20/07/2015
Eleveurs, pêcheurs, employés d'abattoirs : ne comptez pas sur nous
De temps à autres, les paysans ou les marins-pêcheurs manifestent. Chacun a le droit de vivre, et nous soutenons généralement ceux qui revendiquent ce droit, qui défendent leur gagne-pain... A condition, toutefois, de ne pas vivre sur la peau des autres !
Lorsqu'on assimile les éleveurs, les marins-pêcheurs et autres maquignons aux paysans, nous ne sommes plus d'accord. Le droit à la vie concerne aussi l'animal. Celui qui élève des animaux pour les tuer et les manger, comme celui qui les chasse ou qui les pêche, est le pire des assassins.
L'espèce humaine s'arroge le droit non seulement de tuer, mais aussi de tirer profit de la mort d'autres espèces animales. Pourquoi tous ces mangeurs de cadavres ne se mangeraient-ils pas plutôt entre eux ?...
La viande, c'est le corps d'un animal mort. Quelqu'un qui mange de la viande, c'est non seulement un animal qui en mange un autre, mais c'est de surcroit un charognard.
Non ! Nous ne soutiendrons ni les éleveurs, ni les marins-pêcheurs dans leurs manifestations. Nous les combattons, comme nous combattons les chasseurs.
Nous combattons tous les assassins.
Dites vous bien, si vous mangez de la viande et dites la trouver chère, qu'un être la trouve encore bien plus chère que vous : c'est celui qui est mort, et que vous déchiquetez dans votre assiette . Non, nous ne marcherons pas avec ces hommes qui se disent civilisés et doués de raison, mais qui sont en fait les plus méprisables de tous les animaux.
Raymond BEAULATON
(Originellement publié sous le pseudonyme Monique GAUTIER, in L'anarchie N° 182, novembre 1991)
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17/07/2015
Robert DUN : l'esprit libre qui en dérangeait plus d'un
Bref portrait d'un vieux camarade disparu que j'ai eu personnellement l'honneur de connaître, et dont la seule évocation du pseudonyme, malgré le temps qui passe, continue de faire grincer bien des dents chez certains esprits étroits et quelque peu formatés...
L'influence majeure exercée par ses écrits sur mon propre cheminement intellectuel, ainsi que sur le développement de mon éveil idéologico-politique, est indéniable. Si la source d'inspiration que constituait pour moi l'ensemble de ses réflexions est loin d'être la seule, je me devais donc de rendre hommage à sa mémoire, en rappelant tout simplement qu"il fut l'un de ceux qui contribuèrent, dès l'aube des années 1990,
à faire de moi ce que je suis aujourd'hui.
Hans CANY
Robert Dun, de son vrai nom Maurice Martin (13 février 1920 - 8 mars 2002), était un écrivain français né à Marseille, autodidacte, adepte du nationalisme paneuropéen et du néo-paganisme.
Admirateur de Nietzsche, il a écrit de nombreux livres traitant de sujets aussi divers que la philosophie, la religion, la mythologie, la sociologie, la psychologie, la politique, l'économie et l'écologie.
Durant sa jeunesse, il fut militant communiste, puis anarchiste, volontaire dans les Brigades internationales, avant de changer de bord et de rejoindre la Brigade Frankreich, puis la Division SS Charlemagne.
Il s’engage dans la Waffen-SS en 1943, combat en Galicie au sein du peloton de pionniers. Il demandera à passer aux unités spéciales d’Otto Skorzeny. De fait, il sera un des rares français à avoir participé à la contre-offensive des Ardennes au sein d’un kampfgruppe Skorzeny.
Au centre, Maurice Martin, à la caserne de Clignancourt, octobre 1943.
À son retour en France, il sera condamné en 1948 à Lyon, à un an de prison. Concernant cette période, il reniera par la suite le culte du chef du national-socialisme, sans jamais se départir pour autant de son racialisme :
« Alors, gardez bien votre conscience de Français, d’Européens, de Blancs et soyez si vous le pouvez une partie de notre race, de notre sang, de notre âme, qui continuerait à vivre quand tout croulera autour de nous ».
Il devient précurseur de l’écologie en France avec sa revue ‘’L’Or vert’’.
Il a participé à diverses revues en dénonçant les « dérives » des sociétés modernes, leur matérialisme qu'il juge aliénant et destructeur. Auteur prolifique, il a défendu dans ses écrits le ré-enracinement des individus et des sociétés en s'inspirant du néopaganisme, de l'écologie, des mythes et des traditions.
Vers la fin de sa vie, il se rapprocha sensiblement de la mouvance anarchiste individualiste gravitant autour de L'Homme libre (revue philosophique et intellectuelle publiée par Marcel Renoulet) et de l'AOA (Alliance Ouvrière Anarchiste, animée notamment par Raymond Beaulaton).
Son engagement intellectuel s'est toujours doublé d'actions de communication (conférences, lettres, lectures, etc.), particulièrement en direction des jeunes.
Robert Dun collabora à de nombreuses publications : L’Homme libre, Argad, L’Ile verte, Vouloir, Le Partisan européen, Altaïr, Le Devenir européen, Le Courrier du Continent, Militant, Réfléchir et agir, L'Anarchie (bulletin de l'AOA)…
Auteur prolifique, il a défendu dans ses écrits le ré-enracinement des individus et des sociétés en s’inspirant de l’écologie, des mythes et des traditions.
Il meurt le 8 mars 2002.
QUELQUES EXTRAITS :
" À la différence des masses, nous les libertaires nous ne pensons pas par référence. Nous reconnaissons une chose comme vraie ou comme fausse sur la base de nos propres analyses, non parce que l'Évangile, le Coran ou Karl Marx sont pour ou contre. "
Robert Dun, in "L' Anarchie, Journal de l'Ordre", bulletin de l'AOA, Alliance Ouvrière Anarchiste (Septembre 1995)
« Nous ne pouvons rien espérer des autres. Il nous faut opérer une révolution culturelle radicale ou périr. Nous connaîtrons sans doute une longue et terrible période, faite à la fois de tyrannie et d’anarchie. Toute notion élitiste ne peut manquer de soulever une tempête de hurlements. Aujourd’hui, il est dangereux d’être distingué, de ne pas avoir l’air canaille, ou au moins vulgaire et stupide. Des dizaines de jeunes gens et de jeunes filles ont déjà été victimes d’agressions, de viols, d’assassinats parce que leur simple aspect déplaisait à la canaille.
Tout être noble et énergique est aujourd’hui menacé, toute pensée élevée réduite au silence. Les Européens conscients doivent se le dire et en tirer les conséquences : ILS SONT DÉJÀ ACCULES A LA CLANDESTINITÉ. Ils ne survivront et ne pourront ressurgir un jour, sans doute seulement à travers leurs descendants, qu’à condition d’adapter très habilement leur comportement aux réalités actuelles. La survie européenne a trois exigences :
1) Une conscience parfaitement claire de nos valeurs spécifiques et intimes.
2) Une volonté acharnée et infatigable de transmettre l’héritage par le sang et la culture.
3) Une prudence de serpent, une subtilité vigilante.
Mon viatique sera une phrase de Jules Romains, expurgée dans la dernière édition de son poème : « Homme blanc, souviens-toi de toi-même; ressaisis ta lignée dans l’écheveau des peuples vils ». »
Robert Dun, Les catacombes de la libre pensée.
‘’J'entends déjà la foule des fanatiques goguenards me crier :
« Vous êtes mal placé pour critiquer l’hitlérisme après avoir été volontaire dans les Waffen SS ».
Mes réponses seront simples. A la différence de ceux qui ne savent que rabâcher les inepties des haines millénaires et de la manipulation médiatique mondialement orchestrée, je sais aujourd’hui de quoi je parle, ayant connu le mouvement hitlérien de l’intérieur et m’étant donné la peine d’en étudier toute la littérature théorique. Si j’ai, à 20 ans, opté pour le combat du côté allemand, c’est parce que j’avais déjà perçu dans le camp opposé trop de haines viles, de mensonges, d’hypocrisies bourgeoises, de calomnies. Mais j’ai toujours déploré la guerre avec la Russie, si étrange que cela puisse paraître, et j’étais loin d’être le seul dans ce cas parmi ceux qui portaient l’uniforme feldgrau. Comme la plupart des volontaires français, je me suis rallié à un type humain plutôt qu’à une idéologie.
Pour tous ceux qui souffraient profondément de la veulerie de leur siècle, de son nihilisme, de sa niaiserie, le guerrier allemand avec son regard droit, sa démarche ferme et tranquille, son calme, son amabilité sans bavardage fut ressenti comme un refuge, comme un espoir. Je ne fus nullement étonné de découvrir un jour la vieille devise : « Am deutschen Wesen wird die Welt genesen. » (Le monde guérira par la personnalité allemande). »
Robert Dun, Les catacombes de la libre pensée
"Un borné tire argument du fait que « j'avoue avoir fait partie des Waffen-SS ». Nuance : je ne l'avoue pas, je le dis sans le moindre complexe. Je ne peux guère m'expliquer sur ce point : je tomberais sous le coup de plusieurs lois approuvées par les faux anarchistes. Je me contenterai donc de dire : « J'ai été et je reste un défenseur du droit à toutes les identités, à tous les choix ». On a retiré aux hommes le droit à leur identité raciale, à leur identité culturelle, à leur identité professionnelle ( par la mécanisation ), à leur identité sexuelle ( par l'unisexe et la propagande en faveur de l'homosexualité ). On a culpabilisé la joie de vivre par la préférence pathologique ( il est plus facile à un criminel ou à un taré de trouver du travail qu'à une jeune personne saine ). Alors des millions de jeunes se tournent vers les plus dangereuses identités : vers les sectes, les fanatismes religieux."
Robert Dun, in "L' Anarchie, Journal de l'Ordre", bulletin de l'AOA, Alliance Ouvrière Anarchiste, (Juillet 1995)
Ouvrage de Robert Dun paru en mai 2000, en réponse au livre anti-païen
"Vers une France païenne ?" de l'archevêque Hippolyte Simon.
Il m'avait fait l'honneur de me dédicacer mon exemplaire.
H.C.
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02/07/2015
Gaulois contre Romains : pour en finir avec le mythe de la "Pax romana"
Afin d'en finir une bonne fois pour toutes avec le mythe ô combien galvaudé de la prétendue "Pax romana", la lecture d'un ouvrage fort bien documenté de Joël Schmidt, paru en 2004, pourra s'avérer des plus édifiantes et des plus profitables, même aux personnes les plus sceptiques et/ou les plus conditionnées dans le cadre d'un sujet historique de plus en plus controversé. Le titre de l'ouvrage en question, pour être des plus sobres, n'en est pas moins particulièrement éloquent : "LES GAULOIS CONTRE LES ROMAINS : LA GUERRE DE 1000 ANS". Au fil des pages de ce livre captivant, l'auteur s'emploie méthodiquement à démonter la fable éculée d'une période "de paix et de prospérité" qui, cinq cents ans durant, aurait suivi l'invasion romaine de la Gaule à partir de son accomplissement en l'an 52 avant l'ère chrétienne, pour ne s'achever que dans la tourmente des "Invasions barbares" et de la chute de l'Empire, en l'an 476 de l'ère vulgaire. Références précises et vérifiables à l'appui, Joël Schmidt expose ici avec brio le déroulement d'événements aussi bien ignorés du grand public que volontairement passés sous silence par l'historiographie officielle.
Si les données archéologiques témoignent indiscutablement du fait que les centres urbains des Gaules, pour la plupart fondés par l'Occupant à partir d'oppida gaulois préexistants, furent profondément marqués par l'empreinte romaine, si ces mêmes données archéologiques attestent l'existence d'une indéniable "fusion" civilisationnelle, et même d'un syncrétisme religieux assimilant une grande partie du panthéon celtique local au panthéon romain, elles ne doivent pas pour autant occulter le fait que ces quelques siècles de domination latine n'entraînèrent en aucune façon la disparition totale de l'identité et des particularismes culturels des autochtones, pas plus qu'ils ne mirent un point final au velléités de ces derniers de recouvrer leur indépendance perdue. N'en déplaise aux adeptes inconditionnels de la romanité et de l'héritage civilisationnel gréco-latin, l'irrédentisme gaulois n'est pas, tant s'en faut, qu'une plaisante invention inhérente aux bandes dessinées d'Astérix et Obélix, mais correspond bel et bien à une réalité historique.
La vérité est que les cinq siècles que dura la soi-disant "Pax romana", loin de correspondre au cliché idyllique d'une période de stabilité et de "progrès" civilisationnel sans précédent, loin d'asseoir la supériorité définitive des fondements de la civilisation romaine sur l'identité culturelle rudimentaire, forcément primitive et grossière, de prétendus "barbares", furent sans cesse émaillés d'actes de rébellion, d'insurrections et de soulèvements armés qui, jusqu'au bout, n'eurent de cesse de mettre à mal l'autorité de l'Empire sur les diverses régions placées sous son joug. Non seulement ces actes d'insoumission et de révolte se succédèrent à un rythme effréné durant toute la période d'occupation, mais de surcroit, les différents peuples gaulois essayèrent toujours, dès les premiers signes d'affaiblissement de l'autorité impériale apparus au cours du IIIème siècle de l'ère chrétienne, de faire purement et simplement sécession avec l'Empire, afin de recouvrer leur souveraineté perdue. C'est ainsi que l'on vit même se produire, au cours des derniers siècles de l'Empire moribond, des initiatives plus ou moins éphémères émanant d' "empereurs gaulois" qui, s'ils se refusèrent toujours à rompre avec les valeurs romaines, n'acceptèrent pas, de facto, de prêter allégeance à l'autorité centrale, et entendirent ainsi, au-delà de leurs ambitions personnelles, affranchir leurs peuples respectifs de la tutelle de Rome.
Pour conclure au mieux cette brève présentation du remarquable ouvrage de Joël Schmidt, voici à présent une reproduction du résumé figurant en quatrième de couverture :
"Sur le conflit qui oppose les Gaulois aux Romains, on ne connaît généralement que l'épisode de la conquête des Gaules racontée par César et qui se déroula pendant huit ans au milieu du 1er siècle av. J. -C. Or, c'est dès 390 av. J. -C. que le Gaulois Brennus et ses troupes occupèrent durablement Rome et prononcèrent l'humiliant " Vae victis ", " Malheur aux vaincus ". La prise de Rome fut la cause d'un traumatisme irréductible, sans cesse rappelé par tous les historiens de Rome, notamment par le plus grand d'entre eux, Cicéron. A partir de cet événement majeur, se succédèrent les péripéties d'une lutte inexpiable au cours de laquelle les Gaulois, rêvant toujours de réoccuper Rome, s'allièrent par les armes et la diplomatie à tous les adversaires des Romains : Carthaginois avec Hannibal, Grecs avec le roi Persée, Germains ou Barbares lors des grands invasions des IIe et IIIe siècles de notre ère.
L'auteur démontre également que la prétendue romanisation de la Gaule, thème sans cesse rabâché par les historiens, fut un leurre ou tout au moins une légende : en réalité, il y eut sans cesse des révoltes gauloises contre l'Empire romain. Pendant dix siècles, liberté et indépendance furent les mots d'ordre constants des chefs gaulois. Si les Gaulois furent toujours vaincus parce qu'ils opposaient leur masse aux tactiques éprouvées des légionnaires romains, ils ne renoncèrent jamais à harceler par tous les moyens possibles l'occupant romain, jusqu'à la chute de Rome au Ve siècle de notre ère."
Enfin, pour approfondir la question, on pourra également lire avec profit la non moins remarquable étude de Maurice Bouvier-Ajam publiée pour la première fois au début de l'année 2000, et consacrée précisément au phénomène des "empereurs gaulois" au cours de la seconde moitié du IIIème siècle de notre ère, entre l'an 260 et 274. Quatrième de couverture :
"260 après J.-C : l'Empire romain est en crise. L'époque où la grandeur de Rome s'affirmait de l'Angleterre au désert de Judée est révolue. Les incursions barbares se font de plus en plus fréquentes, le pouvoir impérial risque de vaciller. Coupées de l'Italie par l'invasion des Alamans, les provinces gauloises et les légions stationnées sur le Rhin proclament empereur un noble d'origine gallo-romaine, Postumus. Ce général s'empare du pouvoir et installe sa capitale à Trèves, il domine alors les Gaules, l'Espagne et la Bretagne. Pendant quinze ans, Postumus et ses successeurs, Victorinus (268- 270) et Tetricus (270 -274), se comporteront en souverains légitimes, refusant toutefois de rompre avec les valeurs romaines. Ils revêtiront les pouvoirs et titres des empereurs, frappant monnaie, organisant la vie civile, assurant la protection du pays. Toléré un temps parce qu'il protégeait l'Italie des peuplades germaniques, l'Empire gaulois représentait un véritable défi à l'autorité de Rome. Aurélien, symbole de la restauration du pouvoir impérial autoritaire, vint à bout de cette sécession en 274. L'Empire gaulois avait cessé d'exister. Fortement influencée par les auteurs latins, l'Histoire présenta souvent la Gaule comme une simple province romaine. C'était faire abstraction de l'esprit de résistance révélé par cet épisode trop souvent absent de nos manuel. Le rapport de force étant défavorable à l'Empire gaulois, ce dernier fut anéanti. Il mit pourtant en évidence la fragilité de l'Etat romain, annonçant sa chute prochaine. "
Même s'il convient bien évidemment, dans un souci d'honnêteté intellectuelle, d'établir une certaine distinction entre ce qui relève d'une part des multiples révoltes gauloises, empreintes d'un esprit profondément celtique, et d'autre part des expériences sécessionnistes opérées sous l'égide d' "empereurs gaulois" successifs, plus ou moins romanisés, le même souci d'honnêteté intellectuelle impose également la déduction suivante : loin d'avoir disparu corps et âme en se fondant dans le creuset civilisationnel dit gallo-romain, le sentiment identitaire gaulois, d'essence celtique continentale, a non seulement survécu -au moins en partie- à la conquête romaine, mais s'est de surcroit maintenu plus ou moins ouvertement pendant toute la période qu'aura duré l'occupation des Gaules. Et plus encore, il parvint même à survivre à la désintégration de l'Empire romain d'Occident en l'an 476 de l'ère chrétienne, alors même que ladite civilisation gallo-romaine avait commencé, dès le IIIème siècle, à intégrer en son sein un nombre conséquent d'éléments ethno-culturels germaniques, portés jusqu'à elle par diverses vagues de peuplement venues d'outre-Rhin.
La prise en compte des faits historiques brièvement évoqués dans le cadre du présent article -et développés dans celui des deux études qui y sont présentées- nous invite donc à l'abandon d'un certain nombre d'idées reçues. Au premier rang de ces idées reçues figure le fait que l'histoire de l'espace territorial qui allait par la suite devenir la France, comme beaucoup plus tard le royaume de Belgique actuel, ne saurait commencer avec la conquête romaine. D'autre part, les divers peuples constituant l'actuel "Hexagone" ne sont aucunement dépositaires d'un héritage ethno-culturel et civilisationnel qui ne serait que d'essence romaine, et donc latine. Toute l'histoire de l'opposition multiséculaire entre Gaulois et Romains, entre monde celtique et monde latin, le démontre de façon on ne peut plus claire. A ce titre, même en ne se bornant qu'au domaine linguistique, la bonne foi la plus élémentaire devrait obliger tout un chacun à admettre une évidence des plus criantes : si, de par sa structure générale, il convient certes de classer le français parmi les langues dites romanes, cette langue française, issue de la fusion de langues d'Oc et de langues d'Oïl, elles-mêmes comprenant de nombreux apports germaniques et celtiques continentaux, est incontestablement la moins latine de toutes les langues romanes.
Même s'il convient bien entendu d'écarter l'excès inverse, qui consisterait à nier purement et simplement tout apport romain/latin dans la substance de l'actuelle identité française, force est d'y reconnaître également la présence tout aussi persistante qu'importante d'un vieux fond celtique continental (gaulois). Ce sont précisément ces trois éléments constitutifs, celtique/gaulois, latin/romain, puis germanique, qui en constituent les piliers fondamentaux et qui, par là-même, en font toute la spécificité. Faire fi d'une partie ou de l'autre de cet héritage triple, ce n'est ni plus ni moins qu'un déni de réalité, sur fond de parti pris et d'amnésie plus ou moins volontaire.
Monde celtique et monde latin, s'ils peuvent dans une certaine mesure fusionner, voire se compléter, n'en constituent pas moins deux pôles diamétralement opposés de l'indo-européanité . Le paradoxe, la singularité de la civilisation dite gallo-romaine (et belgo-romaine), c'est d'être parvenu à faire une synthèse de ces deux pôles opposés, tout en demeurant fondamentalement elle-même, en ne reniant jamais totalement son vieux fond gaulois, et tout en l'enrichissant, par la suite, d'une part non-négligeable de germanité. Mais c'est aussi parce que les Celtes des Gaules, les Gaulois et autres Celto-Germains comme les Belges, ne succombèrent jamais totalement à l'assimilation et à l'acculturation romaines qu'ils purent, au final, préserver un héritage ancestral qui reste en grande partie le nôtre.
Hans CANY
2 juillet 2015 E.V.
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