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27/04/2020

BELTAINE / CETSAMHAIN / Nuit de Walpurgis

 

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C'est dans la nuit du 30 avril au 1er mai qu'est célébrée dans une grande partie de l'Europe une fête païenne majeure désignée comme Nuit de Walpurgis (Walpurgisnacht) chez les Germains, et correspondant à la Beltaine des Celtes, parfois orthographiée Beltane ou Beltene.

Infiniment plus méconnue qu'Halloween/Samhain -car beaucoup moins vulgarisée, médiatisée, et "monnayée"- , Walpurgis/Beltaine en constitue l'exacte réplique, la seconde marquant le passage de la partie sombre de l'année à la partie lumineuse, inversement à la première. Elle porte d'ailleurs aussi le nom de Cetsamhain, ce qui traduit bien la correspondance entre ces deux points essentiels de l'année celtique.

Fête du retour de la lumière et du renouveau de la Nature, elle n'en constitue pas moins également une nuit "hors du temps", peuplée de forces obscures et au cours de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Tout comme Halloween, elle est marquée par l'errance de forces impalpables, de créatures ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcier(e)s maléfiques, les revenants et autres loups-garous. Les thèmes de la sorcière et du loup-garou sont d'ailleurs spécifiquement associés à la Nuit de Walpurgis dans l'ancienne tradition germanique.

On s'y réunit aussi autour de grands brasiers conjurant les ténèbres et saluant le retour du Soleil régénérateur, les fameux "Feux de Beltaine", qui sont l'occasion de moultes réjouissances et libations en l'honneur des forces vives de la Terre-Mère. Soleil et Terre-Mère respectivement symbolisés par le dieu solaire Bel/Belenos -d'où le nom de Beltaine-, et par l'antique déesse préceltique Maïa, d'où le nom du mois de Mai.

Si le 1er mai constitue le  jour de Beltaine proprement dit, il ne faut pas oublier que la célébration  commence en réalité le 30 avril dès le crépuscule, car dans la tradition celtique, le jour nait de la nuit. De ce fait, une journée débute logiquement avec la nuit qui la précède, et c'est ainsi qu'il y a donc bel et bien concordance de date entre Beltaine et Walpurgis.

A tous ceux qui se soucient de rétablir le lien avec leurs véritables racines spirituelles ancestrales, je souhaite donc une excellente célébration de cette nuit exceptionnelle, qu'il serait fort dommage de laisser dans l'oubli !


Hans Cany

 


 

hans cany,identité & racines,paganisme

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08/02/2019

La Bête du Gévaudan et autres histoires vraies, par Jean-Claude Bourret [CHRONIQUE LITTERAIRE]

 

 

Dans ce remarquable ouvrage de près de 290 pages, le célèbre journaliste Jean-Claude Bourret, notamment connu du grand public pour avoir été -entre autres- présentateur vedette du journal télévisé de TF1 entre le milieu des années 70 et la fin des années 80, s'attaque, sous la forme de dossiers tous plus alléchants les uns que les autres, à cinq grandes énigmes qui n'ont eu de cesse de défrayer la chronique depuis maintenant des lustres.

Le second de ces dossiers dans l'ordre où ils sont traités dans le livre, mais qui en est le sujet central puisque ce ne sont pas moins de 140 pages qui y sont consacrées, c'est bien évidemment celui de la légendaire Bête du Gévaudan. Une mystérieuse créature qui trois années durant, de 1764 à 1767, sema la mort et l'épouvante dans cette province reculée du Royaume de France, dont le territoire correspond grosso modo à celui de l'actuel département de la Lozère. S'étant de longue date pris de passion pour cette affaire hors du commun, c'est en fait l'aboutissement d'une bonne trentaine d'années de recherches approfondies que l'auteur, qui avait déjà écrit sur le sujet précédemment, nous livre ici.

Loin des hypothèses alambiquées et autres théories fumeuses, toutes plus sensationnalistes et invraisemblables les unes que les autres, échafaudées au fil des années par un grand nombre de prétendants à la résolution de l'énigme séculaire, M. Bourret nous présente ici un travail remarquable et fort bien documenté. Exposant le déroulement des faits d'une manière très vivante qui ne peut que tenir ses lecteurs en haleine, il les mène progressivement jusqu'à une conclusion qui, si elle ne reflète bien entendu que sa conviction profonde, s'avère objectivement fort convaincante, étayée qu'elle est par nombre d'indices probants et d'arguments solides. Cette étrange affaire m'ayant personnellement intrigué dès le plus jeune âge, je n'hésiterai pas à dire que la présente étude constitue de loin la plus exhaustive, la plus sérieuse et la plus crédible qu'il m'ait jamais été donné de lire sur la question. Toutefois, soucieux de préserver le plaisir de la découverte chez les personnes intéressées,  je n'en dévoilerai pas davantage dans le cadre de cette chronique... Faites donc l'acquisition du livre, car ne serait-ce que pour cette partie centrale, il vaut largement son prix de vente.

Du reste, si les autres dossiers abordés le sont de façon plus concise, leur traitement respectif s'étalant sur un nombre de pages plus modeste, ils n'en sont pas moins captivants. Nous allons ainsi revisiter successivement quatre autres affaires tout aussi obscures que sulfureuses.

Tout d'abord celle que l'on désigne sous le nom des possédées de Loudun, curieuse histoire de nonnes subitement victimes d'envoûtement démoniaque dans la première moitié du XVIIème siècle, et dont on rendit alors responsable Urbain Grandier, prêtre local aux moeurs quelque peu dissolues. L'affaire prit rapidement des proportions telles que l'intéressé ne tarda point à la payer de sa vie. Mais que reprochait-on véritablement à ce curé atypique ? D'être un suppôt du Diable se livrant à des pratiques impies, ou bien plutôt de faire obstacle aux projets de personnages haut placés ?...

On se penchera ensuite sur le cas, tout aussi pathologique que pathétique, du "Vampire de Montparnasse", acteur tourmenté d'une sordide affaire de nécrophilie, vers le milieu du XIXème siècle. Des actes obéissant en fait à d'irrépressibles impulsions, induites par ses obsessions morbides et une perversion maladive, relevant de la psychiatrie.

On reviendra sur l'histoire littéralement hallucinante -et pour le moins déroutante- de ces deux Anglaises qui, au cours de l'été 1901, affirmèrent avoir vécu une véritable expérience d'incursion temporelle dans les jardins du château de Versailles, dans les parages du petit Trianon. Se sont-elles vues véritablement projetées, subitement, en pleine fin du XVIIIème siècle en ces mêmes lieux ? Ont-elles vraiment vu des êtres d'un autre temps ? Ne furent-elles finalement que deux affabulatrices, ou bien y a-t-il au contraire certains éléments permettant d'accréditer leurs dires, ou tout au moins d'attester leur bonne foi ?...

Enfin, on évoquera et on analysera avec pertinence le phénomène  inquiétant de la combustion spontanée, lequel repose sur des faits incontestablement avérés, mais qui demeure à ce jour une énigme insoluble, aucune tentative d'explication un tant soit peu rationnelle, pas même scientifique, ne tenant jusqu'à présent la route. Comme on pourra le constater à la lecture de ce dossier, les talibans du rationalisme cartésien comme les sceptiques professionnels, face à ces faits inexpliqués, en sont donc toujours pour leurs frais.

L'univers n'est-il pas empli de choses que nous ne savons pas (encore ?) expliquer, ou dont nous ne soupçonnons même pas l'existence ?    L'ampleur de l'ignorance humaine ne devrait-elle pas, pour peu que l'on en prenne conscience, relativiser nos certitudes prétendument acquises, nous inviter à la prudence, et nous inspirer davantage d'humilité ? Ce qu'il faut en tout cas -et avant tout-  retenir des cinq histoires vraies dont traite cet excellent livre, certaines se voyant démystifiées à l'aune d'une approche rationnelle, tandis que d'autres voient au contraire s'épaissir le brouillard de leur singularité,  c'est que  la réalité crue peut quelquefois s'avérer au moins aussi extraordinaire que les fantasmes nés de l'imaginaire et des superstitions, si ce n'est plus encore.

J'ajouterai pour conclure que l'ensemble de l'ouvrage  jouit d'un style d'écriture particulièrement fluide qui en rend la lecture tout aussi agréable dans sa forme que passionnante sur le fond. On aurait donc grand tort de passer à côté d'un livre qui, de par sa grande qualité générale, mérite vraiment de faire date dans le domaine qui est le sien. Les passionnés comme les simples curieux désireux d'en savoir plus sur ces étrangetés peuvent donc se jeter dessus les yeux fermés. Car ils ne le regretteront pas, cela ne fait pas le moindre doute.

Hans Cany

 

 

 

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Quatrième de couverture :

Sous le règne de Louis XV, en 1764, une créature inconnue sème

la terreur dans la province du Gévaudan, entre Cantal et Cévennes.

Des centaines de paysans, le plus souvent de jeunes bergères, sont

dévorés ou mutilés. Avant de disparaître dans la forêt qui recouvre

cette contrée, la Bestia, comme on l'appelle déjà, emporte parfois un

bras, une jambe ou même... une tête.

Les descriptions livrées par les rares survivants varient, sauf sur un

point : le fauve, énorme et terrifiant, était dressé sur ses pattes arrière.

S'agit-il d'un loup ? D'une hyène ? D'un véritable monstre... voire

de plusieurs ? À Versailles, le roi s'exaspère : la Bête du Gévaudan fait

de l'armée française la risée de l'Europe... Trois ans de traque seront

pourtant nécessaires pour faire cesser ses attaques.

L'Histoire fourmille d'énigmes dont la clé n'est pas à portée de clic.

Et les faits ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent être.

Urbain Grandier, curé de Loudun, brûlé vif en 1634 pour sorcellerie,

était-il coupable ? L'être maléfique qui, en 1849, déterrait les cadavres

dans les cimetières parisiens était-il un vampire ? Les deux Anglaises

qui, en 1901, juraient avoir vu Marie-Antoinette dans les jardins de

Trianon étaient-elles saines d'esprit ? Aura-t-on un jour l'explication

des «combustions humaines spontanées» qui défraient la chronique

depuis... le XVIIIe siècle ?

Ce livre rassemble cinq grands dossiers de la France mystérieuse.
Sur
chacun d'eux, Jean-Claude Bourret nous livre son intime conviction.

 

 

 

Titre : La Bête du Gévaudan et autres histoires vraies
Auteur :
Jean-Claude Bourret
ISBN / EAN : 978-2-8098-1848-2 / 9782809818482
Date de parution :
13 avril 2016
Editeur :
L'Archipel
Format :
23cm X 14cm
Pages :
286

Prix : 19,00€

 

 

 

 

Une reconstitution grandeur nature supposée de la fameuse bête du Gévaudan (11 avril 2016 à Paris)

© Elliott Verdier / AFP

 

 

 

22/10/2018

HALLOWEEN / SAMHAIN / SAMONIOS, expression de la Tradition païenne d'Europe

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hans cany,identité & racines

A en croire les plus virulents détracteurs d'Halloween, cette fête mercantile et d'origine états-unienne n'aurait strictement rien à faire chez nous autres, Européens sans ascendance anglo-saxonne.
Au mieux, elle se voit réduite à une dérisoire festivité enfantine au cours de laquelle des marmots grimés font du porte à porte pour quémander des bonbons, à une simple soirée déguisée sur fond d'imagerie macabre d'un goût  douteux. Au pire, on dénonce en elle une méprisable manifestation de l'impérialisme culturel yankee, voire même l'expression d'une inquiétante recrudescence de subversion satanique, dont le but caché mais évident serait d'annihiler et de remplacer notre traditionnelle et très chrétienne Toussaint...

Compte tenu de l'ineptie des fantasmes ambiants et de la confusion régnante, à l'intention des Hilotes et des Béotiens, et afin de rappeler à tout un chacun ce qu'il en est véritablement, il apparait important de remettre certaines pendules à l'heure.


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HALLOWEEN : qu'est-ce donc, au juste ? Il convient en tout premier lieu de faire justice d'une certaine idée reçue.
Nonobstant un préjugé hélas fort répandu, il ne s'agit nullement d'une fête carnavalesque américaine, ni d'une mascarade commerciale de création récente.

Ce sont en réalité les migrants originaires des îles britanniques (Anglais, mais surtout Irlandais, Gallois et Ecossais) qui l'ont exportée aux USA entre le XVIIème et le XIXème siècles, et c'est donc par cette voie qu'elle nous revient aujourd'hui en Europe continentale.

C'est dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, mais aussi pendant une bonne dizaine de jours avant et après cette date, qu'était célébrée dans une grande partie de l'Europe une fête païenne majeure baptisée Hallowe'en dans la Tradition germano-celtique du monde anglo-saxon, et correspondant à la Samain/Samhain des Celtes. Contrairement à une croyance tenace, cette fête n'est pas non plus que l'apanage de l'Irlande et de la Grande Bretagne, puisqu'elle était également célébrée chez les Celtes continentaux et notamment en Gaule, sous le nom de Samonios.

Halloween/Sam(h)ain/Samonios, correspond originellement aux festivités qui marquaient la célébration du nouvel an celtique. Halloween est également l'héritière d'une fête équivalente dans la tradition germano-nordique, et c'est en ce sens qu'elle constitue un des nombreux points de convergence entre les deux mondes culturels et civilisationnels que sont le monde germanique d'une part, et le monde celtique d'autre part, étroitement apparentés à plus d'un titre.

Cette célébration marque le passage de la partie lumineuse du cycle des saisons à sa partie sombre, partie sombre qui inaugure donc une nouvelle année. Le passage inverse, de la partie obscure à la partie lumineuse, est célébré quant à lui dans la nuit du 30 avril au 1er mai : c'est alors la fête de Cetsamhain/Beltaine dans la Tradition celtique, ou "Nuit de Walpurgis"/Ostara dans la Tradition germanique, qui est en fait l'exacte réplique d'Halloween/Sam(h)ain/samonios, avec les mêmes implications, mais bien évidemment "inversées".

Célébration de l'entrée dans la période la plus sombre de l'année et de la mort symbolique de la Nature, Halloween/Samain, tout comme Beltaine/Walpurgis, constitue une nuit "hors du temps", peuplée de forces obscures et au cours de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Elle est marquée par l'errance de forces impalpables, de créatures ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcier(e)s maléfiques, les spectres, les revenants , les loups-garous, et autres monstres.

Elle est donc aussi la fête des morts et des esprits désincarnés, le Jour des Morts proprement dit se célébrant le 1er novembre, devenu la "Toussaint" sous l'effet de la christianisation. L'Eglise chrétienne a tenté de récupérer cette tradition païenne de la Fête des Morts en la décalant officiellement au 2 novembre, mais les gens continuent de se rendre dans les cimetières le 1er, et non le 2 novembre. Ceci illustre de façon limpide la persistance d'une tradition plurimillénaire fortement enracinée dans l'héritage ancestral européen.

 A toutes celles et tous ceux qui se soucient de rétablir le lien avec leurs véritables racines spirituelles ancestrales, je souhaite donc une excellente célébration de cette nuit exceptionnelle. Il serait infiniment regrettable de la condamner  à  l'oubli, comme de l'abandonner définitivement, vidée de son contenu véritable, aux seules récupérations profanes et commerciales. Halloween est aujourd'hui de retour sur le sol de la vieille Europe. Nous ne devons pas bouder ce grand retour d'une part importante de nous-mêmes, mais bien au contraire nous en réjouir.

Hans CANY

 

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Pour en savoir plus à ce sujet, je vous recommande vivement la lecture
du remarquable "B.A.-BA HALLOWEEN" de Jean-Paul Ronecker
(Editions Pardès)

Une étude magistrale et captivante, fort bien documentée
tout en restant accessible à toutes et à tous.

hans cany,paganisme,identité & racines

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02/07/2014

Jésus-Christ n'a jamais existé (par Emilio Bossi)

Personnage historique ou purement mythologique ? N'en déplaise à ses thuriféraires divers et variés, comme à ses "fans" plus ou moins avoués, l'existence historique du personnage de Joshua Ben Youssef, alias Jésus fils de Joseph, alias Jésus-Christ, est loin d'être sérieusement démontrée.
Certains n'hésitent pas à la contester radicalement, et les arguments sur lesquels ils se fondent sont à priori tout à fait recevables. Et, du reste, est-il simplement permis, aujourd'hui encore, de se poser des questions ?  Doit-on croire aveuglément à la réalité de faits qu'absolument rien ne vient étayer de façon significative, et doit-on pour autant s'interdire de formuler toute objection, toute réflexion, et toute remise en question à ce sujet ?... Le B.A-BA de l'esprit scientifique, de la libre recherche, cela réside dans le fait de savoir prendre du recul, de ne jamais considérer une quelconque "vérité" comme définitivement acquise, et de toujours se réserver la possibilité de remettre en cause les "certitudes" supposément établies, au-delà du passionnel, de l'émotionnel, et des dogmes religieux. En dehors de cela, le retour de l'Inquisition n'est pas loin...
(Hans CANY)

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Emilio Bossi

Jésus-Christ n'a jamais existé

 

 
Aucun historien contemporain n’a parlé de ce personnage. L’histoire n’a conservé sur Jésus-Christ aucun document, aucun témoignage, aucune preuve qui établisse la réalité de sa personne, la vérité de son existence humaine.
 
 
 
Jésus n’a laissé aucun témoignage
 
Lui-même n’a jamais rien écrit (1) A la vérité, Socrate non plus n’a rien écrit, s’étant contenté du seul enseignement oral. Mais entre Socrate et le Christ, il y a trois différences capitales : la première est que Socrate n’enseigna rien qui ne fût rationnel, ou mieux encore, humain, tandis que le Christ, à peu de vérité humaine, mêla beaucoup de fables merveilleuses; la seconde est que Socrate apparaît dans l’histoire uniquement comme un être naturel, tandis que le Christ n’a été et n’est connu que comme un être surnaturel; la troisième est que Socrate eut pour disciples des personnages historiques qui rendent témoignage de son existence,  tels que Xénophon, Aristippe, Euclide, Phédon, Eschine et le divin Platon,  tandis que tous les prétendus disciples du Christ, il n’en est pas un qui nous soit connu autrement que par les documents suspects de l’Église, comme fut connu leur maître. Si donc, du fait que Socrate n’a rien écrit, on ne peut conclure qu’il n’ait jamais existé, la conclusion de la non-existence de Jésus s’impose, au contraire, à titre de présomption, du fait que ce dernier, vivant cinq siècles plus tard, n’a laissé aucune écriture. Il n’existe aucun témoignage écrit sur Jésus, hors des évangiles, qui sont sans autorité Il y a, du reste, mieux à dire. Non seulement le Christ n’a jamais rien écrit lui-même, mais on n’a rien écrit sur son compte. Citerez-vous la Bible ? Elle ne peut nous fournir la preuve que le Christ ait été un personnage réel (2), et même elle nous fournit force preuves contraires; au vrai, elle est d’un bout à l’autre la preuve de la non-existence de Jésus.
 
 
 
Silence étrange de tous les historiens juifs ou païens
 
En dehors de la Bible, aucun auteur profane, parmi tous ceux qui auraient été ses contemporains, ne nous a transmis à son sujet le moindre renseignement. Flavius Josèphe, Tacite, Suétone et Pline font tout juste mention du Christ. Mais les textes des deux premiers ont été interpolés et falsifiés; quant aux deux autres, ils n’ont parlé de lui qu’étymologiquement, pour désigner la superstition chrétienne qui lui avait emprunté son nom et la secte attachée à cette superstition. Ces écrivains, d’ailleurs, n’ont pas connu le Christ; ils ne se portent pas garants de son existence; ils ont écrit longtemps après la date à laquelle le Christ aurait vécu, et ils ne parlent que d’après des manifestations passagères qui attesteraient plutôt la non-existence.
 
Ernest Renan, le plus grand des historiens critiques de Jésus, qui a eu le tort de présenter sa Vie de Jésus comme une biographie, alors qu’elle n’est qu’un ingénieux roman, est pourtant obligé de remarquer le silence de l’histoire sur son héros. «Les pays grecs et romains n’entendirent pas parler de lui; son nom ne figure dans les auteurs profanes que cent ans plus tard, et encore d’une façon indirecte, à propos des mouvements séditieux provoqués par sa doctrine ou des persécutions dont ses disciples furent l’objet. Dans le sein même du judaïsme, Jésus ne fit pas une impression bien durable.
 
Philon, mort vers l’an 50, n’a aucun soupçon de lui. Josèphe, né l’an 37, en écrivant sur la fin du siècle, mentionne son exécution en quelques lignes (3), comme un événement d’une importance secondaire (4); dans l’énumération des sectes de son temps, il omet les chrétiens. Juste de Tibériade, historien contemporain de Josèphe, ne prononçait pas le nom de Jésus. La Mishna, d’un autre côté, n’offre aucune trace de l’école nouvelle; les passages des deux Gémares où le fondateur du christianisme est nommé n’ont pas été rédigés avant le quatrième siècle ou le cinquième siècle.» (5)
 
Un auteur juif, Juste de Tibériade, qui avait fait une histoire des Juifs, de Moïse à l’an 50 de l’ère chrétienne, ne prononçait même pas, au dire de Photius, le nom de Jésus. Javénal, qui poursuivit de da satire les superstitions de son temps, parle des Juifs, mais il ne s’occupe pas plus des chrétiens que s’ils n’existaient pas (6) Plutarque, né 50 ans après le Christ, historien minutieux, qui n’aurait certes pas ignoré Jésus-Christ et ses gestes, s’ils s’étaient réellement produits, n’a pas, dans ses nombreux ouvrages, un seul passage qui fasse une allusion quelconque au chef de la secte nouvelle ou à ses disciples.
 
César Cantu, pour qui la foi la plus aveugle, indigne d’un historien, est un voile épais sur les yeux, et qui en vient à tenir pour faits historiques les plus absurdes légendes du christianisme, s’avoue déconcerté par le silence de Plutarque; il dit tristement que «Plutarque demeurait attaché à sa foi aux divinités païennes comme si aucune voix encore n’avait menacé leurs autels... et que, par suite, dans tant d’ouvrages de morale qu’il écrivit, il ne voulut jamais dire un mot des chrétiens.» (7) Sénèque, qui, par ses écrits remplis de ces sentences qui donnèrent corps et vie au christianisme, fit penser qu’il avait été lui-même chrétien ou qu’il avait eu des relations avec des disciples du Christ, dans son livre sur les Superstitions, perdu ou détruit, mais que saint Augustin nous a fait connaître, ne dit pas un mot du Christ et, quand il parle des chrétiens déjà répandus en diverses parties de la terre, il ne les distingue pas des Juifs, qu’il appelle une nation abominable (Cool
 
Mais c’est surtout le silence de Philon sur Jésus qui a une importance décisive. Philon, qui avait déjà 25 ou 30 ans lorsque Jésus aurait du naître et qui mourut plusieurs années après la date à laquelle ce dernier aurait dû mourir, ne sait rien et ne dit jamais rien de Jésus-Christ. C’était un homme docte, qui s’occupa spécialement de religion et de philosophie. Il n’aurait assurément pas négligé de citer Jésus, qui était de son pays et de sa race, si Jésus avait paru sur la terre et s’il avait accompli une si grande révolution dans l’histoire de l’esprit humain. Une circonstance singulière rend encore plus significatif le silence de Philon : c’est que tout l’enseignement de Philon peut se dire chrétien, à ce point que Havet n’a pas hésité à l’appeler «un vrai père de l’Église.» Philon, en effet, s’efforça d’unir le judaïsme et l’hellénisme, en interprétant habilement les parties les moins nobles de l’Ancien Testament par la distinction du sens littéral et du sens allégorique, et en pénétrant la religion juive du mysticisme des néoplatoniciens alexandrins. C’est ainsi qu’il constitua une doctrine platonicienne du Verbe ou Logos, qui a beaucoup d’affinité avec celle du quatrième Évangile et, dans cet évangile, le Logos c’est précisément le Christ. N’est-ce pas là une circonstance révélatrice ? Philon vit dans le temps où l’on a placé l’existence du Christ; il est déjà célèbre avant que le Christ naisse; il meurt plusieurs années après le Christ; il accomplit, à l’égard du judaïsme, la même transformation, la même hellénisation, la même platonisation qui fut l’œuvre des Évangiles, et spécialement du quatrième; il parle du Logos ou du Verbe exactement comme le quatrième Évangile; et pourtant, il ne nomme pas une seule fois le Christ ! Jamais, dans aucun de ses ouvrages !
 
 
N’y a-t-il pas là la preuve que Jésus-Christ ne fut pas un personnage historique et réel, mais une création mythologique et métaphysique, à laquelle contribua plus que tous Philon lui-même, qui écrivit comme un chrétien sans rien savoir encore de ce nom de chrétien, qui parla du Verbe sans connaître le Christ, et qui enseigna une doctrine identique à celle que l’on a attribuée au Christ sans même soupçonner l’existence du Christ ? Si Philon a pu parler du Verbe et écrire comme un chrétien avant le Christ, n’est-ce pas la démonstration que le christianisme se produit sans le Christ, par les oeuvres précisément de ce même Philon, qui ne dit pas un seul mot de la personnalité humaine, de l’existence matérielle et historique de Jésus-Christ ? Non, Jésus n’a pas existé, car, s’il avait existé, Philon n’aurait pas pu ne pas parler de lui.
 
Philon, le Platon juif-alexandrin, contemporain du Christ, cite tous les événements et tous les grands personnages de son temps et de son pays, sans même oublier Pilate; il connaît et décrit avec force détails la secte des Esséniens, qui vivaient aux environs de Jérusalem et sur les rives du Jourdain; sous le règne de Caligula, il fut envoyé à Rome pour défendre les Juifs, et cela fait supposer en lui une connaissance exacte des choses et des hommes de sa nation; immanquablement, si Jésus avait réellement existé, il aurait été obligé d’en faire au moins mention. Silence de Philon - Le silence de tous les historiens ne peut s’expliquer que par la non-existence de Jésus.
 
 
 
Ce silence de tous les écrivains contemporains sur Jésus-Christ n’a pas été pris, jusqu’à présent, en considération autant qu’il conviendrait pour l’arrêt de la vérité historique (9) Même les écrivains d’esprit libre ont passé avec trop de hâte et de légèreté sur cette constatation. J. Salvador (10) explique facilement (c’est son mot) un tel silence, par ce fait que le fils de Marie ne laissa à Jérusalem que de faibles traces; Stefanoni (11), pour pouvoir l’expliquer, réduit la naissance et la vie de Jésus à de si mesquines proportions que ce n’est plus qu’un évènement très vulgaire. Ces explications sont trop inadéquates. Nous ne connaissons qu’un seul Jésus, celui des Évangiles et des Actes des Apôtres. Or, non seulement ce personnage n’aurait pas laissé à Jérusalem d’aussi «faibles traces» que le prétend Salvador; non seulement sa vie n’aurait pas été réduites aux «mesquines proportions» que suppose Stefanoni; mais, tout au contraire, la vie du Christ, à en croire la Bible, se serait déroulée avec un retentissement si extraordinaire que jamais aucune vie humaine n’en aurait eu de semblable.
 
La personnalité du Christ aurait donné lieu à des tumultes publics, à une arrestation, à un procès, à un drame judiciaire suivi d’une mort tragique; elle aurait accompli tant et de tels prodiges, et si merveilleux ¾ visite des anges, apparitions d’étoile qui marchent pour indiquer le lieu de sa naissance aux rois qui viennent d’Asie lui apporter leurs hommages, massacre des innocents dispute avec les docteurs à l’âge de douze ans, multiplication des pains, changement de l’eau en vin, guérison des malades, résurrection des morts, domination des éléments et des ténèbres, tremblement de terre à la suite de sa mort, et sa propre résurrection, tant et tant que les plus indifférents auraient été forcés de s’en émouvoir, que l’univers entier, sur l’heure, en aurait eu immanquablement connaissance, et que la curiosité des chroniqueurs, des annalistes, des historiographes n’aurait pas pu ne pas s’y intéresser.
 
Quand il s’agit d’un tel personnage et de tels événements, le silence de l’histoire est absolument inexplicable, invraisemblable, déconcertant. Et c’est ce que M. Auguste Dide a remarqué avec raison : «Une pareille ignorance, une inattention aussi dédaigneuse, déjà bien inexplicable s’il s’agissait seulement d’une manifestation historique ayant abouti à des tumultes, à des troubles violents, à une arrestation, à un drame judiciaire suivi de mort, devient (si on croit à la vérité des apologies évangéliques) tout à fait invraisemblable et stupéfiante. Car elle s’appliquerait aux faits les plus prodigieux, à des événements non seulement dignes de la curiosité et des commentaires des annalistes, mais qui devaient préoccuper l’intelligence et la conscience des spectateurs les plus indifférents et les plus distraits par nature... Et nul n’en sait rien? Pas un mot chez l’historien juif contemporain, Flavius Josèphe qui raconte les plus menus détails de l’histoire de ce temps-là; pas un mot dans Tacite, dans Suétone, dans les historiens grecs ou latins !» (12)
 
C’est pourquoi l’on ne peut moins faire que de conclure qu’un tel silence constitue une grave présomption contre l’existence historique de Jésus-Christ.
 
D’autres éléments, d’ailleurs, permettent de dire que, si l’inexistence du Christ peut seule expliquer le silence de l’histoire à l’égard de ce personnage, le silence du l’histoire à son tour démontre son inexistence. Le même silence de l’histoire se constate relativement aux apôtres. Nous n’avons, en ce qui les concerne, d’autres documents que ceux qui viennent de l’Église, qui, par là même, sont dépourvus de toute valeur probative, et qui nous les font connaître non comme des hommes naturels, mais comme des êtres surnaturels ou du moins, comme des thaumaturges, ¾ ce qui est à peu près la même chose. Les seuls faits historiques qui soient attribués aux apôtres ¾ le voyage de saint Pierre à Rome, sa dispute avec Simon le Magicien, la rencontre de saint Pierre avec Jésus et le fameux Quo vadis, Domine ? la mort de saint Pierre ¾ ne se trouvent racontés que dans les livres déclarés apocryphes par l’Église elle-même. On peut faire la même observation pour Joseph et Marie, les parents de Jésus, pour ses frères et toute sa famille. Ce sont là des circonstances qui donnent plus de signification au silence de l’histoire à l’égard de Jésus.

 
Emilio BOSSI
(Traduction en français par l’ex-Abbé défroqué Victor Charbonnel, 1926)
 

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NOTES :
 
(1) La prétendue lettre de Jésus au roi Abgar est une fraude pieuse; cela est démontré. Origène et saint Augustin la répudient nettement, et ils déclarent que le Christ n’a rien écrit. Du reste, l’Église elle-même le reconnaît, puisqu’elle n’a pas mis cette lettre au premier rang des documents canoniques, et elle aurait eu un intérêt capital à le faire si une telle pièce avait présenté quelque caractère d’authenticité. On peut dire la même chose des dernières lettres de Pilate à Tibère. (NOTE DE L’AUTEUR) ¾ Ajoutons que cette fabrication de documents par les chrétiens, ces «fraudes pieuses», prouvent le manque de documents authentiques. S’il y en avait eu de vrais, on n’aurait pas eu besoin d’en faire de faux. (NOTE DU TRADUCTEUR)
 
(2) M. Ch. Guignebert, chargé du cours d’histoire des religions à la Sorbonne, dit : «Tout le monde ou à peu près, avoue aujourd’hui que nos Évangiles ne sont pas des histoires de Jésus et de ses premiers disciples, mais seulement des biographies édifiantes, où les épisodes sont choisis et arbitrairement disposés pour encadrer des enseignements. On admet généralement que chacun des trois évangiles a eu son but particulier, en vue duquel il a organisé sa narration.» (Manuel d’Histoire ancienne du Christianisme, p. 40) Ce sont là des dispositions bien peu compatibles avec la véracité de l’historien; - et le même savant professeur dit encore : «Le christianisme rapporte son origine à Jésus-Christ. La tradition orthodoxe prétend posséder son histoire humaine dans les Évangiles, mais nous savons qu’ils ne nous ont conservé que des témoignages lointains, indirects, souvent contradictoires, toujours arbitrairement ordonnés, tout à fait étrangers au souci de la prédiction et de la vérité objective... on a pu très sérieusement se demander si tout ce que nous savons de Jésus n’était pas légendaire, si son existence même ne devait pas être rejetée parmi les mythes.» (Man. d’Hist. anc. du Christianisme, pp. 156-157.) - M. Guignebert, il est vrai, admet encore l’existence de Jésus, mais il constate que les études critiques sur les affirmations évangélistes sont d’autant plus négatives dans leurs conclusions qu’elles sont scientifiquement conduites (p. 156.) (NOTE DU TRADUCTEUR)
 
(3) Renan ici ajoute une note pour avertir que le passage de Josèphe a été altéré par une main chrétienne. Pourquoi seulement altéré ? Il a été INTERPOLE. (NOTE DE L’AUTEUR)
 
(4) Josèphe était un historien juif, né en l’an 37 (donc quatre ans après la mort prétendue de Jésus) Il a laissé un ouvrage appelé : Antiquités judaïques. Au livre XVIII, chapitre III, de ces Antiquités, on trouve le passage suivant : «Dans ce même temps naquit Jésus, homme sage, si toutefois on peut l’appeler un homme, car il accomplit des oeuvres admirables, enseignant à ceux qui l’aimaient à s’inspirer de la vérité. Non seulement il fut suivi par beaucoup de Juifs, mais aussi par les Grecs. C’était le Christ. Les principaux de notre nation l’ayant accusé devant Pilate, celui-ci le fit crucifier. Ses partisans ne l’abandonnèrent pas après sa mort. Vivant et ressuscité, il leur apparut le troisième jour, comme les saints prophètes l’avaient annoncé, pour faire mille autres choses miraculeuses. La société des chrétiens qui subsiste encore aujourd’hui a reçu de lui son nom.» ¾ Tel est le seul passage profane en faveur de Jésus. Or, est-ce là ce qu’aurait écrit un historien juif, tel que le juif Josèphe ? Non, un juif n’aurait pu tenir un pareil langage qui fait de Jésus un Dieu, et un Dieu ressuscité. C’est un chrétien qui a rédigé ce texte et qui l’a introduit, par interpolation ou intercalation, dans une copie de l’ouvrage historique de Josèphe. A l’endroit où il se trouve, ce passage interrompt brusquement la suite du récit de Josèphe. Rien ne l’appelle. On sent que c’est un morceau ajouté après coup. Perdu au milieu d’un chapitre qui raconte les amours d’une dame romaine et un châtiment infligé au peuple de Jérusalem, sans lien aucun avec le contexte; il est considéré comme la critique moderne, non seulement comme altéré, mais comme absolument interpolé. - Le seul texte d’écrivain profane que cite Renan et que l’on puisse citer est donc une pieuse fraude chrétienne. Saint Justin, Tertullien, Origène, saint Cyprien ont souvent cité l’historien Josèphe dans leurs polémiques contre les juifs et les païens. Jamais ils n’ont invoqué à leur avantage ce texte de Josèphe. C’est donc qu’il n’avait pas été intercalé dans les copies qu’avaient en mains ces défenseurs du christianisme et que la fabrication est postérieure. Bien plus, Origène dit expressément que l’historien Josèphe ne reconnaissait pas Jésus pour le Christ (Contre Celse, liv. I, p. 47.) Il n’eût pu le dire, si le passage avait été, de son temps, dans l’œuvre de Josèphe. (NOTE DU TRADUCTEUR)
 
(5) Renan, Vie de Jésus, chap. XXVIII.
 
(6) Stefanoni, Dictionnaire philosophique, au mot «Jésus».
 
(7) César Cantu, Histoire universelle, Ep. VI, 2ème partie.
 
(Cool Ernest Havet, Le Christianisme et ses Origines, t. II, chap. XIV.
 
(9) M. Stéphane Servant, dans une étude de La Revue Intellectuelle (juin 1908), à propos de l’ouvrage du Dr Binet-Sanglé sur la Folie de Jésus, a excellemment noté l’importance de ce silence des historiens sur Jésus, et, surtout en ce que concerne Philon, il dit : «Ce qui paraît tout à fait extraordinaire dans l’énigme de Jésus-Christ, c’est que pas un seul auteur contemporain, pas même un auteur juif, n’en ait dit un mot. Philon, qui vécut en même temps que lui, qui mourut après lui, qui était en relation avec Jérusalem et les pèlerins qui s’y rendaient chaque année pour Pâques, Philon qui décrit les sectes juives; Flavius Josèphe, qui s’étend sur les plus obscures parmi ces dernières, ignorent le Christ. Figurez-vous quelque catholique à la façon de l’abbé Loisy, quelque libre-penseur à la façon de Renan, entreprenant, avec le souci d’exactitude historique, un ouvrage sur les sectes actuelles de l’Église romaine en France et, supposant qu’il existât de nos jours, oubliant de mentionner précisément l’Homme-Dieu. Ajoutez à cela que, suivant l’Évangile, cet Homme-Dieu ne s’est pas glissé obscurément sur la route de l’Histoire, mais y fut accompagné d’un cortège de miracles et d’évènements inouÏs, que le massacre des Innocents, la venue des Rois Mages sont les moindres faits se rapportant à sa naissance pour laquelle le Ciel des annonciateurs et la Terre des rédempteurs furent bouleversés, et tâchez de comprendre. Hors des historiens juifs, même silence. Pas un seul contemporain de Jésus, pas un, n’en a entendu parler : il y a là quelque chose d’inouï. S’il y avait un miracle réel dans la vie réelle de cet homme, le plus miraculeux serait celui d’une pareille omission.»
 
(10) J. Salvador, Jésus-Christ et sa Doctrine, t. I, liv. II.
 
(11) Stefanoni, Dictionnaire philosophique et Histoire critique de la Superstition, vol. II, chap. I.
 
(12) Les tentatives de faire rentrer dans l’histoire, d’arracher aux brouillards de la théologie une personnalité qui, jusqu’à l’âge de trente ans, est absolument inconnue et qui, à partir de cet âge, apparaît au milieu des miracles, tantôt absurdes et tantôt ridicules, est une tentative si difficile qu’on peut, a priori, le déclarer impossible.» (Dide, La fin des religions.) Ernest Havet, dans son grand ouvrage : Le Christianisme et ses Origines, sans aller jusqu’aux conclusions de la critique actuelle sur la non-existence de Jésus, exprime ses doutes. Il dit : «Socrate est une personne réelle, et Jésus est un personnage idéal. Nous connaissons Socrate par Xénophon et Platon, qui l’ont connu; ils écrivent sur lui dans Athènes, pour les Athéniens, au milieu desquels s’est passée sa vie, et ils écrivent au lendemain de sa mort. On verra au contraire que ceux qui nous ont parlé de Jésus ne le connaissent pas et s’adressaient à des hommes qui le connaissaient encore moins; qu’ils ont écrit à plus d’un demi-siècle de distance, dans des pays qui n’étaient pas le sien, en une langue qui n’était pas la sienne. Ils n’ont écrit qu’une légende : Jésus est un personnage historique qui n’a pas d’histoire. J’ai déjà développé ailleurs cet idée et je prie qu’on me permette de me répéter : «Socrate est, comme on dit, percé à jour. Nous connaissons sa figure et son nez retroussé. Nous n’ignorons ni sa femme Xanthippe, ni l’humeur de Xanthippe. Nous le suivons à l’Agora, aux gymnases, à tables, au lit; nous assistons à ses amusements avec ses amis ou à ses disputes avec ses adversaires; nous l’accompagnons dans l’atelier d’un peintre, dans la boutique d’un marchand ou chez la belle Théodote qui pose pour un portrait. Nous l’entendons, pour ainsi dire, toutes les fois qu’il parle et aussi longtemps qu’il parle. Celui qu’on entend causer, celui qu’on voit rire, ne sera jamais un dieu. Je ne sais si Jésus a jamais ri ou causé, car c’était un homme de Lorient; mais ses biographes ne nous le diraient pas ou plutôt il n’a pas de biographie. On ne nous parle pas de son visage; son âge même n’est pas indiqué. Il n’était pas marié sans doute, il a été de ceux qui se font eunuques pour le royaume des cieux; mais on n’a pas seulement pris la peine de nous le marquer en termes exprès. On ne nous dit rien de ses habitudes et du détail de sa vie. On ne nous raconte de lui que des apparitions, on ne recueille de sa bouche que des oracles. Tout le reste demeure dans l’ombre; or, l’ombre et le mystère, c’est précisément ce qui est divin. Si on aperçoit quelque chose de ses passions ou de ses préjugés, c’est autant que ses disciples les partagent et les sanctifient; on n’entrevoit rien de ses faiblesses. En un mot, ceux qui nous racontent Socrate sont des témoins; ceux qui nous parlent de Jésus ne le connaissent pas : ils l’imaginent.»

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10/12/2012

Mise au point à propos du 21 décembre 2012 et d'une certaine "fin du monde"

calendrier-maya.gif

 

A l'approche de la date fatidique, la crédulité et l'ignorance des uns, tout comme l'incrédulité et la désinvolture des autres -souvent tout aussi ignorants que les premiers-, me laissent pantois. Chacun y va de ses petites spéculations chez les uns et de ses pseudo-certitudes chez les autres, certains faisant une surenchère dans le scepticisme et/ou la dérision qui masque mal le doute qu'il gardent secrètement au fond d'eux-mêmes. Et les uns et les autres de parler de choses tout aussi erronées que de "fin du monde" et autres "prophétie des Mayas"...alors que les Mayas n'ont jamais rien affirmé de tel ! La date du solstice d'hiver, le 21 décembre, marque simplement la fin d'un cycle, et l'entrée dans un cycle nouveau, une nouvelle ère. Car à l'instar de nombreuses autres civilisations païennes de par le monde, la conception du temps selon les Mayas, leur façon de le mesurer, n'est point linéaire mais cyclique. Cette fin de cycle peut éventuellement s'accompagner de bouleversements d'essence plus ou moins cataclysmiques...ou pas. En vérité, nul ne le sait vraiment, et les spéculations des uns comme des autres sont tout aussi hasardeuses que présomptueuses. En outre, il faut cesser de se focaliser sur cette fameuse date du 21 décembre, qui n'est que symbolique. Elle ne fait peut-être que marquer le début d'une période de mutation, susceptible de se prolonger plusieurs semaines, plusieurs mois... Il ne se produira probablement rien de notable, le 21. Mais par la suite ? Qui sait, au juste ? Il n'y aura pas matière à ce gausser d'une prétendue "fin du monde" qui n'aura pas eu lieu, au matin du 22 décembre. Nous n'aurons peut-être encore rien vu. Si tant est qu'il y ait quelque chose à voir, à terme. Les sceptiques professionnels, comme les scientistes et les rationalistes forcenés, en la matière, ne font pas davantage preuve de rigueur et d'objectivité que les illuminés à la petite semaine qu'ils se plaisent à railler. La seule certitude que l'on puisse avoir sans le moindre risque de se tromper, c'est que la question est loin de se limiter à ce genre d'interprétations simplistes, et qu'elle se situe bien au-delà de ce type d'enfantillages. Comme le dit l'adage, le véritable sage est celui qui sait qu'il ne sait rien...

Hans CANY

 

 

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30/10/2011

HALLOWEEN / SAMHAIN, expression de la Tradition païenne d'Europe

HALLOWEEN, qu'est-ce que c'est, au juste ?
Simplement une soirée où l'on se
déguise "pour le fun" ?... Une fête pour les gosses ?... A l'intention des hilotes et des béotiens, je vais tenter de résumer à l'extrême ce qu'il en est véritablement.
Parce que pour moi, c'est important.

 

Tout d'abord non, ce n'est PAS une fête américaine, ni une fête "carnavalesque"/commerciale de création récente : ce sont les migrants des îles britanniques (anglais, mais surtout irlandais, gallois et écossais) qui l'ont exportée aux USA entre le XVIIème et le XIXème siècles, et c'est donc par cette voie qu'elle nous revient aujourd'hui en Europe continentale. C'est dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, mais aussi pendant une bonne dizaine de jours avant et après cette date, qu'est célébrée dans une grande partie de l'Europe une fête païenne majeure baptisée "Halloween" dans la Tradition germano-celtique du monde anglo-saxon, et correspondant à la Samain/Samhain des Celtes. Contrairement à une croyance tenace, cette fête n'est pas non plus que l'apanage de l'Irlande et de la Grande Bretagne, puisqu'elle était également célébrée chez les Celtes continentaux et notamment en Gaule, sous le nom de Samonios.

Halloween/Sam(h)ain/Samonios, c'est tout simplement le nouvel an celtique. Halloween est également l'héritier d'une fête équivalente dans la tradition germano-nordique, et c'est en ce sens qu'elle constitue un des nombreux points de convergence entre les deux mondes culturels et civilisationnels que sont le monde germanique d'une part, et le monde celtique d'autre part, étroitement apparentés à plus d'un titre.

Cette célébration marque le passage de la partie lumineuse du cycle des saisons à sa partie sombre, partie sombre qui inaugure donc une nouvelle année (le passage inverse, de la partie obscure à la partie lumineuse, est célébré quant à lui dans la nuit du 30 avril au 1er mai : c'est alors la fête de Cetsamhain/Beltaine dans la Tradition celtique, ou "Nuit de Walpurgis"/Ostara dans la Tradition germanique, qui est en fait l'exacte réplique d'Halloween/Sam(h)ain/samonios, avec les mêmes implications, mais bien évidemment "inversées") .

Célébration de l'entrée dans la période la plus sombre de l'année et de la mort symbolique de la Nature, Halloween/Samain, tout comme Beltaine/Walpurgis, constitue une nuit "hors du temps", peuplée de forces obscures et au cours de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Elle est marquée par l'errance de forces impalpables, de créatures ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcier(e)s maléfiques, les spectres, les revenants , les loups-garous, et autres monstres.

Elle est donc aussi la fête des morts et des esprits désincarnés, le Jour des Morts proprement dit se célébrant le 1er novembre (==> devenu la "Toussaint" des chrétiens. L'Eglise a tenté de récupérer cette tradition païenne de la Fête des Morts en la décalant officiellement au 2 novembre, mais les gens continuent de se rendre dans les cimetières le 1er, et non le 2 novembre : ce qui démontre bien la persistance de cette tradition ancestrale).

 Bref, à toutes celles et tous ceux qui se soucient de rétablir le lien avec leurs véritables racines spirituelles ancestrales, je souhaite donc une excellente célébration de cette nuit exceptionnelle, qu'il serait fort dommage de laisser tomber dans l'oubli, ou d'abandonner, vidée de son contenu véritable, aux seules récupérations profanes et commerciales !

Hans CANY


halloweenSAMHAIN.jpg


Pour en savoir plus à ce sujet, je vous recommande vivement la lecture
du remarquable "B.A.-BA HALLOWEEN" de Jean-Paul Ronecker
(Editions Pardès)

Une étude magistrale et captivante, fort bien documentée
tout en restant accessible à toutes et à tous.

hans cany,paganisme,identité & racines

18/01/2011

Expériences étranges ou paranormales

Avez-vous déjà vécu des expériences que l'on pourrait qualifier de "paranormales" (au sens propre du terme, c'est-à-dire en marge de toute "normalité", et à propos desquelles vous ne sauriez apporter aucune explication rationnelle satisfaisante) ?...

 

Pour ma part, j' ai été témoin de plusieurs faits pour le moins singuliers au cours de ma vie, et je me décide donc aujourd'hui à vous décrire ici trois d'entre eux, parmi ceux qui m'ont le plus marqué. Le caractère pour le moins dérisoire et en apparence absurde de ces incidents, j'en conviens, peut prêter à sourire, mais je puis vous assurer que je ne suis nullement sujet aux hallucinations, que l'on n'a guère l'habitude de m'attribuer le profil d'un individu psychologiquement perturbé, pas plus que de quelconques prédispositions à l'autosuggestion. En outre, j'attire votre attention sur le fait qu'à l'exception d'un seul d'entre eux, je ne suis pas l'unique témoin de ces évènements, et que de tierces personnes pourront attester leur pleine et entière véracité. Mais venons-en donc aux faits, qui en dépit de leur apparente trivialité et de leur absence de caractère spectaculaire ne manqueront pas d'interpeller toutes celles et tous ceux qui portent de l'intérêt à ce type de phénomènes :

 

 

-Le premier de ces incidents a eu lieu dans un quartier périphérique de la ville du Mans. Une nuit très calme, au cours de l'année 1989 ou 1990 (impossible de me souvenir avec précision de la date), je me trouvais seul dans ma chambre, située au premier étage de la maison de mon père, et dont la fenêtre donnait sur le jardin. Parmi les babioles qui encombraient la pièce se trouvait, à même le plancher et au-dessous de la fenêtre, près du mur, une boîte métallique vide de bonbons de type "Quality Street", de forme circulaire et fermée par son couvercle. Alité, je fus subitement tiré de la lecture dans laquelle j'étais plongé par un bruit des plus étranges : de cette boîte théoriquement vide se mirent subitement à émaner de très fortes et furieuses vibrations sonores, comme si un insecte volant de taille imposante, tel qu'un frelon, une très grosse mouche ou un bourdon, s'y trouvait enfermé et cherchait à s'en échapper ! Peu rassuré, je me levai afin d'observer de plus près la source de ce phénomène indésirable. Me penchant à quelques centimètres de la boîte, au point de pouvoir la toucher, j'entendais très distinctement les bourdonnements frénétiques et discontinus de l'insecte, qui se heurtait avec un bruit sec aux parois métalliques du récipient hermétiquement clos. J'eus également la présence d'esprit, pendant que les bruits se produisaient, de vérifier si de quelconques vibrations se transmettant à travers les murs ou le plancher ne pouvaient être à l'origine d'une curieuse illusion auditive. Mais je dus bien vite me rendre à l'évidence : seule une source se trouvant à l'intérieur de la boîte pouvait être à l'origine de ce vacarme insolite. Au bout de plusieurs dizaines de minutes passées à écouter les bourdonnements dont l'intensité ne faiblissait pas, surmontant mon appréhension grandissante mais désirant en avoir le coeur net, je saisis brusquement la boîte circulaire et en ôtai précipitament le couvercle, m'attendant à en voir surgir quelque repoussante bestiole. Tout bruit, toute vibration cessèrent immédiatement. L'intérieur de la boîte était parfaitement, rigoureusement vide. Quelque peu soulagé mais particulièrement décontenancé, je la refermai alors et la reposai par-terre, à sa place, puis décidai d'aller me recoucher. A peine deux minutes s'étaient-elles écoulées que le furieux bourdonnement reprit de plus belle avec une frénésie accrue, de nouveau ponctué par le bruit mat d'un gros insecte heurtant les parois de la boîte ! Cette fois, je perdis quelque peu mon sang-froid, enfouis ma tête sous mon oreiller, et continuai d'écouter plusieurs heures durant, saisi d'une angoisse irrationnelle, le bourdonnement infernal. Ce manège dura ainsi une bonne partie de la nuit, avant de cesser, aussi soudainement qu'il était apparu, au petit matin. Depuis, ce curieux phénomène ne s'est jamais reproduit, et à ce jour, je ne lui ai trouvé aucune explication satisfaisante.

 

 

-Le second de ces incidents s'est produit à Caen, au cours de l'année 1993 ou 1994. Mon amie et moi-même nous trouvions alités, plongés dans la lecture de nos livres de chevet respectifs. Sur le lit étaient également couchés nos deux chats, et près de moi, en guise de guéridon, se trouvait un tabouret sur lequel était placé un bougeoir vide en laiton dont la base circulaire, semblable à une sorte de soucoupe, projetait au plafond son reflet sous les rayons de l'ampoule électrique qui éclairait la pièce, sorte de "tache" lumineuse ronde. Subitement, l'attention d'un des deux chats, puis du second, sembla vivement attirée par quelque chose se situant au-dessus de nos têtes. Manifestement très troublés, les deux animaux paraissaient suivre du regard les déplacements vifs et saccadés de quelque chose se situant en hauteur. Interpelés par leur étrange comportement, mon amie et moi regardâmes dans la direction de ce qui semblait tant les préoccuper, et là, quelle ne fut pas notre surprise en constatant que le reflet du bougeoir, cette tâche de lumière circulaire, se déplaçait au plafond d'un bout à l'autre de la pièce par mouvements rapides, allant et venant en une sorte de ballet insensé ! Pourtant, en jetant des regards insistants sur le bougeoir censé être à l'origine de ce reflet, force fut de constater que lui ne bougeait absolument pas, tandis que la tâche lumineuse, quant à elle, continuait de plus belle ses déplacements endiablés. Ce singulier phénomène se poursuivit sans intermittence pendant une dizaine de minutes, après quoi il cessa brusquement, le reflet se stabilisant aussitôt à son emplacement logique pour ne plus en bouger. A ce jour, là encore, je n'ai jamais trouvé d'explication convaincante à cet étrange incident.

 

 

-Le troisième phénomène s'est produit à Rennes, en 1998 ou 1999, dans l'appartement que mon amie de l'époque et moi-même occupions alors, au cinquième étage d'un immeuble. Je me trouvais assi sur un canapé dans notre salon, devant la TV, tandis que mon amie s'affairait sur notre ordinateur, dans une chambre attenante. C'était le soir, et la nuit était déjà tombée. Les deux pièces disposaient chacune d'une fenêtre donnant sur la rue. A un moment donné, brusquement , mon regard fut attiré vers la fenêtre, à l'extérieur et très près de laquelle je vis furtivement se déplacer une curieuse forme lumineuse d'un bleu vif et de consistance apparemment vaporeuse, qui poursuivit sa trajectoire horizontalement, en ligne droite. Interloqué, je le fus encore plus lorsque mon amie vint me trouver pour me faire part du fait qu'elle aussi venait de remarquer l'étrange phénomène. Ce dernier se reproduit plusieurs années après dans le même appartement, en 2002 ou 2003, et cette fois en présence d'une autre personne. Cette fois, plusieurs formes lumineuses similaires se succédèrent à l'extérieur des fenêtres en l'espace d'une dizaine de minutes. Même consistance vaporeuse et même luminescence, à ceci près qu'elles étaient cette fois-ci de teinte blanchâtre. A noter aussi que dans le même appartement, j'ai eu également l'occasion d'assister à d'autres incidents assez curieux, même si rien ne permet d'affirmer qu'ils soient liés d'une manière ou d'une autre aux formes lumineuses : à plusieurs reprises, sans aucune raison apparente, certains objets inanimés (notamment de banales boîtes en carton) se sont mis subitement à "bondir" sur place. En général, il ne s'agissait que d'un seul petit "bond" sec, lequel ne se reproduisait pas par la suite.

 

 

Bref, voici donc quelques-unes des expériences les plus troublantes qu'il m'ait été donné de vivre jusqu'à présent. Si quelqu'un a connu des expériences analogues à l'un ou l'autre des cas décrits ci-dessus, merci de nous en parler ici : il est toujours intéressant de mettre en parallèle des témoignages différents pour en relever les différences et les similitudes.

 

Hans CANY

 

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Aux origines du LOUP-GAROU

Le terme de "loup-garou" a plongé bien des étymologistes dans la perplexité...
Cependant, je vais résumer la thèse qui, selon moi, est la plus plausible.

Tout d'abord, l'origine du mot "loup", pour sa part, ne fait guère de mystère : il s'agit d'un dérivé de l'ancien français "leu", lui-même provenant du latin "lupus" (==> nom latin du loup : canis lupus).

En revanche, c'est l'origine du mot "garou" qui parait souvent plus obscure. Pourtant, l'évidence s'impose, là aussi.
Le mot est tout simplement d'origine germanique.

L'ancienne racine germanique Wer/War (qui a donné dans l'anglais moderne "Were" et "War") semble avoir signifié "homme" à une époque reculée, non pas homme au sens commun du terme, mais homme avec une notion d'agressivité, de férocité guerrière (d'où l'anglais "War").
Dans certaines branches linguistiques germaniques, le "W" s'est muté en "G", ce qui arrive très fréquemment (pour prendre un exemple très commun, citons le prénom germanique "Wilhelm", qui a donné "Guillaume").

Ainsi, l'association des deux notions d' "homme féroce" et de "loup" a donné naissance à de multiples variantes dans les langues germaniques, pour désigner ce que nous nommons le loup-garou :

Vieux germain (dont anglo-saxon) : Warwulf et Werwulf
Allemand moderne : Werwolf
Flamand/Néerlandais moderne : Weerwolf
Anglais moderne : Werewolf
Francique : Waru-Wulf
Norrois : Varulf, puis Garwall
Vieux normand : Garwarf

Etc etc (il existe beaucoup d'autres variantes)

Or, le vieux français "garou" découle directement des termes norrois et normand de Garwall/Garwarf, dont il est une déformation, et qui signifie à lui seul "Homme-loup".

Ainsi, on peut dire que le terme français de loup-garou est un abus de langage, puisqu'il constitue en quelque sorte un pléonasme : littéralement, il signifie en effet "loup-homme loup" !

Pour l'anecdote, je ne résisterai pas au plaisir de mentionner aussi une autre petite variante linguistique, en rapport direct avec mes propres origines "nordistes".
En Picardie, le terme servant à désigner le loup-garou est "Louéroux", qui existe aussi sous la forme plus ancienne "Leuwarou".
La langue picarde, loin de n'être qu'un vulgaire patois comme on le croit trop souvent, est en fait une véritable langue, une langue d'Oïl tout comme le français à côté duquel elle s'est développée parallèlement, ce qui explique les nombreuses similitudes entre les deux idiomes.
Or, dans ce terme de "Leuwarou", vous pourrez noter que l'on retrouve non seulement "Leu" comme dans le vieux français, mais aussi "Warou", qui s'apparente évidemment à la vieille racine germanique "War/Waru/Wer", comme dans le francique "Waru-Wulf".
Ainsi, même en picard, on retrouve ce fameux pléonasme : "Leuwarou" = "Loup-Homme loup" !


Notons enfin que dans certaines langues celtiques, on trouve aussi d'assez curieuses similitudes.
Dans le vieux gallois, par exemple, "loup-garou" se dit "Guruol" ou "Guorguol", la première syllabe signifiant "homme", la seconde "loup"...

Hans CANY

 

 

Intimement liée au mythe lycanthropique, je ne peux manquer de signaler ici la thèse du "double astral", consciencieusement développée par Claude Lecouteux dans son étude universitaire "Fées, sorcières et loups-garous au Moyen-Âge" , et également abordée dans l'ouvrage d' Adam Douglas "Loup-garou, qui es-tu ?" .

Selon cette thèse, le mythe du loup-garou, d'essence chamanique, se perd véritablement dans la nuit des temps, et est intimement lié à la croyance au "Double".
D'après cette croyance très ancienne et très largement répandue, le monde onirique (celui des rêves), loin de n'être qu'une simple récréation ou divagation de l'esprit, constitue bel et bien une sorte de monde psychique parallèle, une réalité impalpable, dans une autre dimension que celle qui régit nos existences terrestres et concrètes. Dans certaines circonstances, un être humain peut, volontairement ou non, produire durant son sommeil un "double" (astral), lequel peut alors être vu au même moment en un tout autre endroit par des individus éveillés (phénomène de la bilocation). Ce "double" de la personne endormie peut soit revêtir son apparence habituelle, soit revêtir une apparence modifiée. Et ce "double" peut tout aussi bien ne se manifester que visuellement, de manière intangible et évanescente, que se matérialiser de façon plus concrète en certains cas. Ce principe de la projection d' un "double" peut ainsi apporter une explication plausible à nombre d'observation de "monstres" effectuées par des personnes sincères, ayant correctement interprété leurs visions et n'ayant souffert d'aucune forme d'hallucination.



A lire sur ce sujet précis :

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Fées, sorcières et loups-garous... Enchanteurs ou terrifiants, ces êtres mystérieux n'ont cessé de nous fasciner et demeurent encore présents dans nos récits, nos rêves et nos hantises. Mais de quelles croyances sont-ils la survivance ? Claude Lecouteux a décelé, dans les légendes germano-scandinaves et dans maints aspects de la culture européenne, une conception religieuse bien oubliée : l'âme, ou plutôt le Double, peut - sous une forme humaine ou animale - s'échapper du corps pendant le sommeil, la transe ou même le coma, puis réintégrer son enveloppe charnelle. Et si certains subissent, bien malgré eux, cet étrange voyage, d'autres, parfois accusés de sorcellerie, savent le provoquer. Etonnant archéologue de l'âme médiévale, Claude Lecouteux révèle l'origine et l'importance de la croyance au Double, et en saisit les métamorphoses à travers les siècles. Ainsi, loin d'être des fantaisies ou de vagues superstitions, fées, sorcières et loups-garous témoignent d'une vision ancienne - combattue, refoulée, mais cohérente - du monde et de l'au-delà.



SOMMAIRE :

. L'AME HORS DU CORPS
-Le voyage extatique
-Les extatiques païens
-Une singulière conception de l'âme

. LES DEGUISEMENTS DU DOUBLE
-Le double et les fées
-Double et sorcellerie
-La métamorphose, le double, le loup-garou

. VOIR LE DOUBLE
-Autoscopie
-L'ombre, le reflet, l'image



Claude Lecouteux est professeur de littérature et de civilisation du Moyen Age à l'Université de Paris IV-Sorbonne. Il a déjà publié, aux Editions Imago, Fantômes et Revenants au Moyen Age (1986), Les Nains et les Elfes au Moyen Age (1988), Démons et Génies du terroir au Moyen Age (1995), Mélusine et le Chevalier au Cygne (1997), Chasses fantastiques et Cohortes de la nuit au Moyen Age (1999), Histoire des vampires (1999), La Maison et ses Génies (2000), Le Mort aventureux (roman, 2003), Le Livre des grimoires (2002) et Le Livre des talismans et des amulettes (2005).






A lire également, cet excellent ouvrage qui traite de façon plus large des racines chamaniques du mythe lycanthropique :

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Enfin, si vous ne le connaissez pas déjà, un ouvrage de référence incontournable depuis plusieurs décennies, assez facilement trouvable à bas prix chez les bouquinistes ou sur eBay, où il apparait fréquemment :

"LOUPS-GAROUS ET VAMPIRES", de Roland Villeneuve


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HC

 

 

Un petit extrait du Satyricon de Pétrone (premier siècle de l' ère chrétienne). Il s'agit du tout premier texte littéraire faisant clairement allusion au loup-garou. Si l'on excepte bien évidemment le récit antérieur à propos de Lycaon métamorphosé en loup par Zeus, dans la mythologie grecque...
Le narrateur est un affranchi, qui relate une anecdote datant de l'époque où il était encore esclave.
Témoignage sincère rapporté par Pétrone, ou simple fantaisie littéraire, créée de toutes pièces par lui ? On ne le saura hélas jamais.




[LXII] Forte dominus Capuae exierat ad scruta scita expedienda. Nactus ego occasionem persuadeo hospitem nostrum, ut mecum ad quintum miliarium ueniat. Erat autem miles, fortis tanquam Orcus. Apoculamus nos circa gallicinia ; luna lucebat tanquam meridie. Venimus inter monimenta : homo meus coepit ad stelas facere ; sedeo ego cantabundus et stelas numero. Deinde ut respexi ad comitem, ille exuit se et omnia uestimenta secundum uiam posuit. Mihi anima in naso esse ; stabam tanquam mortuus. At ille circumminxit uestimenta sua, et subito lupus factus est. Nolite me iocari putare ; ut mentiar, nullius patrimonium tanti facio. Sed, quod coeperam dicere, postquam lupus factus est, ululare coepit et in siluas fugit. Ego primitus nesciebam ubi essem ; deinde accessi, ut uestimenta eius tollerem : illa autem lapidea facta sunt. Qui mori timore nisi ego ? Gladium tamen strinxi et in tota uia umbras cecidi, donec ad uillam amicae meae peruenirem. In laruam intraui, paene animam ebulliui, sudor mihi per bifurcum uolabat, oculi mortui ; uix unquam refectus sum. Melissa mea mirari coepit, quod tam sero ambularem, et : « Si ante, inquit, uenisses, saltem nobis adiutasses ; lupus enim uillam intrauit et omnia pecora tanquam lanius sanguinem illis misit. Nec tamen derisit, etiamsi fugit ; senius enim noster lancea collum eius traiecit. » Haec ut audiui, operire oculos amplius non potui, sed luce clara Gai nostri domum fugi tanquam copo compilatus ; et postquam ueni in illum locum, in quo lapidea uestimenta erant facta, nihil inueni nisi sanguinem. Vt uero domum ueni, iacebat miles meus in lecto tanquam bouis, et collum illius medicus curabat. Intellexi illum uersipellem esse, nec postea cum illo panem gustare potui, non si me occidisses. Viderint quid de hoc alii exopinissent ; ego si mentior, genios uestros iratos habeam. »

TRADUCTION :

[62] Par bonheur, mon maître était allé à Capoue pour liquider un lot de vieilles hardes. Saisissant l'occasion, je décide un hôte que nous avions à m'accompagner pendant cinq milles. C'était un militaire, fort comme un ogre. Nous nous débinons à la nuit, vers le chant du coq : la lune éclairait comme en plein jour. Nous arrivons entre les tombeaux ; voilà mon homme qui s'écarte du côté des stèles ; moi, je m'assieds en fredonnant un air, et je compte les stèles. Et puis, en me retournant vers mon compagnon, je le vois qui se déshabille et qui dépose tous ses habits sur le bord de la route. J'avais la mort au bout du nez ; je ne remuais pas plus qu'un cadavre. Pour lui, il se mit à pisser autour de ses vêtements, et aussitôt il se changea en loup. Ne croyez pas que je blague : je ne mentirais pas pour tout l'or du monde. Mais, pour en revenir à mon histoire, une fois changé en loup, il pousse un hurlement et s'enfuit dans les bois. Moi, tout d'abord, je ne savais où j'étais ; puis, je m'approchai pour emporter ses habits ; mais ils s'étaient changés en pierre. Si jamais homme dut mourir de frayeur, c'était bien moi. Pourtant, je tirai mon épée, et tout le long de la route j'en frappai les ombres jusqu'au moment où j'arrivai à la ferme de ma maîtresse. Quand j'entrai, j'étais pâle comme un spectre ; j'ai bien failli claquer pour de bon ; la sueur me ruisselait par l'enfourchure ; mes yeux étaient morts, j'ai bien cru ne jamais me remettre. Ma brave Mélissa s'étonna de me voir en route à pareille heure : « Si tu étais venu plus tôt, me dit-elle, au moins tu nous aurais donné un coup de main ; un loup est entré dans la ferme et toutes nos bêtes, il les a saignées comme un boucher. Mais cela lui a coûté cher, bien qu'il ait pu s'échapper : car un de nos esclaves lui a passé sa lance à travers le cou. » Quand j'ai entendu ça, il n'a plus été question pour moi de fermer l'œil, mais sitôt le jour venu, je me sauvai chez notre maître Gaïus, comme un cabaretier qu'on aurait dévalisé. Et arrivé à l'endroit où les vêtements s'étaient changés en pierre, je n'ai plus rien trouvé que du sang. Mais, quand je fus rentré chez nous, le militaire gisait dans son lit, soufflant comme un bœuf, et un médecin lui pansait son cou. J'ai compris que c'était un loup-garou ; et à partir de ce moment, on m'aurait tué plutôt que de me faire manger un bout de pain avec lui. Libre aux autres d'avoir leur opinion là-dessus : mais moi, si je mens, que tous vos Génies me confondent. »
(Alfred Ernout)
Pour preuve que le loup-garou n'a pas toujours et systématiquement été considéré comme une créature maléfique, "LES CHIENS DE DIEU", de Gaël Milin (Editions BRETAGNE, 1993) : une étude portant sur la représentation du Loup-Garou en Occident entre le XIème et le XXème siècles, et qui met tout particulièrement l'accent sur le cas breton :



Comment un même personnage (le loup-garou) peut-il être représenté, selon les documents, selon les époques, comme un bon chevalier aimé de son roi (Bisclavret, Mélion), comme un sorcier anthropophage, ayant passé un pacte avec Satan, et, comme tel, promis au bûcher (XVIe-XVIIe siècles), ou encore comme un « chien de Dieu », luttant héroïquement contre sorcières et sorciers pour récupérer les semences et assurer ainsi la prospérité et d’abondantes récoltes ?
C’est de cette interrogation qu’est né le présent ouvrage qui s’attache à décrire et analyser la réprésentation du loup-garou en Occident du Moyen-Age jusqu’à nos jours.


Cet ouvrage a été rédigé par un littéraire, médiéviste romaniste, lecteur passionné des grands collecteurs bretons du XlXe siècle (Luzel, Sébillot...), travaillant au sein du C.R.B.C., laboratoire du CNRS, fondé par un historien, spécialiste de la Civilisation de la Bretagne (Yves Le Gallo), dirigé par un directeur de recherches en ethnologie de la Bretagne (Donatien Laurent).

La représentation du loup-garou y est analysée dans un esprit pluridisciplinaire, (inspiré de l'histoire des mentalités, mais adapté à la spécificité de chaque corpus), depuis le Moyen Age (et les lais bretons) jusqu'à l'époque moderne (contes oraux, récits de croyances collectés, pour l'essentiel, en Bretagne).



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Les Goths et le trésor du Temple de Jérusalem

Parmi les fabuleux trésors attribués aux Goths, et dont quelques-uns ont été retrouvés, il en est un, en revanche, qui conserve tout son mystère et qui n'a eu de cesse d'alimenter depuis des siècles les plus folles spéculations : je veux bien sûr parler du fameux trésor du Temple de Salomon, qui, de par les aléas de l'Histoire, s'est finalement retrouvé sur le territoire actuel de la France, et pourrait fort bien s'y trouver caché aujourd'hui encore...

Le Temple de Jérusalem, dont le célèbre "Mur des Lamentations" constitue de nos jours l'ultime vestige, fut bâti aux alentours de l'an 960 avant l'ère chrétienne sous l'égide du roi juif Salomon. Erigé selon les instructions d'un symbolisme rigoureux prétendument reçues par Moïse au moment où celui-ci reçut de Yaveh lui-même les "Tables de la Loi", ce temple devint dès lors le lieu de culte le plus sacré du judaïsme, et tout un mobilier sacré y fut déposé.
Outre la mythique "Arche d'Alliance", renfermant les "tables de la Loi", ce mobilier sacré d'une richesse inimaginable comprenait également une pléthore d'objets cultuels extrêmement précieux, la plupart en or massif. Et après l'Arche, les deux objets les plus sacrés entre tous étaient la "Table des pains" ainsi qu'un énorme candélabre à sept branches nommé la Ménorah. La table, sur laquelle étaient posés douze pains azymes symbolisant la sortie d'Egypte des douze tribus d'Israël, était faite de bois d'acacia entièrement recouvert d'or. Quant à la Ménorah, le fameux candélabre, elle était sculptée d'une seule pièce dans l'or pur, et pesait un talent, c'est à dire très exactement 23, 565 kg, ce qui donne une idée de ses dimensions.

A plusieurs reprises, le temple et son trésor furent pillés.

Au VIIème siècle avant l'ère chrétienne, en l'an 626, le prophète Jérémie alla dissimuler l'Arche d'Alliance dans une caverne du mont Nébo, juste avant la déportation des Juifs à Babylone. Elle n'a jamais été retrouvée depuis.

Le roi Nabuchodonosor fit transporter à Babylone tout le reste du trésor, qui fut placé dans le temple de Bélus. Mais en -539, Cyrus, fondateur de l'empire perse, fait à son tour la conquête de Babylone, et restitue ce trésor aux Juifs.
Le Temple de Jérusalem fut reconstruit en -536, et le mobilier sacré y fut donc de nouveau déposé. En dépit de plusieurs autres péripéties, le trésor demeure ensuite à peu près entier pendant plusieurs siècles.

En l'an 70 de l'ère chrétienne, Titus, fils de l'empereur Vespasien, prend Jérusalem et pille de nouveau le Temple, avant que ses soldat n'y mettent le feu et le détruisent.
Une partie de l'énorme butin fut fondue et vendue, au poids de l'or, sur le marché syrien. Mais les pièces les plus précieuses et les plus "spectaculaires", pour leur part, furent ramenées à Rome. Parmi ce butin figure alors la fameuse Ménorah, présentée, entre autres objets emblématiques, lors du triomphe de Titus. L'arc de Titus, à Rome, commémore cet événement, et l'on peut précisément voir sur l'un de ses bas-reliefs une représentation du célèbre candélabre, porté par des soldats romains.

En l'an 410 de l'ère chrétienne, Alaric, roi des Goths, s'empare de Rome, et fait main basse sur les trésors accumulés par les empereurs romains successifs. Il meurt quelques mois plus tard, emporté par une maladie. Son beau-frère et successeur Ataulf établit alors le royaume Wisigoth d'Occitanie, dont Toulouse devient la capitale. C'est là, dans le "Château Narbonnais", situé sur l'emplacement actuel du palais de justice, qu'est alors entreposé le trésor des rois Goths, incluant ce qui a été pris à Rome. Moins d'un siècle plus tard, face à une menace franque se faisant de plus en plus pressante, les rois Wisigoths jugent plus prudent de le transférer à Carcassonne. Outre le mobilier sacré provenant du Temple de Jérusalem, ce trésor comprend alors, parmi d'autres richesses, deux autres objets mythiques : la mystérieuse "Table d'émeraude", ainsi que le "Missorium".

Carcassonne, à l'origine modeste lieu fortifié par les Romains, est alors devenue sous l'égide des Goths une redoutable place forte. En l'an 508, le roi des Francs Clovis (Khlodwig), après avoir battu et tué Alaric II à Vouillé (en 507) et pris Toulouse, essaya en vain d'assiéger Carcassonne, avec la ferme intention de s'emparer du trésor des Wisigoths que la cité abritait. Le roi des Goths d'Italie, Théodoric le Grand, vint alors à la rescousse, et la menace franque fut repoussée. Celui-ci assura ensuite la régence pendant la minorité d'Amalric, fils et successeur désigné d'Alaric II, et, jugeant que le trésor était désormais trop exposé aux convoitises tant qu'il restait à Carcassonne, le fit transférer à Ravenne, en Italie. Mais quelque temps plus tard, Amalric, devenu majeur et roi, se le fit restituer, tandis que le royaume Wisigoth avait étendu sa superficie sur tout le territoire compris entre la Durance et Carcassonne.

C'est à partir de ce moment que se perd mystérieusement la trace du trésor. Même lorsque en 531, Amalric est vaincu par les Francs à Narbonne, ces derniers, qui énumèrent pourtant soigneusement tout ce qui fut pris à cette occasion, n'en font aucune mention. Certes, lorsque le royaume Wisigoth d'Occitanie commença à décliner et à se réduire dangereusement du fait des attaques franques, une partie du trésor gothique fut transférée vers le royaume Wisigoth d'Espagne, qui demeurait alors puissant. Mais lorsque les Arabes s'emparèrent à leur tour de ce royaume Wisigoth d'Espagne et de sa capitale Tolède, leurs chroniqueurs, pas plus que ceux des Francs, ne firent mention de ce trésor dans l'énumération pourtant fort minutieuse du butin qui fut pris...

Il est bien évident que si ledit trésor avait été retrouvé, les chroniqueurs Francs comme Arabes n'auraient pu manquer de le signaler, eux qui poussaient l'exactitude jusqu'à mentionner la moindre pièce, même de piètre valeur. Le destin de ce fabuleux trésor wisigothique demeure donc aujourd'hui encore un mystère alimentant les plus extravagantes conjectures, puisque selon toute vraisemblance, il n'a pu être que dissimulé, pratique dont les Goths était fort coutumiers dès lors que l'approche d'un grand péril se précisait. D'aucuns ont d'ailleurs émis l'hypothèse que le fameux trésor de Rennes-le-Château, dont la découverte serait à l'origine de la subite fortune de l'abbé Saunière entre la fin du XIXème et le début du XXème siècles, pourrait fort bien avoir quelque rapport avec ce trésor, ou du moins avec une partie de ce dernier... D'autres sont persuadés que le Trésor du Temple de Jérusalem, dont la fameuse Ménorah, est en fait secrètement conservé depuis plusieurs siècles au Vatican...
Quoi qu'il en soit, l'énigme demeure entière.

L'étonnant destin de ce trésor très convoité, d'origine sémitique et moyen-orientale, et dont le dernier possesseur connu fut un peuple germanique l'ayant très probablement dissimulé au fin fond de la France méridionale, est en tout cas des plus singuliers.

Hans CANY


La Ménorah représentée sur le bas-relief de l'arc de Titus, à Rome :

Menorah_on_the_reliefs_of_the_Arch_of_Titus_in_Rome.jpg

22:34 Publié dans Histoire, Mystères, mythes, légendes & paranormal | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : hans cany |  Facebook | | | |