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15/08/2017

Hans Cany : 30 ans de kadhafisme sans concessions

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S'il est une constante de mes trois dernières décennies de combats et de convictions politiques, au-delà d'évolutions successives qui, à des degrés divers, ont pu faire varier mes engagements au fil des années,
il s'agit sans conteste de mon soutien sans faille au système de gouvernement unique au monde qui aura prévalu en Libye jusqu'à l'automne 2011 : celui de la Jamahiriya, ou "Etat des masses".

 Bref retour sur l'historique de ce positionnement personnel, complété de quelques réflexions concernant la situation actuelle.

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Aux sources d'une prise de conscience

 J’ai commencé à m’intéresser à Mouammar Kadhafi et au cas libyen aux alentours de 1984, mais je n’ai pleinement pris conscience de la nature spécifique du système de la Jamahiriya qu’à partir d’avril 1986, date à laquelle j’ai été fortement sensibilisé à cette cause par l’actualité du moment. Les USA de Ronald Reagan venaient en effet de mener des raids aériens meurtriers sur Tripoli et Benghazi, en guise de représailles suite à des attentats terroristes perpétrés contre des intérêts US sur le sol européen, dont la Libye était accusée d’être l’instigatrice. Révolté par ce qui m’est aussitôt apparu comme une agression impérialiste qu’aucun élément probant ne venait justifier, j’ai dès lors pris fait et cause, malgré mon jeune âge, pour la Libye kadhafiste.

 Ce qui m’a séduit à l’époque et ce qui m’a toujours motivé en ce sens, tout en m'inspirant une certaine fascination doublée de réels sentiments de sympathie à l'égard de la personnalité forte et tout à fait atypique de Mouammar Kadhafi, c'était l’attitude farouchement  insoumise de la Jamahiriya libyenne sur la scène internationale, son appartenance remarquée au camp des nations anti-impérialistes, ainsi que ses orientations résolument socialistes et progressistes sur le plan intérieur.

  Tant par tempérament personnel que par choix réfléchi, je tiens depuis lors à rester ce qu’il convient de nommer un électron libre. En d’autres termes, je ne fais pas  officiellement partie de quelque structure organisationnelle que ce soit, tenant par-dessus tout  à conserver la plus totale autonomie individuelle en matière d’actions et de prises de positions. Il n’en demeure pas moins que je suis globalement proche des orientations du C.R.I., auquel j’apporte un soutien critique sans en être officiellement membre.


Activisme et communication

 Depuis de nombreuses années, je suis blogueur indépendant. J’anime entre autres sur Facebook la page DRAPEAU VERT (https://www.facebook.com/drapeauvert ), et je suis accessoirement co-administrateur de la page francophone officielle du Comité Révolutionnaire International (C.R.I. : https://www.facebook.com/cri.europe ), même si mes interventions sur cette dernière restent limitées.

 Mon activisme se concentre principalement sur la communication via les supports numériques : animation de blogs militants, administration de pages et de groupes sur Facebook, rédaction d’articles et de textes de fond, réalisation de visuels, diffusion et partage de propagande en tous genres (textes, vidéos, pétitions, créations graphiques) etc.
En résumé, l’expression de mon combat se situe donc sur les plans rédactionnel, doctrinal, et propagandiste.

 Les activistes du C.R.I., notamment ceux qui résident dans de grandes agglomérations, prennent quant à eux part à des actions de terrain : organisation de manifestations et participation à des rassemblements militants (par exemple devant des ambassades), démarches effectuées auprès d’organismes officiels supranationaux, diffusion de tracts et opérations de sensibilisation à l’adresse du grand public, participations à des colloques et autres réunions.
Nous incarnons aujourd’hui une force grandissante, laquelle est loin de ne se résumer qu’à un sigle et à quelques pages internet.


    

Une idéologie spécifiquement libyenne ?

 Comme son nom l’indique de façon explicite, la Troisième Théorie Universelle ne concerne pas que la Libye et les Libyens. Il s’agit d’une doctrine cohérente et unique en son genre, sorte de troisième voie se situant en dehors et au-delà du capitalisme comme du marxisme, qui s’adresse en réalité aux peuples et aux nations du monde entier.

 De même, il faut bien comprendre que le drapeau vert, par exemple, n’est pas simplement l’étendard national de « l’ancien régime » libyen. Bien plus que cela, il constitue en réalité le symbole d’un idéal politico-idéologique transnational, car transposable partout, moyennant bien sûr quelques adaptations locales, inhérentes aux particularismes ethno-culturels de chaque peuple. Ainsi que Mouammar Kadhafi lui-même a bien pris soin de le rappeler au cœur de la tourmente de l’été 2011, le drapeau vert appartient aux masses populaires du monde entier, à tout le monde, à tous ceux et toutes celles qui ont foi en un certain idéal.

 L’idéal en question est exposé de façon claire et accessible à tous dans les pages du Livre Vert, et s’articule autour de trois axes fondamentaux : la souveraineté populaire et la démocratie directe, un socialisme non-marxiste d’essence autogestionnaire, et un modèle de société qui s’emploie à équilibrer de façon optimale un certain progressisme sociétal d’une part, et le respect d’un certain héritage traditionnel d’autre part.

 Pour Mouammar Kadhafi, c’est l’idée de Nation qui constitue le moteur de l’Histoire, au contraire des marxistes qui attribuent ce rôle à l’Economie. La nation doit s’identifier au peuple, pour que le peuple s’identifie à la nation. En s’équilibrant ainsi de manière optimale, le facteur social et le facteur national ne font plus qu’un. Telle est l’essence profonde de ce socialisme vert : il s’agit en fait d’un socialisme national, applicable et adaptable partout.

 

Quelle pertinence pour les non-Libyens ?

  En tant que non-Libyen, je crois fermement que de telles idées sont positives, et qu’en luttant  pour leur triomphe, je me bats pour la justice et la vérité. Ce qui me séduit chez elles, ce sont leurs orientations généreuses qui me rappellent de prestigieux prédécesseurs aussi divers que Pierre-Joseph Proudhon, Piotr Kropotkine ou Gamal Abdel Nasser, qui ont d’ailleurs tous été reconnus par Mouammar Kadhafi comme figurant au nombre de ses sources  majeures d’inspiration.

 On y retrouve donc pêle-mêle les expériences autogestionnaires, les velléités d’abolition du salariat, la souveraineté populaire illustrée par l’exercice d’une démocratie directe à divers échelons de la société, la gratuité du logement ainsi que de plusieurs ressources de première nécessité (eau, électricité…), la forte diminution des prix de certaines denrées, les aides sociales en tous genres, la redistribution au peuple des richesses crées par le commerce national (manne pétrolière en l’occurrence), la constitution de milices populaires de défense, la lutte contre l’obscurantisme religieux, les efforts  déployés en faveur de l’éducation et de l’enseignement, l'égalité des droits de l'homme et de la femme, l’anti-impérialisme, l’antisionisme  etc etc. Autant de valeurs que je partage, et de mesures politico-sociales que je pense être souhaitables partout.

 La Libye n’est toutefois pas pour moi une fin en soi. Si elle renouait pleinement un jour avec l’idée jamahiriyenne et avec les principes du Livre Vert, ce serait bien sûr à mes yeux une excellente nouvelle pour le pays et son peuple, et je ne pourrai bien évidemment que m’en réjouir. Mais si la Libye verte ne devait jamais renaître de ses cendres, alors tant pis, mon attention et mon engagement se porteront ailleurs. Les particularismes culturels et religieux de ce pays ne sont pas les miens, et nonobstant l’intérêt que je peux lui porter par ailleurs, j’y serai toujours complètement étranger. Il n’est nul besoin d’être musulman, arabe ou africain pour être kadhafiste.

  Il doit être bien entendu de tous que l’objet de mon engagement est d’ordre purement  idéologique et militant. Mes préoccupations ne se rapportent qu’occasionnellement à l’actualité libyenne, elles ne sont pas guidées par des soucis d’ordre humanitaire, et je ne m’estime pas concerné par les initiatives diverses et variées des uns ou des autres, dont le seul objectif est de ramener la « paix civile » et la « stabilité  politique » dans ce pays. Si celles-ci sont bien sûr préférables au chaos pour le peuple libyen (car tout est toujours préférable au chaos), il n’en demeure pas moins qu’elles sortent du cadre de mon engagement militant.


   
Renaissance de la Jamahiriya libyenne : pas à n'importe quel prix

 Aujourd'hui, je soutiens bien entendu le principe d’un retour, d’une restauration pleine et entière de la Jamahiriya libyenne, mais si et seulement si ce retour s’inscrit dans le cadre d’une certaine intégrité idéologique. Afin de couper court par avance à tout éventuel malentendu, je tiens à préciser que les propos suivants, conclusion de cette brève présentation de mes vues en la matière,  n'engagent que moi. Ils ne font en effet que refléter mon opinion personnelle, et j'en assume donc la pleine et entière responsabilité.

  Si elle a historiquement adopté la dénomination officielle de Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, cela n’a à mon sens rien d’anecdotique, ni de négociable ou d’aménageable. Renoncer au caractère fondamentalement POPULAIRE et SOCIALISTE de l’idée jamahiriyenne équivaudrait à une trahison pure et simple des principes essentiels sur lesquels doit reposer un tel système de gouvernement, et qui sont clairement définis par les trois parties constituant le Livre Vert, manifeste intemporel de la Troisième Théorie Universelle.

 L’hypothétique instauration d’une nouvelle « Jamahiriya », reniant plus ou moins ouvertement tout ou partie des idées fondamentales exposées par le Frère Guide Mouammar al-Kadhafi, sous prétexte de « compromis » dans la recherche d’une « réconciliation nationale » à tout prix, reviendrait à l’instauration d’une véritable imposture. Une telle « Jamahiriya », complètement dénaturée et vidée de sa substance originelle, ne constituerait plus à mon sens qu’une coquille vide, qui n’en conserverait plus guère que le nom – et éventuellement le décorum, triste reliquat d’un passé certes mythifié, fantasmé, mais bel et bien révolu. Il n’est nul besoin de préciser que ce genre de perspective ne m’intéresse tout simplement pas. Le combat pour le retour d’une prétendue « Jamahiriya » à n’importe quel prix n’est tout simplement pas le mien.


Hans Cany
Le 15 août 2017


 

hans cany, libye, géopolitique et politique internationale, proudhon, anarchisme, socialisme vert, democratie,

 
 

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