient tous les jours au mythe du « progrès » et invitent nos contemporains à rompre avec les « vieilleries » du passé. D’un côté, on nous dit que les Indiens et les Esquimaux ne peuvent pas résister à l’agression que représente le contact avec la civilisation occidentale. De l’autre on affirme que le mélange des peuples et des cultures est, pour les Européens, chose excellente et facteur de progrès. Il faudrait donc savoir s’il y a deux poids et deux mesures, et si, pour citer Orwell, tous les peuples sont égaux sauf ceux qui sont plus égaux que les autres ! Pour ma part, je ne vois pas pourquoi ce qui est excellent pour les Bororos ou les Guayaquis ne se révélerait pas au moins aussi bon pour nous. Ou bien alors, il faudrait admettre que certaines races sont plus douées que d’autres du point de vue des capacités d’adaptation. Mais ce serait alors de la discrimination.
« Si l’on dénonce, à bon droit, les ethnocides des primitifs par les Européens, écrit Raymond Ruyer, il ne faut pas interdire aux Européens de préserver leurs propres ethnies ». De leur côté, les dirigeants des communautés juives ne cessent de répéter que deux périls les ont toujours guettés dans l’histoire : les pogroms et l’assimilation. Leur mise en garde vaut la peine d’être écoutée. Elle se nourrit d’une sagesse qui vient de loin. Réaffirmons donc le droit des peuples à être eux-mêmes, le droit qu’ont tous les peuples à tenter d’atteindre leur plénitude, contre tout universalisme et contre tous les racismes.

Alain de Benoist, Éléments n°8-9, 1974

1. Relisant sur épreuves le texte de cet entretien, je crois nécessaire de donner ici une définition de l’ethnie. La notion d’ethnie participe à la fois de l’idée de race et de l’idée de culture ; elle implique une relative homéostasie historique et culturelle. L’ethnie se caractérise par l’identité des règles éthologiques qui génèrent, à travers des procédés transformationnels identiques, des conduites structuralement (qualitativement et statistiquement) identiques. C’est l’homogénéité de ce régime des règles transformationnelles qui institue la culture ethnique. Cf. à ce sujet : Bernard Guillemain, « Les fondements de l’éthologie collective. Abstraits fondamentaux pour l’ethnopsychologie » in Ethnopsychologie, Vol. XXIX, n° 2-3 (juin-septembre 1974) Le Havre.

 

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